vendredi 18 septembre 2009

Helmut Thielicke et Ira D. Sankey

Erudit évangélique ~ Chanteur évangélique

Exposé préliminaire du Festival de Prédication
d'Evangelicals Concerned
10-12 Octobre 2008
Thornley Chapel à Ocean Grove, New Jersey
par le Dr Ralph Blair

Quel est le sens de la vie ? Qui sommes-nous ? D’où suis-je venu ? Où vais-je ? Ces questions-là étaient autrefois des questions humaines fondamentales. Autrefois les réponses parlaient d’aimer Dieu et de le glorifier. Mais Nietzsche, Freud, les Postmodernes et maintenant, même les célébrités prétendent que nous avons passé l’âge des dieux enfantins. Aujourd’hui, disent-ils, au lieu d’être ‘les grandes questions’, ces questions de sens ne valent même pas la peine d’être posées. L’insignifiance est promue comme la seule réponse à ce genre de question – ce qui veut dire, bien sûr, que ‘l’insignifiance’ est entendu d’avoir du sens – le sens de tout.

Nietzsche passa l’âge des dieux avec une sobre appréhension quant aux implications pour le monde. Mais les Postmodernes l’ont fait avec un sens de supériorité qui est cynique mais naïf. Les célébrités mettent leur grain de sel avec une idiotie élitiste. Et un public qui est tout aussi mal renseigné avale leur présupposé que les questions de sens sont dénuées de sens ou simplement des affaires privées dont le prosélytisme est assurément interdit. Mais il n’y a pas d’inconvénient à faire du prosélytisme contre Dieu – c’est même amusant. Et dans certains cercles, c’est de rigueur. Tout cela est si tristement prévisible dans un monde déchu.

Si on faisait allusion à sa foi en Christ à une soirée new-yorkaise, il y aurait un silence stupéfait et une bousculade pour changer de sujet. Les autres invités pourraient même le trouver intolérante et reculer. Et alors ? Ils continueraient à se faire piéger par tout le complaisant égocentrisme de la société séculière – inventant du sens qui commence et se termine par eux-mêmes. Que ce soit le cynisme intello-branché de « Rock Me Sexy Jesus », l’absurdité du Secret, la résistance pseudo-thérapeutique à la Transcendance, ou le plus haut charabia de la théorie critique à propos de rationaliser la révolte de l’âme, c’est la répression. C’est une conspiration de contrefaçons pour réprimer la vraie quête d’un Créateur abandonné. Et c’est une dépendance tant pour les non croyants que pour les croyants.

L’année 2008 marque l’anniversaire centième de la naissance d’Helmut Thielicke, le grand théologien et prédicateur allemands qui risqua sa vie en refusant d’être au service de l’orgueil démesuré qui découlait de l’Übermensch (‘surhomme’) antichrétien de Nietzsche. Un historien qui étudie Hitler et ses lectures des sciences occultes observe que tout cela avait pour résultat « une mesquine et calculatrice tromperie de brimade » [Timothy Ryback] qui provoqua ce que Hannah Arendt appela « l’expérience contre la réalité ».

L’assaut contre la moralité chrétienne mené par Nietzsche est aujourd’hui une industrie en expansion. Religulous, le film de Bill Maher, n’est qu’un seul récent exemple absurde, car Maher, lui aussi, croit à l’occulte, à la clairvoyance et aux maisons hantées, et il invective contre la vaccination, voire contre l’aspirine. Portant des œillères, Stephen Holden, critique du New York Times, prétend que « la plupart des Américains embrassent une forme de foi aveugle qui, par sa nature même, requiert un saut vers l’irrationnel … impossible à expliquer ou à défendre en des termes rationnels ». D’autres critiques acclamèrent Religulous : « Alléluia ! – c’est désopilant et diabolique – une marrante et blasphématoire détonation de tout ce qui est saint et biblique ». Thielicke considérait correctement de telles idioties comme n’étant « rien de moins qu’un substitut pour une transcendance perdue ». Heureusement, Fireproof, le film de Kirk Cameron qui soutient la foi chrétienne, obtint un bien meilleur succès au box-office que Religulous.

Et contrairement à l’hostilité promue par des médias contre Dieu, le sondage Gallup trouve que 31 pour cent des gens qui ne croient pas en Dieu croient au paranormal et à l’occulte tandis que seulement 8 pour cent de ceux qui croient en Dieu avalent de telles superstitions et pseudo-sciences. Une diminution de foi en Dieu correspond à une augmentation de crédulité à l’égard de la superstition et de la pseudo-science. Comme l’observa G. K. Chesterton : « Quand un homme cesse de croire en Dieu, ce n’est pas pour croire à rien mais pour croire à n’importe quoi ».

