mardi 11 novembre 2008

2008 ConnECtion (Ralph Blair)

Un dans quel esprit?

Le discours programme prononcé par le Dr Ralph Blair à la ConnECtion 2008

[Je remercie vivement Théo M. de son aide précieux en relisant et en corrigeant le texte. — F.W., traducteur]

Une nouvelle résidente se présente à deux nouveaux malades d’un service psychiatrique.
— Bonjour, je suis le docteur Brown.
— Moi, je suis Jules César.
— Comment le savez-vous ?
— Dieu me l’a dit.
— Mais non, je n’ai pas dit ça ! proteste l’autre malade.

Certaines personnes sont folles. Elles se prennent pour Dieu. Elles se prennent pour l’autorité ultime sur tout – ce qui est vrai ou faux, ce qui est juste ou injuste. Personne ne peut les contredire. Connaissez-vous quelqu’un d’aussi fou ?

Eh bien, nous sommes tous sujets à un tel aveuglement égocentrique. Nous sommes tous assez fous pour inventer les raisons qui nous conviennent tout en citant nos autorités préférées : moi, moi, encore et toujours moi.

Cette illusion que nous sommes l’autorité ultime faisait un avec l’esprit du moment depuis l’époque d’Adam et Eve. Mais elle n’a jamais été plus vaniteuse et arrogante qu’à l’heure actuelle. Comme le constate Ravi Zacharias : Aujourd’hui, « il n’y pas de contexte transcendant dans lequel discuter. … Tout sens se dissout dans le subjectif, ce qui le met hors de toute discussion ».

Nos parents du jardin d’Éden hésitèrent un peu avant de céder au démon de l’aveuglement. Mais de nos jours, les gens n’hésitent pas à faire des déclarations dont l’autorité est incontestée alors que des suppositions de l’autonomie passent inaperçues. Insistant sur l’idée que « la vérité » n’est qu’un jeu de pouvoir, une construction de l’intérêt personnel, ils déclarent qu’il n’existe pas de Vérité avec une majuscule. Mais ils présument que cette affirmation est Vraie avec une majuscule. Coincés dans une autonomie improvisée, ils ne voient pas à quel point ils sont isolés de la réalité.

Ils croient qu’on construit la réalité elle-même – sans un Créateur avec une majuscule. Ils présument que la platitude de Carl Sagan est vrai : Le cosmos est « tout ce qui existe, a jamais existé et existera ». Ce n’est pas de la poésie, comme le prétendit le producteur de Sagan. Voilà la supposition arrogante de l’apologétique athée. C’est une affectation qui devient plus véhémente voire hystérique. D’un point de vue psychologique, c’est peut-être une question de réaction-formation, car comme C. S. Lewis s’est rappelé : « Quand j’étais athée, il y avait des moments où le christianisme me semblait affreusement probable ».

Par exemple, si c’est vrai qu’être votre propre avocat signifie que vous avez un idiot comme client et si c’est vrai qu’être votre propre neurochirurgien signifie que vous aurez un cadavre comme patient, alors, être votre propre meilleur ami signifie que vous aurez une relation avec un ermite et être votre propre dieu signifie que vous aurez le carcasse d’un saligaud rôdant autour de vous pour toujours.

Pour essayer de savoir quelque chose, il faut un point de départ. Mais on peut manquer de remarquer son point de départ, vu que tout le monde commence avec ce qui est considéré comme acquis. On commence avec des prédispositions à peine entraperçues, avec des présuppositions non prouvables. La méthode empirique ne peut pas se prouver elle-même. Voyez-vous, tout le monde vit par la foi. Une ‘preuve’ contre Dieu n’est pas une preuve. Un dieu dont l’existence peut être démontrée n’est pas Dieu. Si l’on accepte seulement ce que les sciences peuvent savoir de l’existence sans pouvoir connaître la Cause de l’existence, tout en rejetant la possibilité que la Cause de l’existence parle au moyen des sciences et des Écritures, on se fait piéger dans un égocentrisme trompeur.

Pourtant, il n’y a pas d’excuse. Paul savait qu’il y a suffisamment de preuves montrant que nous sommes totalement dérivés et complètement dépendants. (cf. Rom 1) Nous ne sommes pas venus ici par nos propres moyens et nous ne sommes pas tout seuls. Au plus profond de notre création à l’image de Dieu et dans toute la création qui nous entoure, nous pouvons deviner qu’il existe un ‘Quelqu’un’ que nous ne sommes pas.

Richard Dawkins, un célèbre athée, admet avec réticence que l’univers entier conspire en vue de nous inspirer à voir un dieu derrière tout. Mais, sur la défensive, il insiste qu’il faut résister à cette « tentation ». Les anthropologues, les plus athées parmi les universitaires, trouvent ce sens religieux dans tous les peuples. Non seulement nous sommes Homo sapiens – ceux qui sont sages, mais nous sommes Homo religiosus – ceux qui sont religieux. L’histoire de chaque culture a ses dieux. Même le bouddhisme, une religion sans dieux, était une réaction contre les dieux de l’hindouisme. Et l’athéisme n’est qu’un parasite du théisme.

Voilà l’observation du philosophe Charles Taylor, lauréat récent du prix Templeton : « Le sens qu’il existe quelque chose de plus nous cerne. … [et] notre âge est très loin de s’installer dans une incroyance confortable. … le mécontentement continue à remonter à la surface ». Il pose cette question rhétorique : « Pourrait-il en être autrement ? »

L’autorévélation de Dieu nous prévient et nous prémunit contre tout aveuglement égocentrique. Pourtant, nous remplaçons bêtement Dieu, Lui-même, par notre propre dieu, nous-mêmes. Donc, c’est notre soi-disant autosuffisance qui nous aveugle.

Que les gens soient des athées-en-pratique ou des athées avec des opinions minutieusement dogmatiques, ils sont des ‘je-sais-tout’ qui nient ce que seul Celui qui vraiment sait tout peut savoir. Les sages hébreux reconnurent l’idiotie d’une telle autosuffisance présumée. Ils virent que seuls les sots refusent de reconnaître Dieu. Mais les sots de nos jours refusent de reconnaître Dieu et se disent « doués ». Réprimant le sens de Dieu donné par Dieu, ils supposent qu’ils sont eux-mêmes les seuls dieux dont ils ont besoin ou auront jamais besoin. Ou bien, ne se souciant même pas de répondre « Non ! » à Dieu, leur indifférence témoigne de leur refus. Mais chaque refus de Dieu est un échec. Ils continuent donc à ramper devant des « dieux » qu’ils ne peuvent que créer de et pour eux-mêmes. Mais aucune tentative de réduire Dieu à néant ne réussit. Et toute tentative de ce genre réduit à néant celui qui l’essaie.