Il y a cinquante ans environ, Thielicke publia deux recueils de sermons intitulés Le Christ et le sens de la vie et Comment commença le monde. Thielicke d’affirmer : « La question – d’où nous venons et où nous allons – est un des défis élémentaires de la vie. Peut-être que c’est la question la plus importante de la vie. C’est seulement quand nous y aurons une réponse que nous apprendrons qui nous sommes ».

Il commença par présumer que nous avons reçu une révélation significative d’au-delà de l’espace et du temps. Il commença par affirmer que nous ne pouvons pas comprendre qui nous sommes à moins que nous ne revenions au commencement, quand et où commença le monde. La signification du monde, et la nôtre au sein du monde, ne sont pas d’origine récente. Ce n’est pas quelque chose que nous pouvons inventer pour l’adapter à nos besoins ou pour correspondre aux modes de l’époque. La signification est un don de Dieu.

Et remontant à la création de l’humanité – et à la Chute, il l’observa : « Nous les êtres humains savons très bien, ou tout au moins soupçonnons quelque peu, que lorsque nous vieillissons, et quand la race humaine entière vieillit, quelque chose se passe là qui est tout à fait différent que le bourgeonnement, le mûrissement et la floraison d’une rose. Car ce qui se développe dans la vie humaine n’est pas seulement les dons et les bénédictions que Dieu y a mis. Les semences que l’Adversaire maléfique a plantées dans notre cœur poussent, elles aussi ».

« Donc, affirma Thielicke, il est évident que nous ne pouvons plus reconnaître à quoi Dieu nous destinait quand il nous créa, ce qu’il avait en tête quand il conçut l’image de l’homme, en regardant ce que nous sommes vraiment et ce que nous sommes aujourd’hui. Et, parce que nous savons cela, nous revenons au bourgeon, à la recherche du dessein initial. Nous cherchons l’origine de l’homme pour découvrir ce que l’homme était vraiment avant le catastrophe qui l’a défiguré et déformé. … Si je veux savoir qui je suis vraiment et à quoi Dieu me destinait, je dois chercher derrière le paradis perdu, je dois me tourner vers la matinée de la création et m’efforcer d’entendre les premières paroles de Dieu pour moi et mon père Adam ».

Dans le « Final » de son autobiographie, Thielicke écrivit : « à beaucoup de mes contemporains, il paraissait grotesque – et le paraît toujours – de consulter un ancien livre, à savoir, la Bible, sur notre origine et notre destination, et avec son aide de comprendre le but pour lequel nous avons été créés. Ne pouvons-nous pas envoyer nos sondes dans l’espace ? Ne sommes-nous pas constamment à l’affût de tout ce qui est nouveau, des ‘innovations’ ? … N’est-ce pas un pas en arrière de fouiller dans les lieux anciens où Dieu laissa ses traces ? »

A l’âge de 75, deux ans avant qu’il ne soit mort, il écrivit : « Pendant ma longue vie j’ai vu tant de vérités qui prétendaient être ‘le dernier mot’ aller et venir ! … Comme les dieux d’une époque semblent cocasses juste deux heures plus tard ! Comme ils apparaissent absurdes, vus de derrière ! Il se peut qu’il faille être aussi vieux que moi pour ne plus être ému par le bruit et la mode de l’époque ou de ne pas être impressionné par les applaudissements des médias qui les accompagnent. Il y a seulement quelques évangiles qui durent ». Se rappelant les foules de gauchistes dans les années 60 qui prirent d’assaut son église comme des chemises brunes nazies, il affirma : « Des gens comme moi … cherchaient la vérité dans ce livre qui est ancien et éternellement jeune. [Nous voulions] rester fidèle à [ce que son ami Karl Barth appela ‘ce nouveau monde étrange de la Bible’, mais nous] étions constamment maudits comme des représentants du passé. [Mais] au moyen de cet ancien livre je me rendis compte que je faisais déjà face à l’avenir, à savoir, cette époque dans l’avenir qui rendrait évidente la futilité des dieux de l’époque et qui témoignerait de l’éternité du seul Dieu. Par contre, comme les alternatives banales de ‘conservateur’ et ‘progressiste’, ‘réactionnaire’ et ‘tourné vers l’avenir’, voire ‘droite’ et ‘gauche’ paraissent idiotes ! »

Et Thielicke que trouva-t-il dans les pages de cet ancien livre des livres ? Il affirme avoir trouvé que « leur but est de démontrer ce que signifie pour moi et ma vie le fait que Dieu est là au commencement et à la fin, et que tout ce qui se passe dans le monde – ma petite vie et ses joies, et aussi l’histoire de l’ensemble du monde … est, pour ainsi dire, une conversation qui est entourée, soutenue et protégée par le souffle de Dieu ». Voilà pourquoi il peut continuer en disant : « Une fois que Dieu sera devenu le thème de la vie d’un homme, elle deviendra énormément passionnante, voire aventureuse ».

Il subit les horreurs des deux guerres mondiales et la destruction de vie par les régimes nazis et soviétiques. Mais la vie de Helmut Thielicke avec son Seigneur était, ici – et sûrement qu’elle l’est encore, là-haut en présence de Dieu – la vraie aventure, celle qui se dévoile sans cesse avec Dieu, Lui-même.

Thielicke est né en 1908. Pour le mettre dans son contexte historique, les personnages suivants sont nés dans cette année-là, eux aussi : Olivier Messiaen, Lyndon Johnson, Thurgood Marshall, Harry Blackmun, Simone de Beauvoir et Abraham Maslow, ainsi que Bette Davis, Ethel Merman, Rosalind Russell et le petit Quentin Crisp.

J’étais frappé par un des premiers souvenirs de Thielicke. Quand on lui dit qu’il irait au jardin d’enfants, il imagina qu’il serait « planté dans la terre par les pieds et alors, constamment arrosé ». Quand on m’a dit que j’irais au jardin d’enfants, moi, j’imagina qu’il faudrait travailler sous le soleil chaud, creuser dans la terre et arracher de mauvaises herbes toute la journée ! J’étais tellement soulagé de découvrir autre chose.

Avec deux doctorats de l’université d’Erlangen, cet esprit universel écrivit des centaines d’articles dans des revues savantes et populaires. Il écrivit deux ouvrages en trois volumes d’érudition rigoureuse : La foi évangélique et L’éthique théologique. Il écrivit un livre sur l’art de prêcher, un hommage au grand prédicateur victorien, Charles Haddon Spurgeon. Voici quelques-uns de ses nombreux recueils populaires de sermons : Le Christ et le sens de la vie, Comment croire de nouveau, La vie peut recommencer, Comment commença le monde, Etre chrétien quand arrivent les ennuis, La question cachée de Dieu, Le Père en attente, et Je crois, ce que Christianity Today appela « un ouvrage d’apologétique d’une puissance formidable ; celui-ci trouvera sa place parmi les œuvres chrétiennes qui ont cherché, non à écraser les adversaires intellectuels, mais à amener les sceptiques sincères au Christ ».

Dans sa critique du second tome de Thielicke sur la théologie systématique, Bernard Ramm, l’érudit baptiste américain, l’appela « évangélique et luthérien, analytique et incarnationnel, une théologie de précision, une théologie existentielle, et une théologie de prédication ».

Cette théologie profondément pratique fut prêchée. Le traducteur des œuvres théologiques de Thielicke affirma que celui-ci était probablement le meilleur prédicateur germanophone depuis Martin Luther. « Thielicke, dit-il, atteint une stature presque apocalyptique dans sa représentation du monde brisé, et dans sa proclamation du message du salut et du jugement de Dieu dans le monde ». (Geoffrey Bromiley) Comme le dit Richard John Neuhaus : « Helmut Thielicke est pratiquement sans égal dans son aptitude d’unir ses talents de pasteur, de prédicateur, d’enseignant et de théologien en éclaircissant la foi chrétienne tant pour l’intelligentsia méprisant que pour les croyants avec des doutes ». Tous étaient d’accord sur le fait qu’il était une expérience extraordinaire de l’entendre prêcher devant des congrégations débordantes deux fois par semaine. Toutefois, ses sermons sont encore disponibles sous forme imprimée, ayant été traduits en une douzaine de langues et vendus pour des décennies.

Une heure avant ses sermons de samedi soir, il n’y aurait plus eu de places dans l’église gigantesque de St Michel dans la ville profane d’Hamburg. Vêtu de sa toge noire au col blanc, il se dressait dans cette chaire haute et bulbeuse et prêchait ardemment des sermons centrés sur le Christ avec éloquence persuasive, avec précision exégétique et avec soin pastoral. Il ne manquait jamais de se référer à l’évangile – le Christ sur la croix, expiant nos péchés : « Golgotha est une douleur dans le cœur de Dieu, dit-il. C’est un Dieu qui l’emporte sur lui-même, c’est une lutte de Dieu avec lui-même ».

Un luthérien avec une touche de l’Eglise Libre, il avait des opinions claires sur ce qu’il appelait des « sermons dégénérés ». Il affirma que l’une sorte en est « la transformation du sermon en un discours politique fixe qui proclame qu’une position politique particulière est la position chrétienne ». Il expliqua : « D’après mon expérience, cette sorte domine chez des gens dont la substance spirituelle est trop diluée pour faire une proclamation passionnée de l’Evangile ». L’autre sorte de ‘sermon dégénéré’ est « un certain ritualisme qui étouffe ou au moins obscurcit la foi personnelle de l’individu par l’utilisation excessive des expressions consacrées et de la musica sacra traditionnelle ».