Dans Romains 1, Paul raconte la tragédie de ceux qui échangent la gloire du Dieu incorruptible contre des imitations de créatures corruptibles. Ils échangent la Trinité contre des babioles d’intérêt personnel aveuglé. Quels sots !

Nous les chrétiens pouvons être, nous aussi, de tels sots, échangeant la vraie vérité de Romains 1 contre une interprétation mesquine du texte condamnant l’amour homosexuel. Mais nous sommes tous coupables – voilà le point essentiel de Paul. Nous reproduisons nos bêtes noires dans les Écritures, projetant nos images : un « Jésus » qui est gay ou KKK. Comme le constate Will Willimon, un évêque méthodiste : Même « la plupart de la prédication ‘évangélique’ est un effort pour tirer les gens plus profondément dans leur subjectivité plutôt qu’essayer de les en sauver ». Il affirme que nous avons besoin d’« une parole externe ». Nous en avons une dans la Parole de Dieu.

Les Écritures déclare que les faux enseignants flattent tous ceux qui veulent entendre des flatteries. (2 Tim 4:3-4) Jésus nous avertit : « Faites bien attention que personne ne vous induise en erreur. Car plusieurs viendront sous mon nom … et ils tromperont beaucoup de gens ». (Matt 24:4,11) Eh bien, les voici – employant le nom de Jésus pour mettre l’accent sur des préoccupations LGBT – « ex-gay » ou « pro-gay », peu importe.

Paul avertit que nous nous trompons nous-mêmes quand nous ne tenons pas compte de ce qui plaît à Dieu et ne comptons que sur ce qui nous plaît. (Gal 6:7-8) Si nous ne comptons que sur ce qui nous plaît, nous ne compterons que sur nous-mêmes.

Un des frères du Seigneur avertit que nous pouvons nous tromper nous-mêmes si nous entendons la Parole de Dieu sans y conformer nos actes. Jacques compara cet aveuglement avec l’homme qui s’observe dans un miroir d’autocritique. Les miroirs d’autocritique déforment la réalité. Dans le miroir tout est à l’envers. Dans un miroir nous ne voyons que ce que nous y apportons. Les images sont des projections de nos propres versions de nous-mêmes et de tout autre. Ainsi, après avoir aperçu notre « moi » dans un miroir, nous en allons avec insouciance, n’ayant rien vu d’un autre point de vue. Nous n’avons vu que nos suppositions éculées, nos pensées rebattues, nos sentiments trop familiers et nos rêves trop myopes. Nous titubons, hébétés par le manque de changement, renforcés dans l’égocentrisme qui nous entrave et l’aveuglement qui nous tient captif, encore dans l’obscurité et sans le pouvoir de changer. (Jacques 1:22-24)

Jacques nous exhorte à abandonner notre propre chemin, et à retourner vers le Chemin de Dieu. Il ne s’agit pas de viser trop haut – mais d’être touché par la Parole de Dieu.

Donc, pourquoi rester assis à regarder fixement les miroirs trompeurs de notre propre esprit – ne voyant que les déformations de l’image de soi, de l’identité de soi ? Pourquoi ne pas nous retourner, lever les yeux et voir les choses du point de vue plus large et plus sage de Celui que nous ne cherchions si sottement qu’à l’intérieur de nous-mêmes ?

Pourquoi pas ? Eh bien, dans notre égocentrisme, il est difficile d’identifier nos aveuglements, et d’autant plus difficile d’y échapper. Encore une fois, l’aveuglement fait « un avec l’esprit » d’égocentrisme.

Les querelles parmi les esprits dans la communauté aveuglée ne sont pas entre les « croyants » et les « non croyants ». Ils sont tous croyants. Et ils ont tous la même religion. Derrière toute la rivalité apparente, toute leur « diversité » aveuglée, ils sont tous consacrés – de tout leur cœur, de toute leur âme, de toute leur pensée et de toute leur énergie – à eux-mêmes. Dans leur dévouement délirant, ils essayent tous de faire la même chose, d’échapper à la même Personne. Ils essayent tous d’échapper à Dieu.

Or, certains affirment être « à la recherche de » Dieu, mais comme le constata C. S. Lewis : ils pourraient tout aussi bien parler d’une souris à la recherche d’un chat. Comme l’affirma Helmut Thielicke, le théologien allemand : « Le souhait d’être libéré de Dieu est le désir le plus profond de l’humanité ».

Mais, Dieu merci, alors que nous nous enfuyons de Dieu, Dieu court après nous. Francis Thompson dépeint cela dans son poème magnifique, « Le limier céleste ».

Le but de Dieu quand Il créa le cosmos et nous créa à Son image était de nous serrer dans Ses bras d’amour. Comme le dit Saint Augustin : nous sommes faits pour nous reposer en Dieu et nous errerons sans repos jusqu’à ce que nous nous reposions en Lui.

Dieu créa donc un « accueil cosmique », comme le remarque Tim Keller, fait sur mesure pour notre arrivée. Le cosmologue Paul Davies l’appelle « l’énigme Goldilocks ».

Comme on le lit dans les Actes : « À partir d’un seul sang, Dieu a créé tous les peuples de la terre ». (17:26) En effet, on fait remonter la famille humaine à l’Afrique préhistorique. Les données génétiques montrent que ce ne sont pas seulement la princesse Diana et George W. Bush qui sont parents par le sang. Barack Obama et Dick Cheney sont cousins distants. Laura Bush et John McCain aussi. Et Hillary Clinton et Madonna sont apparentées. Qui le savait ?

Selon les Écritures et la science, nous sommes liés les uns aux autres de plusieurs façons. Dans la Genèse on lit que Dieu insuffla le souffle de vie dans notre poussière et nous devînmes beaucoup plus que la poussière. Citant un de leurs poètes, Paul rappela aux philosophes que nous avons tous « la vie, le mouvement et l’être » en Dieu. Comme l’affirme le physicien Sir Rudolf Peierls : « La prémisse que l’on puisse décrire la fonction entière d’un être humain en termes de la physique, … y compris ses connaissances et sa conscience de soi, est intenable. Il reste encore quelque chose qui manque ».

Ce qui manque dans une explication qui est simplement physique est ce que la Bible appelle notre création à l’image de Dieu. Dieu créa l’humanité d’une telle façon que l’unique communauté humaine puisse être un dans Son Esprit de communauté trinitaire. Notre famille humaine est destinée à être la famille élargie de Dieu.