Les Américains s’étonnaient qu’il ne prêche pas en anglais en Amérique. Il expliquait qu’il n’avait étudié que les langues classiques et ajoutait, ses yeux pétillants : « Les garçons étudiaient l’anglais pour devenir des serveurs ». Donc, il employait d’habitude un traducteur, mais lutta parfois pour lire une traduction anglaise lui-même. Après qu’il avait fait ainsi au cours d’un discours à Chicago, quelqu’un lui dit : « Je pensais toujours que l’allemand était une langue difficile. Mais j’ai pu comprendre au moins deux phrases de votre discours ».

Helmut Thielicke ouvra la voie pour repenser la position chrétienne sur l’homosexualité. Il fut donc particulièrement approprié que, dans le numéro du printemps 1986 du Record d’EC, nous prîmes note de son décès à l’âge de 77.

En 1963, dans ses conférences à l’Université de Chicago, il reconnut que l’orientation homosexuelle « est déjà présente avant que la première décision ne soit faite ». Il trouvait dans les commentaires de Karl Barth et d’autres théologiens « une telle confusion étonnante » sur l’homosexualité qu’il doutait qu’ils aient « jamais accompagné une personne homosexuelle en tant que pasteur sur le ‘chemin’ qu’elle avait à suivre ». Thielicke reconnaît la vérité de l’observation de Flannery O’Connor : « La conviction sans l’expérience aboutit à la dureté ». Il soupçonnait ce que soupçonnait Harry Ironside : Il est facile de prendre nos préjugés pour nos convictions.

Thielicke de conclure : « Il n’y a pas le moindre excuse pour vilipender l’homosexuel intrinsèque pour des raisons morales ou théologiques ». Se rappelant la parabole de Jésus sur les pièces d’or qu’un roi donna pour investir, il encouragea les gens à recevoir leur orientation homosexuelle de façon responsable, comme quelque chose d’être considéré « comme une pièce d’or pour investir». (Luc 19:13 ss)

Il rassura ses lecteurs que la façon exacte dont on devrait mettre en œuvre un tel ‘investissement’ « peut être discuté seulement quand on se rend compte que même le Nouveau Testament manque d’une déclaration normative évidente sur cette question. Même le type de question auquel nous sommes parvenus, à savoir, le problème posé par ‘l’habitus endogène’ de l’homosexualité, doit être, pour des raisons purement historiques, étranger au Nouveau Testament ». Thielicke affirma que la question doit nous mener à examiner « comment l’homosexuel dans sa situation réelle peut atteindre à son optimal potentiel éthique d’autoréalisation sexuelle. Nier cela, dit-il, signifierait en tout cas un niveau de sévérité et de rigueur que l’on ne penserait jamais à demander » à autrui.

Thielicke plaidait fréquemment la cause des homosexuels. Dans son œuvre de 1984, Être humain – devenir humain, il observa : « la compréhension de nous-mêmes que nous apportons avec nous influe d’une façon essentielle sur notre rayon d’action, sur notre approche et sur la sélection et l’arrangement des phénomènes. Ce bourbier de subjectivisme qui nous menace ne peut être évité que si nous critiquons consciemment non seulement les objets de notre étude, mais aussi nous-mêmes et nos présupposés. Cela s’applique à chaque domaine avec une pertinence anthropologique. Nous sommes trop proches des objets de cette discipline pour ne pas être encombrés des prémisses secrètes. Si l’on désire des exemples réels, il faut seulement penser au débats sur l’homosexualité, où les préjugements sociaux, religieux, moraux et instinctifs organisent une réunion macabre ».

Dans son autobiographie, Notes d’un voyageur, aussi parue en 1984, en allemand, deux ans avant qu’il ne soit mort, Thielicke raconte que dans les premiers jours de leur mariage sa femme et lui attendaient un plus jeune ami d’école, Horst Erbslöh, âgé de 27 ans, pour passer avec eux les fêtes de Pâques.

Thielicke se rappela : « C’était son corps athlétique, la grâce de ses mouvements et son sourire radieux qui attirèrent d’abord mon attention. Il aimait être conduit et conseillé par un garçon plus âgé comme moi, et il aimait aussi être corrigé de temps en temps quand il se plaignait de ses mauvaises notes à l’école. Je lui disais qu’il l’avait provoqué lui-même par sa tendance charmante à la paresse ».

Thielicke d’avouer : « Plus tard, il m’était clair que cette amitié était teintée d’un érotisme tendre, bien que cela n’ait jamais été ouvertement exprimé, même en mots. Cette retenue portait moins sur notre chasteté naturelle que sur les limites imposées à notre comportement par le tabou collectif que cet âge-là employait pour protéger la sphère érotique. Pour cette raison, notre amitié n’alla pas au-delà d’une affection enthousiaste l’un pour l’autre. Cette affection me donne encore une immense joie, même en y revenant un demi-siècle plus tard ».