Mais comment peut-on ne pas remarquer qu’il existe un grave problème avec cette famille élargie ? En plus de notre lien avec Dieu, il y a notre séparation d’avec Dieu. Que nous l’appelions le racisme ou la religion, le viol ou la vertu, ne pouvons-nous pas admettre : « Nous avons tous failli aux intentions de Dieu pour nous » ? (Rom 3:23)

Le dramaturge David Mamet rejette aujourd’hui l’idée libérale, qu’il avait longtemps soutenue, selon laquelle les gens sont foncièrement bons. Il constate qu’on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre : les gens sont foncièrement bons et tout dans le monde est gâté. Il voit que « nous sommes sujets au péché et nous allons pécher, même au service du divin ». Pourtant, pour la plupart des penseurs séculiers et progressistes, parler du péché est peut-être le seul « péché ».

Cependant, en essayant de faire face à nos problèmes en ignorant la vérité, nous souffrons. Juste après la dévastation de la seconde guerre mondiale, Dorothy L. Sayers, l’écrivain anglais, constata le choc et la déception parmi les penseurs séculiers. Elle écrit : « Les gens les plus déçus sont ceux qui se cramponnent à une conviction optimiste sur l’influence civilisatrice du progrès et de l’instruction ». La réalité brutale de la cruauté humaine est « la négation complète de tout ce en quoi ils avaient cru. C’est comme si leur univers s’était effondré autour d’eux ».

Dans le temps qui nous reste, nous allons d’abord voir plusieurs façons dont on est tenté de faire un avec l’esprit du moment – égocentrique et aveuglé – en essayant de façon erronée de réparer ce qui est mal. Puis, nous finirons par examiner la seule façon réaliste dont tous les maux ont déjà été réparés et dont nous sommes unis dans l’Esprit de la Sainteté.

En tant que chrétiens, nous sommes appelés à mettre les esprits à l’épreuve pour voir s’ils viennent de Dieu. Les mots hébreux et grecs pour ‘esprit’ proviennent des termes signifiant ‘souffler’ et ‘vent’. Donc, paraphrasant l’admonestation de Jean de ne pas croire tous les esprits, on pourrait l’exprimer comme suit : « Ne vous laissez pas prendre à chaque vieux gueulard et à chaque nouveau moulin à paroles.* Mettez-les à l’épreuve ! » (1 Jean 4:1)

Mais sans de bons critères pour discerner, comment correctement discerner ? Les critères bibliques portent sur la question de savoir si ce qui est dit et fait correspond à la réalité ou non. Cet esprit-là nous détourne-t-il de Dieu ? Est-il fidèle à Celui qui est la Vérité avec une majuscule ? Vit-il l’amour de Dieu ? (Cf., Deut 13:1-5, 1 Cor 12:3, 1 Jean 4:16)

Bon, les esprits du moment sont-ils prêts pour leur interrogation surprise ?

Un esprit de notre temps, égocentrique et bercé d’illusions, est le matérialisme. Or, la matière est un don de Dieu ; le matérialisme ne l’est pas. Les corps seront ressuscités et le monde tout entier sera sauvé. Mais les trucs frivoles n’existeront plus. Les sweatshirts au prix de 1.000 dollars et les ‘bubble bag’ qui coûtent 3.000 dollars sont peut-être fabriqués de bon tissu, mais à quoi servent-ils ? Les pauvres désirent ardemment les dollars Creflo et la richesse ‘Parole de foi’**, et ils se laissent prendre au ‘Secret’. Et tout ça pour rien.
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* C’est un jeu de mots qui dépend de l’emploi des mots anglais blow (blowhard) et wind (bag of wind) (souffler/gueulard et vent/moulin à paroles) qui est donc intraduisible. [ – Traducteur]
** Creflo Dollar est un prédicateur fondamentaliste américain qui prêche un évangile de ‘santé et richesse’ et qui incite ses adhérents à acheter les ‘Creflo dollars’ qui, selon lui, leur apporteront de la santé et de la richesse. Le ministère ‘Word of Faith’ (Parole de foi) prêche des choses semblables. Ces messages sont très populaires parmi les pauvres, évidemment. [ – Traducteur]
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Jésus considéra le matérialisme comme un « maître » diabolique qui cherche à être servi comme seul Dieu doit l’être. Comme il le dit : « On ne peut servir à la fois Dieu et l’argent ». (Luc 16:13) Paul, lui aussi, considéra le matérialisme comme une idolâtrie, ce qu’il est vraiment. (Col 3:5, Éph 5:5) Aujourd’hui, les millionnaires idolâtrent les milliardaires autant que les masses. Les Britanniques votèrent récemment sur la question de qui leurs enfants devraient révérer. Le milliardaire Richard Branson reçut plus de votes que Jésus.

Pourtant, on justifie l’avarice comme étant « juste un moyen de s’avancer ». Mais l’avarice est la vaine adoration de ce qui n’est pas Dieu. L’avertissement sérieux de Jacques devrait faire taire toute rationalisation de ce genre. Il écrit (et je le paraphrase un peu) : « Écoutez-moi, vous qui êtes riches ! Pleurez et lamentez-vous au sujet des malheurs qui vont fondre sur vous ! Votre Prada est pourri et votre Rolex est rouillé. Entendez-vous cela ? Vous n’avez pas payé leur juste salaire aux ouvriers et cette injustice crie contre vous. Écoutez-moi ! Les clameurs des ouvriers sont parvenus jusqu’aux oreilles du Tout-Puissant. Vous avez mené un grand train de vie fastueux, et à quoi bon ? Vous vous êtes engraissés pour votre enterrement. (5:1-6)

Nous essayons aussi de faire « un avec l’esprit » de célébrité. Mais Angelina, Britney et Christina représentent-elles vraiment les ABC d’importance ? Comme le dit Justin Timberlake : « Le monde est rempli de ceux qui rêvent d’être Madonna, mais il n’y a vraiment qu’une seule Madonna ». N’a-t-il jamais entendu parler de la mère de Jésus* ?
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* En anglais ‘Madonna’ veut dire ‘la madone’.

Si nous ne pouvons pas être les amis de vraies stars, nous essayons d’en être une. Nous regardons dans le vide de MySpace, rêvant d’être une star sur Internet.

Pourtant, les vedettes se cachent derrière des lunettes noires et pestent contre les paparazzi. Qu’est-ce qui se passe ici ? Ne devrions-nous pas voir que l’expérience de célébrité n’est pas tout ce qu’on en dit ? Les stars se plaignent que la célébrité « apporte toujours de la solitude ». (Vicki Baum) Mais on ne les laisse pas tranquilles. Billie Jean King dit que lorsqu’on devient célèbre, on se trouve « entouré des parasites les plus vils ». Elle poursuit : « Si vous ne faites pas attention, vous risquez bientôt de devenir un sale type vous-même ».

Le prince Harry dit que « traîner avec [ses] potes » en Afghanistan était le temps le plus heureux de sa vie ? « Le temps le plus heureux de sa vie », c’était dans une zone de guerre ? « C’est très bien pour une fois d’être une personne normale », dit-il. « Ça fait quatre jours que je ne prends pas une vraie douche ». Exactement comme les paysans normaux en Angleterre !

Cependant, étant donné que la célébrité ne dure pas, certains d’entre vous se demandent qui est Billie Jean King ? Même pendant que la célébrité dure, on s’inquiète de devenir un « has-been ». Et, bien sûr, chaque star finira par devenir un « has-been ». Seuls 42 Américains sont devenus président des États-Unis. Tous devinrent célèbres ! De combien d’entre eux pouvez-vous en citer le nom ?

La célébrité n’est jamais à ce qu’on s’y attendait parce qu’on s’imagine qu’être une star est une pure joie ; cependant, on apprend par expérience que c’est plus complexe. Les illusions de célébrité nous échappent et nous laissent affamés. Après avoir remporté le championnat du monde, Muhammad Ali dit : « Je suis le champion du monde. Je ne me sens pas du tout différent ».

Une autre manifestation de l’esprit omniprésent de notre temps est quand un homme (ou une femme) politique fait des promesses en l’air. Lorsque (Warren) Harding était candidat à l’élection présidentielle, il promit à une nation lasse de guerre qu’il allait « restaurer la normalité » ; au lieu de cela, il apporta la corruption politique. (Eh bien, peut-être est-ce le statu quo dysfonctionnel.) (Herbert) Hoover nous promit « un poulet dans chaque casserole » et ce que nous avons reçu était la Grande Dépression. Le slogan politique de Nixon : « L’expérience compte ». Il gagna une victoire écrasante mais démissionna juste avant d’y être obligé. Et Carter ? Il nous promit : « Pas seulement des cacahuètes ! »

Mais nous ne devrions pas être trop durs envers les « gagnants ». Après tout, les « perdants » – s’ils y avaient réussi – n’auraient pas été à la hauteur de nos fantaisies. Mais ayant perdu, ils peuvent jouer le rôle principal des fantaisies qui ne peuvent pas maintenant être mises à l’épreuve.

Il n’y a qu’un seul Sauveur, et il n’est jamais candidat à l’élection. Les utopistes politiques promettent d’apporter le ciel à la terre. Seul le vrai Sauveur apporte les Cieux à la Terre. Lorsqu’on lui demanda s’il était politiquement optimiste ou pessimiste, l’évêque Lesslie Newbigin répliqua ainsi : « Ni l’un ni l’autre. Jésus-Christ est ressuscité des morts ! » Compris ?

Par contraste avec l’Esprit de Vérité, les esprits du moment passent d’une lubie à une autre. Ils sont démodés presque dès leur apparition. L’esprit du début du 20e siècle est aussi étrange pour nous que le sera l’esprit de la fin du 21e siècle. De nos jours, les générations changent de surnom tous les dix ou quinze ans (les Entrepreneurs, les Boomers, etc.). Les étiquettes d’identité changent avec les idées sur ce qui est politiquement correct, qui sont en constante évolution. Homosexuel ? Non. Homophile ? Non. Gay et lesbienne. Non. GLB. Non. GLBT. Non. LGBT. Non. LGBTQ. Non. Queer. Ne faites pas de fautes ou l’on fera du bruit. [J’ai omis trois phrases qui dépendent d’un jeu de mot intraduisible. – Traducteur]

Un autre esprit égocentrique du moment est une mentalité de victime où l’on rend autrui responsable de ses insuffisances, menaçant constamment d’intenter un procès. Je sais qu’un avocat de New York réclame à Delta Airlines des dommages-intérêts de $1.000.000. Il paraît que pendant qu’il voyageait, utilisant ses miles de fidélité, il a du affronter un retard d’avion, un agent bourru et une correspondance ratée. Il appelle cela « l’expérience la plus scandaleuse de ma vie ! » Si c’est vrai, il est bien chanceux. Monsieur, reconnaissez votre exagération irrationnelle, ravisez-vous, et ayez un voyage agréable !

Au début, une mentalité de victime semble nous permettre d’échapper à nos problèmes. Mais cela mène à la frustration, la colère et le désespoir. Si nous ne pouvons pas aborder nos problèmes tant que d’autres gens n’auront pas cessé de nous persécuter, nous nous enlisons dans le bourbier, et nous sommes à leur merci. Et s’ils sont aussi mauvais que nous le prétendons, ils ne cesseront jamais de nous persécuter. Nous sommes coincés.

Comparable à une mentalité de victime est l’esprit de pharisaïsme. Accablés de dissonance cognitive provenant de plusieurs sens de soi en conflit, on cherche la résolution dans l’hypocrisie d’une attitude pharisaïque plutôt que dans l’humilité de la vertu du Christ. Une telle attitude défensive peut donc attribuer le pire à autrui tout en prétendant être elle-même irréprochable. L’attitude pharisaïque avilit, discrédite et détruit les gens. Les tyrans de gauche et de droite – dont Al Sharpton et Lou Sheldon – persécutent pour propager de la propagande et promouvoir leur soi-disant pureté. Mais c’est seulement en avouant honnêtement son propre péché et en reconnaissant avec gratitude la grâce de Dieu pour tous les pécheurs qu’on sera sauvé de l’attitude pharisaïque et apprendra être humble dans ses relations avec autrui. Tant les croyants que les non-croyants ont besoin de chercher un refuge en chantant : « Je laisse mes troubles et mon orgueil / Je me repose dans tes soins, Seigneur / Je sors de moi-même pour vivre dans ton amour / Jésus, je viens à toi. ».

Chose curieuse, de nos jours, un des esprits de pharisaïsme n’est pas généralement considéré comme pharisaïsme. C’est à cause d’un autre esprit de notre temps : l’esprit d’intolérance antichrétienne. Un exemple récent de cet esprit de pharisaïsme est « Jerry Springer : l’Opéra ». Suite à une longue série de représentations à Londres, la pièce est venue au Carnegie Hall.