Il poursuivit : « Une fois, pas longtemps avant sa visite attendue à Heidelberg, je rêva de lui. Je me vis devant son cercueil, bronzé, donnant une oraison funèbre en son honneur. Ce rêve devint réalité. Il n’y arriva pas comme prévu ce matin de Pâques, mais au lieu de cela, envoya une longue lettre où il m’informa qu’il avait entrepris un voyage d’où il ne reviendrait jamais. Il dit que j’étais le seul à en être informé, et me demanda de ne pas partir à sa recherche. Il me remercia de ce que je lui avais dit à propos de la foi, et de toute l’amitié que je lui avais montrée. Il affirma que cela le consolerait quand le temps serait venu de mourir au plus bel endroit au monde ». Horst écrivit sur ses pertes financières et sur sa petite amie qui refusa de l’épouser, et il demanda qu’on prie à Dieu de lui pardonner. Thielicke rapporta que « les dernières phrases étaient tachées » et dit-il, « je crois que ses larmes y étaient tombées ».

L’année précédente, Horst avait envoyé une carte postale de Berchtesgaden. Il avait marqué d’une croix un petit endroit sur le massif Watzmann, ce qui était enveloppé de mythes, l’appelant « le plus bel endroit au monde. Voilà où je voudrais mourir ».

Thielicke se précipita donc vers Berchtesgaden et demanda qu’on organise une équipe secours. On trouva le cadavre d’Horst à l’endroit exact qu’il avait marqué sur la carte postale. Thielicke d’écrire : « Il ne put pas avoir été mort pour longtemps. Une expression terriblement sérieuse fut gravée dans ses traits ». Il célébra les obsèques à leur ville natale de Barmen et raconta que Horst avait écrit qu’il n’allait pas dans une obscurité sans espoir, mais était convaincu qu’un personnage compatissant l’accueillerait dans l’autre monde.

Thielicke observa : « Pendant les jours que nous avons passés à la recherche d’Horst, le soleil de montagne m’avait bronzé, exactement comme dans mon rêve ».

A mesure que l’influence d’Hitler grandissait, et alors, lorsque les nazis prirent le pouvoir, Thielicke devint une cible. Il était engagé dans l’Eglise confessante – par opposition à la branche ecclésiastique du parti nazi dite Chrétiens Allemands. Le jugeant ‘politiquement suspect’, les nazis forcèrent son expulsion de la faculté théologique de l’université d’Heidelberg et bloquèrent sa mutation à l’université d’Hamburg. Son évêque lui dit : « Après que la guerre aura fini et après que les nazis seront partis, nous aurons besoin de vous de nouveau en tant que professeur. Voilà pourquoi je ne vous donne qu’un poste mineur dans le Jura souabe ».

Il travaillait donc au service d’une petite congrégation à Ravensburg. A cette époque-là, les nazis organisaient des réunions politiques qui coïncidaient exactement avec les services religieux. Beaucoup de gens avaient trop peur des voyous nazis d’aller à l’église au lieu d’aller aux rassemblements nazis. Un certain dimanche où il y avait très peu de gens à l’église, Thielicke interrompit le chant de l’hymne de Martin Luther, « Notre Dieu est une forteresse puissante ». Il leur rappela que la semaine précédente, « beaucoup de gens avaient trop peur d’aller à l’église, et au lieu de cela, ils allèrent à une réunion politique. C’était tout bonnement un reniement de notre foi. Tant que cette honte planera sur nous, il nous sera défendu de chanter le dernier vers, ‘Si l’on enlève votre vie, votre richesse, votre honneur, votre enfant et votre femme. …’ Chanter cela en ce moment serait mentir. Donc, l’orgue jouera maintenant le vers tout seul pendant que nous resterons debout et réfléchirons à notre échec. Malheur à celui qui chante les paroles ! »

Quand les Alliés occupèrent l’Allemagne en 1945, ils établirent un processus agressif de dénazification qui, d’après Thielicke, avait tendance de provoquer des conséquences non voulues mais contreproductives. Il affirma que les Alliés « demandaient constamment aux Allemands d’avouer une culpabilité collective qui était généralisée et sans discernement. Bien des gens l’acceptèrent, souvent en raison d’un opportunisme inconscient voire calculé, [et] cette accusation de soi masochiste … renforça un agréable sens de supériorité morale ». Thielicke poursuivit : « La tendance des Alliés aux condamnations unilatérales et totales qui leur fit ignorer la poutre dans leurs propres yeux … provoqua une réaction furieuse et défensive de la part des accusés, ce qui les empêcha donc de voir la culpabilité qui était vraiment là ». La perspicacité de Thielicke devrait façonner les échanges moralisateurs de nos jours entre les églises anti-gays et les LGBT anti-Eglise.

La famille, les amis et les collègues de Thielicke lui donnèrent une grande fête à l’occasion de son 75ème anniversaire. Après, il rappela les paroles écrites par un ami à un autre : « Les pas s’éteignent. La dernière personne s’en est allée. Le grand jour touche à sa fin. Je suis éveillé à ne pas pouvoir dormir. Je sais que tu attends de m’accueillir, Ô Dieu. Je t’apporte ce que les gens m’ont apporté – des fleurs, des lauriers, la gratitude et la gloire – car, après tout, tout est à toi. Tout le monde n’a parlé que de tes louanges ».

Thielicke remarqua alors : « Une vie humaine en valait la peine, je m’en rendis compte, si elle n’a aidé qu’un seul homme ou une seule femme à trouver sa voie à la source de toute vie ».

Dans son enfance et pendant ses années à l’université, Thielicke trompa la mort plusieurs fois. Et en 1944 il avait été impliqué dans un complot contre les nazis et échappa de justesse le gibet. Dans son livre de 1983, Vivre avec la mort, il résuma son expérience d’affronter la mort : « Dans la mort je m’approche avec confiance de celui qui a la vie et le jugement dans ses mains. Je n’ai pas besoin de compter sur mes œuvres bonnes ni sur mon âme immortelle. Je ne le peux pas, car les œuvres ne sont pas bonnes, et l’âme n’est pas immortelle. Je suis justifié par la grâce seule, et c’est par la grâce seule que je prends part à la résurrection (2 Cor 4:7). Je resterai dans la présence de celui qui est Alpha et Omega. Avec cette connaissance je pars pour la nuit de la mort, qui est une vraie nuit. Je sais qui m’attend le matin ».

Voilà les dernières paroles de son autobiographie : « En tant que chrétiens nous sommes certains que la durée de vie qui nous est donnée n’est que l’avènement d’une réalisation encore plus grande. La terre à laquelle nous sommes appelés est une terra incognita – une terre inconnue, voire inconcevable. Il n’y a qu’une seule voix que nous y allons reconnaître parce qu’elle nous est déjà familière ici : la voix du Bon Berger ».

Jacob parla de ce Bon Berger à la fin de sa vie à lui : « Il m’a conduit depuis que j’existe jusqu’à ce jour ». (Gen 48:15) Et David, le roi-berger, témoigna que ce même Seigneur était son Berger à lui aussi, afin qu’il n’ait besoin de rien même dans « la vallée de l’ombre de la mort ». (Ps 23) Le Bon Berger est le Seigneur dont les prophètes déclarèrent les promesses. La voix du Bon Berger vint par l’intermédiaire d’Ezéchiel : « Je chercherai la brebis qui sera perdue, je ramènerai celle qui se sera éloignée, je panserai celle qui a une patte cassée, et je fortifierai celle qui est malade ». (34:16) Et par l’intermédiaire d’Esaïe, les gens entendirent qu’ils s’étaient effectivement dévoyés : « Nous étions tous errants, pareils à des brebis ». (53:6) L’illustration était claire, car tout le monde savait que c’est ce que font des brebis – elles s’égarent. Les brebis ont besoin d’un bon berger pour les soigner ; elles sont trop idiotes pour se débrouiller toutes seules. Elles se perdent et ont besoin d’un bon berger pour aller les retrouver et ramener, même malgré elles, à la sécurité de l’enclos.

Jésus vint alors en tant que bon berger qui vient rechercher et sauver ce qui est perdu. (Luc 19:10) Il dit qu’il se met en quatre pour aller à la recherche de la brebis qui s’égare. (Matt 18:12-14) Et il se vit comme le bon berger quand il dit qu’il donne sa vie pour ses brebis. (Jean 10:11)

* * *

Le Bon Berger était dépeint dans un hymne chanté depuis la fin du 19e siècle. Cet hymne est basé sur un poème, « La brebis perdue », écrit en 1869 par Elizabeth Clephane de Melrose en Ecosse. Elle l’écrivit pour se réconforter après avoir entendu de la mort ivre de son frère – la brebis galeuse de la famille. Mais elle n’entendit jamais la musique, maintenant familière, qui correspond à ses paroles, car la musique ne fut pas ajoutée avant cinq ans après sa mort à elle.

En 1874, l’évangéliste américain, D.L. Moody, et son soliste et chef de musique, Ira D. Sankey, voyageait en train à travers l’Ecosse. Ils étaient en route pour leur prochaine réunion évangélique à Edimbourg.

Moody était absorbé par des lettres. Sankey était assis feuilletant un exemplaire du Christian Age, un journal du dimanche de Londres. Sankey tomba sur le poème de Clephane, imprimé dans le journal. Comme il le lisait, il était profondément ému. Comme l’écrivit la poétesse :

Il y en avait quatre-vingt-dix-neuf
Dans le refuge de l’enclos.
Mais l’une des brebis s’était égarée,
Loin des portails d’or.
Perdue dans les montagnes sauvages et rudes,
Loin des tendres soins du berger.

« Seigneur, tu en as ici tes quatre-vingt-dix-neuf ;
Celles-ci ne te suffisent pas ? »
Mais le Berger répondit, « ma brebis
S’est éloignée de moi ;
Et bien que le chemin soit dur et raide,
Je vais au désert la retrouver ».