Satan vient sur scène et veut que Jerry anime un spectacle sur la résolution de conflits où Jésus demande pardon pour l’expulsion de Satan hors du ciel. Jésus est introduit comme « le fils hypocrite du tyran fasciste au ciel » et vient sur scène, gros et efféminé, en couche de bébé, ayant supplié sa petite amie d’avoir des rapports sexuels avec lui tout en faisant semblant d’être son petit « bébé ». Jésus chante : « Je suis Jésus, fils de l’homme, fils de Marie, fils de Dieu. Alors donc, ne me faites pas chier ». Et alors le chœur chante : « Jésus est gay, Jésus est gay ». Eve vient sur scène, cherchant à obtenir des excuses de Jésus à cause de son expulsion d’Éden. Elle met ses doigts dans la couche de bébé de Jésus et caresse ses organes génitaux. Elle et lui en viennent aux mains. Jerry dit à Jésus : « Oublie la crucifixion » et « Merde ! change de disque, hein ? ». Après avoir cité Martin Luther King, Jr., Jerry crie : « Jésus, grandis un peu, pour l’amour de Dieu. … N’avez-vous pas entendu parler de yin et yang ? … L’énergie, c’est la joie pure. Rien n’est mauvais et rien n’est bon ». Il l’affirme : « J’ai appris que le bien et le mal absolus n’existent pas ». Il finit par dire : « Et en conclusion, allez vous faire f—tre. Allez vous faire f—tre tous ». La pièce finit par la chanson des anges hermaphrodites : « L’énergie, c’est la joie pure. Rien n’est mauvais et rien n’est bon. … Jerry eleison, Jerry eleison, Jerry eleison ».

Saisi d’émotion, Ben Brantley, le critique théâtral ouvertement gay du New York Times, commence ainsi sa critique : « Écoutez chanter l’Amérique … d’une façon dont vous ne l’avez jamais entendu auparavant ». Il appelle la pièce « la grande comédie musicale du début du 21e siècle », se glorifie de sa nature « céleste » et s’extasie sur ce qu’il appelle « une œuvre remarquable [avec de la] musique magnifiquement inventive … somptueuse … brillante … grandiose … une satire exceptionnelle d’audace pure ». Il promet qu’elle « a assurément plus d’obscénités par minute que n’importe quelle autre œuvre qui a joué au Carnegie Hall » et se répand en effusions sur « la désinvolte et rieuse impiété du désir puéril de faire reculer les limites de l’acceptable ». Il attend avec impatience le transfert du spectacle à Broadway, mais reconnaît qu’elle ne réussira peut-être pas, car, comme il s’en plaint : « Les clients de Broadway sont fort conservateurs de nos jours. Mais quand même, c’est New York, mes potes, la ville de la diversité électrique ».

Mais quand même, mon pote, votre dévouement à la « diversité » dédaigne les chrétiens. Vous extasieriez-vous sur l’antisémitisme « somptueux », le racisme « brillant » ou l’Islamophobie « céleste » ? Ririez-vous de l’homophobie ?

Un autre chroniqueur du Times, Nicholas Kristof, admet que, bien que « nous les libéraux croyions profondément en tolérance, … nous avons un préjugé défavorable contre les chrétiens évangéliques ». Il avoue que les chrétiens évangéliques « constituent une du petit nombre de minorités dont il est chic de se moquer, sur les deux côtes américaines ou sur les campus universitaires ». Et de l’illustrer : « À un cocktail à New York ou à Los Angeles, peu de gens oseraient faire une remarque péjorative sur la race de Barack Obama ou le sexe de Hillary Clinton. Mais il serait assez acceptable de ridiculiser la foi religieuse de Mike Huckabee* ».

Tandis que l’esprit du moment est hostile à l’Esprit du Christ, il fait la part belle aux « esprits » de substitution. Un des esprits de la spiritualité des consommateurs est « Q-spirit » ou la « spiritualité queer ».

Les animateurs d’un retraite « Q-spirit » le promettent : « Une grande partie de cette exploration sera sans vêtements et interactive. … Expérience préalable non requise. Cependant, on demandera à chaque participant(e) … d’aller en profondeur … et de jouer aux énergies de créativité, d’excitation et d’incarnation ». Mais faire un avec un esprit queer de sexe superficiel n’est que toucher à des parties de corps démembrées. Une prédicatrice LGBT pousse sa congrégation à aller aux foires du sexe à San Francisco pour « draguer, caresser et jouir du voyeurisme ». Elle prétend qu’à ces foires-là, il y a « des sous-entendus et des motifs religieux partout ». (G. Penny Nixon) C’est ça – toute l’imagerie du sexe idolâtre qui nuit davantage encore à ceux qui sont déjà escroqués.
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* Récemment candidat aux élections présidentielles américaines, Mike Huckabee était un ancien pasteur baptiste.

On nous dit que la spiritualité queer veut dire « sortir du placard » et que « sortir du placard veut dire lâcher prise – lâcher la peur, lâcher les restrictions ». Dans le jargon de l’égocentrisme de la psychologie pop : « Personne d’autre que nous-mêmes ne peut nous dire qui nous sommes ». Mais l’esprit queer ne nous dit-il pas qui nous sommes ?

L’esprit queer nous dit : « Sortir du placard implique d’abord de rentrer dans nous-mêmes – de plonger dans les profondeurs de nous-mêmes … de nous guérir nous-mêmes … d’en sortir transformés ». Nous devons « faire un avec le courant … ‘La Force’, en nous mettant dans ses mains. Nous croyons qu’elle sait où nous allons ».

Au lieu d’affronter la peur et la finitude avec réalisme, devons-nous vivre dans le déni ? Au lieu de nous tourner vers le Créateur et Sauveur, on nous dit de regarder dedans, de nous enseigner nous-mêmes qui nous sommes et pouvons devenir, parce que, comme on le répète, « personne d’autre que nous-mêmes peut nous le dire ». Mais ce n’est apparemment pas vrai, parce que c’est « le courant » de l’esprit queer qui nous le dit. Alors, devons-nous nous persuader nous-mêmes de nous reposer sur nos rationalisations, de faire confiance à notre CV et de croire à notre battage médiatique ?

Au lieu d’être guéris par le Grand Médecin et transformés par la grâce de Dieu, on nous dit de nous guérir nous-mêmes et d’en sortir auto-transformés. Au lieu de nous remettre entre les mains du Père affectueux, on nous dit de nous remettre entre les mains d’une « Force » impersonnelle. On nous dit de nous remettre entre « ses mains », parce qu’elle « sait où nous allons ». Comment est-ce que quelque chose d’impersonnel peut savoir où nous allons ? Comment une chose impersonnelle peut-elle savoir où elle va elle-même ? Et comment peut-elle même s’y intéresser ?

Christian de la Huerta, un guru de l’esprit queer, soutient que peu importe qu’un dieu soit réel ou qu’un dogme soit vrai. Bien sûr, il veut qu’on considère son dogme comme vrai. Il maintient que c’est « la qualité de vie » qui compte. Mais un mensonge peut-il apporter de « la qualité de vie » ?