Mais aucune des rachetées ne savait jamais
La profondeur des eaux traversées,
Ni l’obscurité de la nuit subie,
Avant qu’il ne retrouvât sa brebis.
Dans le désert, il l’entendit bêler,
Fragile, impotente et prête à crever.

« Seigneur, d’où sont venues ces gouttes de sang
Qui tachent le sentier de montagne ?
—Elles étaient versées pour celle qui s’était égarée
Avant que le Berger ne pût la ramener.
—Seigneur, pourquoi tes mains sont-elles si déchirées ?
—Ce soir des épines les ont transpercées ».

A travers les montagnes fendues par la foudre,
Surgissant du ravin escarpé,
Un cri joyeux parvint au portail des Cieux :
« Réjouissez-vous ! J’ai retrouvé ma brebis ! »
Et les anges répétèrent autour du trône,
« Réjouissez-vous ! Le Seigneur ramène sa brebis !
« Réjouissez-vous ! Le Seigneur ramène sa brebis ! »

Sankey essaya de montrer le poème à Moody, mais Moody y fit à peine attention et continua à lire ses lettres. Sankey arracha le poème du journal et le glissa dans sa poche.

Le lendemain après-midi, à l’Assemblée des Eglises Libres d’Edimbourg, Horatius Bonar fut le prédicateur invité. Il prêcha un sermon puissant sur – de tous les sujets possibles – « Le Bon Berger ». Le sermon de Bonar fini, Moody se tourna vers Sankey et lui demanda un dernier solo approprié. Sankey ne s’y attendait pas et ne savait pas trop quoi faire. Mais, se rappela-t-il : « Il me semblait que j’entendais une voix dire : ‘Chante l’hymne que tu as trouvé sur le train’. » Ceci ne semblait pas avoir de sens, puisque ce qu’il avait trouvé sur le train était un poème, pas un hymne. Pourtant, la voix y persista : « Chante cet hymne-là. » Ainsi, comme il le raconta : « J’ai mis le petit bout de journal sur l’orgue et élevé mon cœur en prières, demandant à Dieu de m’aider chanter de sorte que les gens pouvaient entendre et comprendre. Assis à l’orgue, j’ai joué quelques notes en La bémol et commencé à chanter ».

Lorsqu’il avait fini de chanter le poème, Moody se tourna vers lui et lui demanda : « Où avez-vous trouvé cette chanson ? — C’est ce que je vous ai montré hier, sur le train ». Moody avait l’air de ne pas comprendre. Mais, avec des larmes dans les yeux, Moody se réjouit de la vérité et la beauté de ce nouvel hymne – chanté pour la toute première fois ce jour-là, le 21 mai 1874.

Ecoutez Sankey chanter deux vers de « Les quatre-vingt-dix-neuf ». Cela provient d’un cylindre de cire enregistré il y a plus de cent ans.

Des recherches récentes en Angleterre et en Allemagne montrent que la musique stimule peut-être les défenses immunitaires. On trouve que la musique est associée à des niveaux augmentés d’un certain anticorps et aux niveaux réduits d’une hormone du stress. Bien sûr, on savait depuis toujours que la musique peut remonter le moral. Et Moody savait qu’elle peut en faire encore plus. C’est pourquoi il avait tellement insisté pour que Sankey s’unisse à lui après l’avoir entendu chanter quatre ans plus tôt. Moody lui dit : « La musique et le chant sont essentiels pour renforcer la vie spirituelle. Le chant fait au moins autant que la prédication pour imprimer la parole de Dieu sur l’esprit ». Et c’est vrai. On se rappelle davantage de théologie en chantant des hymnes que jamais en écoutant des sermons. D’ailleurs, comme Moody dit à Sankey : « Chanter aide à développer une audience – même si la prédication est ennuyeuse. Avec des chants qui touchent le cœur, les églises se rempliront à chaque fois ».

En 1870, Sankey vivait et travaillait à New Castle, en Pennsylvanie, à juste deux milles du village d’Edinburg sur les bords de la rivière Mahoning où il était né en 1840. C’est à juste 15 milles de l’endroit où je suis né, moi – 99 ans plus tard. Sankey était dirigeant du chœur dans une église méthodiste à New Castle, et aussi faisait partie du ministère du YMCA du quartier.

Lors de la convention du YMCA en 1870 à Indianapolis où il était délégué, Sankey entendit Moody prêcher pour la première fois. Bien qu’impressionné par la prédication, il n’était pas impressionné par le chant. En fait, c’était tellement faible que, comme il chantait, lui, sa belle voix barytone convainquit les gens de lui demander de diriger le chant. Et il le fit donc. Le chant s’améliora nettement.

Sankey décrivit sa première rencontre avec Moody après le service.

Alors que je m’approchais de M. Moody, il s’avança, prit ma main, et me regarda de sa façon vive et perçante comme s’il lisait dans mon âme même. Puis, il me dit brusquement, « D’où venez-vous ? — De la Pennsylvanie, répliquai-je. — Êtes-vous marié ? — Oui. — Combien d’enfants avez-vous ? — Deux. — Quel est votre métier ? — Je suis fonctionnaire. — Eh bien, vous devrez y renoncer ! » J’étais trop stupéfait pour répondre, et il poursuivit comme si la question avait déjà été décidée : « Je vous cherche depuis huit ans. Il vous faudra venir à Chicago m’aider dans mon travail ».

Moody ne se contentait jamais d’un ‘non’ comme réponse. Donc, même après que Sankey avait dit qu’il le considérerait – par politesse plus que par une intention quelconque de quitter sa famille et son travail – Moody s’y entêta. Au bout de quelques mois, Sankey finit par accepta de passer juste une semaine à Chicago avec Moody. Mais avant la fin de la semaine, Moody l’avait persuadé de devenir membre de son ministère. Ses affaires en Pennsylvanie conclues, il revint vite à Chicago.

Dimanche, le 8 octobre 1871, il était assis devant l’orgue pendant que Moody prêchait. Des bruits venant du dehors de l’église devenaient de plus en plus forts jusqu’à ce qu’on ait entendu des cris que la ville était en feu. C’était le grand feu de Chicago qui durait jusqu’à mardi, le 10 octobre, quand des centaines de gens étaient déjà morts, des milliers déplacés, et environ quatre milles carrés de bâtiments complètement détruits par le feu. C’était il y a exactement 137 ans ce soir.

Dans la terreur qui s’ensuivit, Sankey et Moody se fit séparés l’un de l’autre. Sankey donna un compte-rendu fascinant de son évasion du feu et de l’épreuve horrible durant ces plusieurs jours et nuits.

Enfin il réussit à s’échapper de la ville et prit un train pour la Pennsylvanie. Les deux hommes ne se reverraient pas avant deux mois. Mais dès lors, et année après année jusqu’à ce que Moody soit mort en 1899, ils travaillaient ensemble au service de l’évangile des deux côtés de l’Atlantique – depuis le vieux Hippodrome de New York (qui deviendrait plus tard Madison Square Garden) jusqu’au Crystal Palace and Agricultural Hall de Londres, depuis les retraites estivales à Northfield au Massachusetts jusqu’aux universités d’Oxford, de Cambridge, de Yale et de Princeton. Moody et Sankey préfiguraient les carrières évangéliques de Billy Sunday et de Homer Rodeheaver, et celles de Billy Graham et de George Beverly (‘Bev’) Shea.

Quatre mois avant la naissance de Helmut Thielicke à Barmen, Ira D. Sankey mourut à Brooklyn. Ce fut jeudi soir, le 13 août, à 1900h, juste deux semaines avant l’anniversaire de ses 68 ans. Sa vue baissait durant les cinq dernières années de sa vie. Vers la fin, il devint complètement aveugle. Il passait donc la plupart de son temps à sa maison dans la partie de Brooklyn dite Fort Greene. Il recevait là des visites de ses bons amis, y compris la poétesse Fanny Crosby, longtemps aveugle, dont les poèmes il avait mis en musique.

Sa nécrologie fit la une du New York Times : « Ira D. Sankey est décédé, une chanson sur les lèvres ». Comme le rapporta le Times : « Juste avant qu’il ne sombrât dans l’inconscience à la fin, il est rapporté que l’on l’entendit chanter, sa voix presque inaudible, un vers de son hymne préféré, pas l’un des siens, mais l’un écrit par Fanny Crosby de Brooklyn, l’auteur aveugle des hymnes :

Un jour le fil d’argent se brisera
Et je ne chanterai plus comme maintenant.
Mais oh ! Quelle joie lors de mon réveil
Dans le Palais du Roi ! »

Eh bien, nos deux frères, Helmut et Ira, ne sont plus avec nous dans ce monde-ci. Mais ils sont plus proches de Celui qui a promis de ne jamais quitter ni abandonner aucun de nous. Et alors, de même qu’ils sont avec Lui et qu’Il est avec nous, bien que ‘le fil d’argent’ puisse, en effet, être brisé, notre vie avec le Christ n’est pas brisée, ni la communion des saints non plus.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

je suis tombée par hasard sur ce blog
je n'ai pas tout lu, un peu long, mais je suis chrétiennes et j'ai des amis gay et lesbiennes.moi non mais je suis sure que Dieu a autant d'amour pour tous.et bravo d'en parler.

Fred Wells a dit…

Anonyme --

Quant à vos amis LGBT, n'hésitez pas à leur faire part de ce blog. J'ai beaucoup apprécié votre commentaire.

Dans Son amour,
Fred