Un site Internet « queer » le proclame : « Ayant été baptiste puis bouddhiste puis disciple de la Déesse divine, je suis maintenant panthéiste avec des tendances athées ; je crois en peu, je révère quand même les Dieux de nos Ancêtres. … Il faut représenter … toutes les religions. … Kwan-yin soit loué, et Pele, et Allah, et Jéhovah, ainsi que tous les autres Dieux. … Soyons spirituellement queer ensemble ! »

Mais Kwan-yin n’est pas un dieu. Et Pele, la déesse hawaïenne de crises de colère, ne partage pas volontiers son piédestal. Le Bouddha avait de la pitié pour tous ceux qui vénéraient des dieux et le dalaï-lama est aussi anti-gay que le Pape. L’Islam exécute les homos et insiste qu’il est impardonnable de répertorier Allah aux côtés d’autres dieux. Donc, ceux qui vénèrent Q-spirit tout en reléguant Allah aux côtés d’autres dieux ont déjà perdu la tête et sont sur le point de la perdre pour de bon.

En prétendant vénérer et respecter tous les dieux, l’esprit queer les déshonore tous et n’en respecte aucun. Voilà la bourde du syncrétisme. C’est une ignorance – ou une arrogance – qui redéfinit tous les dogmes des autres religions pour les faire correspondre à son propre dogme.

Et cette intolérance même, qui se fait passer pour la tolérance, soutient la propagande qui dit que l’évangile est intolérante. Certains considèrent l’affirmation qu’ils « ne peuvent pas parvenir au ciel » sans Jésus comme intolérante. Ils ont en tête le ciel des cartes de vœux, pas n’importe quelle destination vraiment envisagée par une religion du monde – le nirvana, l’oubli, les mémoires de leurs descendants, le paradis au jour de paie, ou un Nouveau Ciel et une Nouvelle Terre.

Les soi-disant « tolérants » se plaignent que Jésus est intolérant quand il dit que personne ne va au Père sans passer par lui. (Jean 14:6) Donc, ils excluent son évangile de leur liste des spiritualités approuvées. Mais, comme le démontre leur propre affirmation, toute affirmation de vérité doit exclure les affirmations de vérité opposées.

N’empêche, comment Jésus peut-il être le chemin menant au Père pour les Hindous? Les Hindous ne veulent pas d’un chemin menant au Père. Ils désirent faire leur chemin à travers des réincarnations et parvenir au nirvana jusqu’à ce qu’ils auront épuisé leurs mérites. Et comment Jésus peut-il être le chemin menant au Père pour les bouddhistes ? Les bouddhistes ne veulent pas d’un chemin menant au Père. Ils désirent méditer leur chemin au-delà de tout désir. Et comment Jésus peut-il être le chemin menant au Père pour les juifs ? Les juifs ne veulent pas d’un chemin menant au « Père » qui ait un quelconque rapport avec celui qui affirma faire un avec le Père ! Les juifs considèrent cela comme irrévérencieux ou non pertinent. Et comment Jésus peut-il être le chemin menant au Père pour les musulmans ? Les musulmanes ne veulent pas d’un chemin menant au Père. Ils sont offensés par l’intimité impliquée par le concept de Dieu comme Père. (Surah 5:18) Et comment Jésus peut-il être le chemin menant au Père pour les athées ? Les athées ne veulent pas d’un chemin menant au Père. Ils affirment que le Père n’existe pas. Alors, qui est-ce que les critiques ont en tête en dédaignant la soi-disant « intolérance » de Jésus qui dit que personne ne vient au Père que par lui ?

Mais pour tous ceux qui veulent vraiment venir au Père – pour tous ceux qui ont faim et soif de vraie justice – Jésus qu’a-t-il d’autre ?

À propos du jugement dernier, Jésus dit qu’il dira à ses brebis à sa droite : « Venez, vous qui êtes bénis par mon Père ! » Il se rappellera qu’ils auront pourvu à ses besoins. Eux, ils ne comprendront pas et lui demanderont : « Quand avons-nous fait cela ? » Il leur expliquera : « chaque fois que vous avez fait cela au plus petit de mes frères que voici, c’est à moi-même que vous l’avez fait ». (Matt 25:34-40)

Donc, voilà la façon dont personne ne va au Père que par Jésus ? Eh bien, quand Lui qui fait un avec le Père est présent avec les plus petits, le Père n’est-il présent, lui aussi ? Qui, sauf ceux qui connaissent vraiment l’amour libérant de Dieu en Christ, sont assez libres pour se donner à des actes d’amour aux plus petits d’entre eux ?

Jésus dira alors aux boucs à sa gauche : « Retirez-vous loin de moi. Je ne vous connais pas ». Eux aussi ne comprendront pas et seront furieux : « Mais, Seigneur, n’avons-nous pas mené toutes sortes de ministères à ton nom ? » Tragédie pour eux, ils n’avaient pas compris la signification d’un ministère à son nom. Ils ne s’approchèrent jamais assez près des plus petits d’entre eux pour s’approcher de Jésus. Donc, puisqu’ils ne s’étaient jamais approchés de celui qui est le plus proche du cœur du Père, ils ne sont jamais venus au Père qui était présent avec le Fils qui était lui-même toujours présent avec les plus petits d’entre eux. (Matt 25:41-43)

Les spirituellement malades – tant les pratiquants que les non-pratiquants – avalent de fausses spiritualités sans y réfléchir. Ils le font parce qu’ils ne mettent jamais en doute les stéréotypes qu’ils ont pris pour la bonne nouvelle de la grâce de Dieu en Christ. Ce faisant, ils restent malades, blessés et en colère. Mais ils ne sont pas forcés de rester ainsi. S’ils arrêtaient de se faire obstacle à eux-mêmes, renonçaient aux faux évangiles, et examinaient de près la vraie Bonne Nouvelle – la cherchant de fond en comble – ils se rendraient compte qu’ils sont trouvés.

Comme l’indique un érudit orthodoxe oriental : « Le christianisme affirme que Dieu n’est pas ce que vous croyez, que le pouvoir divin n’est pas ce que vous attendez ». (John Garvey)

Et à tous ceux qui sont séduits par le syncrétisme, il dit que le christianisme l’enseigne : « En Christ – tout ce qui est humain et vrai, où que se trouve la vérité, s’épanouit d’une façon qui ne peut être trouvée nulle part ailleurs ». Il admet que cela pourrait nous mettre mal à l’aise, mais « c’était une affirmation scandaleuse dès le début, [et il dit qu’il] est indispensable que nous l’affirmions ».

Mais les chrétiens ne se sont pas toujours efforcés d’entendre et de comprendre les victimes de ceux qui sont excessivement religieux et des moralisateurs homophobes. Lorsque les chrétiens se font jeter dehors par leur église ou sont obligés de partir à cause de la mesquinerie de certains qui n’acceptent pas leur orientation sexuelle, ils partent comme des amants méprisés, souffrants à cause de leur amour non réciproque pour Dieu. Et, comme c’est normal dans le cas d’amour non réciproque, ils seront vulnérables à la séduction des faux esprits.

Les chrétiens évangéliques constituent le plus grand groupe religieux en Amérique. Nombreux sont ceux qui, ayant grandi dans ce groupe, doivent faire face à l’ignorance et à l’hostilité à cause d’une orientation sexuelle non choisie. Peut-être feront-ils alors ce que font 44 pour cent des protestants : changer d’église ou la quitter pour de bon. Est-ce que nous allons les accueillir, nous les membres d’EC, plus chaleureusement que leur famille, leur église et les groupes où l’Évangile est marginalisé sinon nié ? Si nous ne leur offrons que des idées en accord avec les tendances du moment, ce que nous leur offrons est pire que rien. Si nous les dirigeons vers le Christ, nous leur offrons l’eau de la Vie. Et Jésus versera des larmes comme il le fit en ressuscitant un autre ami des morts qui lui était cher. (Jean 11:35)

Au lieu de suivre l’esprit du moment, pouvons-nous, les membres d’EC, répondre à l’appel du Christ d’être ses témoins, dans son Esprit, « jusqu’au bout du monde ». (Actes 1:8) Jésus envoya ses disciples « jusqu’au bout du monde », ce qui, un jour, comprendrait Capitol Hill à Seattle, Hillcrest à San Diego, Oak Lawn à Dallas, The Short North à Columbus, Chelsea à New York* et partout ailleurs où le fait qu’Il est Seigneur n’ait pas encore entendu. Qui peut de façon crédible tendre la main aux amis LGBT non chrétiens mieux que nous, partageant avec eux l’amour du Christ qu’ils ne connaissent pas encore ?

Mais nous n’osons pas présumer que Dieu, étonnamment miséricordieux, ne se révèle pas Lui-même, même en ce moment, par des moyens hors de notre création.
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* Ce sont tous des quartiers gay.

Paul dit que le Dieu d’Israël se révélait Lui-même à ceux que les juifs considéraient comme « sales ». Il vit des païens qui rendaient un culte au vrai Dieu – mais de façon incomplète. Et même de nos jours, on entend dire que le Christ ressuscité apparaît à, par exemple, un juif laïc, professeur à l’école de commerce du Harvard University, comme il se promène dans le bois de Cape Cod – ou à un paysan alors qu’il laboure son champ bien loin d’un quelconque témoignage chrétien traditionnel. Ils sont envahis par une conscience d’Amour infini, mêlés à un rêve, à une vision, ou à une pensée profonde. Lorsqu’ils entendent enfin un chrétien parler du Christ, ils reconnaissent celui qu’ils ont déjà rencontré, et sont impatients d’entendre plus afin de mieux le connaître et mieux le servir.

Selon un théologien évangélique : « Ce que nous devons garder est la conviction chrétienne que tout le monde a besoin du salut et que le salut ne vient que par le travail de Jésus-Christ. Cependant, la manière dont ce travail est appliqué par Dieu à chaque personne » est une toute autre affaire. (John G. Stackhouse, Jr.) Il pose cette question : « Cela signifie-t-il que d’autres religions sont salvifiques (c’est-à-dire, source du salut) ? Certainement pas. Aucune religion n’est salvifique : ni l’hindouisme, ni le shintoisme, ni l’Islam, pas plus que le christianisme. C’est Dieu qui est salvifique. La pratique religieuse, aussi correcte soit-elle et aussi parfaitement que l’on la suive, ne vous sauvera pas. C’est là une conviction chrétienne fondamentale. C’est de faire confiance à Dieu pour vous sauver – voilà une autre conviction chrétienne fondamentale. … Rencontrer l’Esprit de Dieu et répondre à Lui par la foi dans cette rencontre est ce qui importe au bout du compte ». Et d’ajouter : « Au bout du compte, les moyens dont dispose Dieu pour rencontrer les gens, quelle que soit leur théologie, quelles que soient les circonstances, nous sont inconnus ».

Dans le dernier livre de ses Chroniques de Narnia, Lewis donne voix à la bonne nouvelle de façon littéraire. Aslan le lion est l’image du Christ. Tash est un mauvais esprit. Certains prétendent que Tash et Aslan ne sont qu’une seule et même personne qu’ils appellent ‘Tashlan’.

Un personnage nommé Emeth affirme avoir toujours été « le serviteur de Tash ... mais le nom d’Aslan m’était odieux ». À la recherche de Tash, Emeth se trouve « appelé » à une masure au toit de chaume. Dès qu’il franchit la porte, il regarde autour de lui et, au lieu de l’obscurité, voit du soleil et « la vaste campagne » et sent « la douceur de l’air ». Il se croit arrivé enfin « dans le pays de Tash ». Mais alors, « un énorme lion » vient à sa rencontre. Comme l’indique Emeth : « le Tout-Glorieux inclina vers moi sa tête d’or, toucha mon front avec sa langue et me dit : ‘Tu es le bienvenu, mon fils’. Je lui répondis ‘Hélas, seigneur, je ne suis pas un de tes fils, mais le serviteur de Tash’. Il répliqua : ‘Mon enfant, tout le culte que tu as rendu à Tash, je le compte comme un culte qui m’a été rendu à moi’ ». Et Emeth d’indiquer : « Je surmontai ma crainte pour questionner le Tout-Glorieux : ‘Seigneur, est-il donc vrai que, ... toi et Tash n’êtes qu’une seule et même personne ?’ Le Lion grogna si fort que la terre trembla (mais sa colère n’était pas dirigée contre moi) : ‘C’est faux. Non parce que lui et moi ne sommes qu’un, mais parce que nous sommes opposés, je prends pour moi le culte que tu lui as rendu. Car lui et moi sommes d’une espèce si différente qu’aucun culte qui soit vil ne saurait m’être rendu, et qu’aucun culte qui ne soit pas vil ne peut lui être rendu’ ». Emeth l’interrompt : « Pourtant, j’ai passé tous les jours de ma vie à chercher Tash’. ‘Mon bien-aimé, me dit le Tout-Glorieux, si ton désir n’avait pas été pour moi, tu n’aurais pas cherché si longtemps ni avec une telle sincérité. Car tous finissent par trouver ce qu’ils cherchent vraiment’ ».

Jésus, le bon Berger, dit qu’il avait « encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos », bien connu de ses auditeurs. Il promit qu’un jour, « il n’y aurait plus qu’un seul troupeau avec un seul berger ». (Jean 10:16) Il accusa les moralisateurs de refuser d’être de vrais gardiens de la révélation de son Père. Il leur fit remarquer que les percepteurs et les prostituées qu’ils méprisaient entreraient dans le royaume de Dieu avant eux. Ceux qu’ils considéraient comme des « moins que rien » n’étaient pas de « moins que rien » pour lui.

Bien avant cela, Osée annonça la promesse du Seigneur à tous ceux qui étaient éloignés : « Je dirai à Moins-que-rien : ‘Tu es mon cher Quelqu’un’, et lui me répondra : « Tu es mon Dieu ». (Osée 2:23, The Message) David prononça la parole du Seigneur : « Je proclame l’Égypte et Babylone parmi ceux qui me connaissent ; Voici, le pays des Philistins, Tyr, avec l’Éthiopie : C’est dans Sion qu’ils sont nés ». (Ps 87:4) Pierre fut choqué de se rendre compte que « tout homme qui révère Dieu et qui fait ce qui est juste lui est agréable ». (Actes 10:35) Paul dit à des anciens païens : « Car c’est en lui que Dieu a désiré que toute plénitude ait sa demeure. Et c’est par lui qu’il a voulu réconcilier avec lui-même l’univers tout entier : ce qui est sur la terre et ce qui est au ciel, en instaurant la paix par le sang que son Fils a versé sur la croix ». (Col 1:19-20)

Il ne s’agit ni de syncrétisme New Age, ni de doctrine pratiquement dénuée de tout sens. Il ne s’agit pas de sentimentalité œcuménique qui, selon une analyse critique par un professeur d’études juives à Harvard, fait semblant que c’est à peine plus significatif que « la différence … entre deux prononciations du mot ‘tomato’ [‘tomayto’ et ‘tomahto’*] » (Jon Levenson) Il s’agit de la Bonne Nouvelle que les premiers chrétiens exprimèrent comme suit : « Dieu était en Christ, réconciliant les hommes avec lui-même ». (2 Cor 5:19) Connaissez-vous une bonne nouvelle qui est meilleure que cela ? Si non, faites passer cette bonne nouvelle.

Examinant une nouvelle encyclique papale sans trouver rien de neuf, rien de socialement controversé, un journaliste du London Daily Telegraph marmonna à son collègue : « Rien de neuf là-dedans. Il n’est question que de Dieu ». (Christopher Howse)

« Rien de neuf là-dedans » ? « Il n’est question que de Dieu » ? Il n’est pas question de nous et de nos priorités ? Écoutez : La meilleure nouvelle que le monde a jamais reçue est qu’il n’est question que de Dieu et pas de nous. Et comme il n’est question que de Dieu, il n’est question que de l’Amour Souverain. Et c’est donc une bonne nouvelle pour nous. C’est la nouvelle que nous ne pouvons ni inventer ni accomplir seuls. C’est la nouvelle de ce que Dieu fit en Christ qui, sur la croix, déclara la victoire sur le péché et la mort : « Accompli ! »
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* En anglais américain, on peut prononcer le mot ‘tomato’ de deux façons, prétendument selon la classe sociale.

Ceux qui se moquent du Christ de nos jours sont aussi égocentriques et aveuglés que l’étaient ceux qui se moquèrent du Christ sur la croix. Ils ne savent pas ce qu’ils font. Prisonniers de préjugés et de prédispositions, ils font des affirmations pieuses et se plient aux exigences politiques. Empoisonnés par l’orgueil, ils attachent trop d’importance à la prospérité et à la popularité.

Jésus prie pour eux comme il pria pour ceux qui se moquèrent de lui devant sa croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Et aujourd’hui quelqu’un commence à voir : « un Homme sur la croix / Mon péché sur ses épaules / Honteux, j’entends ma voix narquoise / Crier parmi les moqueurs ». (Stuart Townend) Et aujourd’hui quelqu’un commence à prier : « Pardonne-moi – je commence à voir ce que j’ai fait, ce que je fais, et ce que tu as fait pour moi ».

L’écrivain Anne Lamott se souvient du jour où elle entra par hasard dans une église afro-américaine. À l’époque, elle était encore en proie à l’alcoolisme. « Je n’avais pas l’intention d’aller à l’église. J’y suis entrée, parce que je ne savais pas quoi faire d’autre ». Elle affirme qu’elle pense que c’est là « où la spiritualité commence vraiment ». Elle a raison.

Quand nous « en aurons marre » de notre hypocrisie, de nos illusions de grandeur et de notre susceptibilité contre-productive, et quand nous en aurons marre des faux esprits du moment – nous serons prêts à nous reposer, unis dans l’Esprit de Dieu en Christ.

Que nous nous consacrions à l’abstinence sexuelle ou à un partenaire de même sexe, c’est seulement en Christ que nous faisons vraiment un, car Lui seul versa son sang pour nous, et nous sommes vivants à cause de sa justice à Lui, non de la nôtre ni de celle d’aucun d’autre. Paul constate que les chrétiens sincères ont des avis différents sur de nombreuses questions – même sur les deux signes de loyauté-alliance, à savoir : respecter le sabbat et manger casher. Mais, comme il le dit, chaque personne doit être convaincu dans son propre esprit sans condamner ceux qui ne sont pas d’accord. Paul affirme que nous devons nous accueillir les uns les autres sans essayer de résoudre les questions contestées, et la majorité ne doit pas imposer son avis à la minorité. Il pousse les chrétiens à faire tous les efforts possibles pour vivre en paix les uns avec les autres, gardant entre eux et Dieu tout ce qui peut semer la discorde, et pour se rappeler que chacun d’entre eux est responsable devant Dieu seul. (Cf. Rom 14)

Jésus pria pour nous et pour tous ceux qui croiraient après que nous aurons partagé la Bonne Nouvelle avec eux : « Je te demande qu’ils soient tous un. Comme toi, Père, tu es en moi et comme moi je suis en toi … qu’ils soient parfaitement un et qu’ainsi le monde puisse reconnaître que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les aimes comme tu m’aimes ! » (Jean 17:20-23)

Tout cet amour prend sa source dans l’Amour qui est dans le Cœur de la Trinité éternelle. Voilà, la nuit où il fut livré, Jésus donna à ses disciples un commandement nouveau – une nouvelle invitation – de ne plus aimer comme nous nous aimons nous-mêmes, mais « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Dit-il : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples ». (Jean 13:34-35)

On a constaté qu’épouser l’esprit de son temps, c’est devenir veuf trop tôt. Comme on dit aujourd’hui : l’esprit du moment dépasse vite « sa date de péremption ». Cette expression banale, elle aussi, dépassera bientôt « sa date de péremption » – démontrant le caractère éphémère de chaque esprit du moment. Mais faire un avec l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu qui est tout autre, c’est faire un avec l’Esprit de l’Amour Transcendant. Et voilà la Vie Éternelle de l’Épouse du Christ, un dans les Prières Exaucées du Sauveur d’un monde transformé en un Nouveau Ciel et une Nouvelle Terre.

© 2008 Ralph Blair, tous droits réservés. (Traduction : F.W.)

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