samedi 6 décembre 2008

La souffrance et le mystère

une exposition sur Job
par Roy Clements

Il y a peu de doute que beaucoup de gens trouveraient plus facile de croire en Dieu s’il n’existait pas le problème de la souffrance. Il est évident qu’il y a beaucoup de choses dans le monde qui contredisent une confiance insouciante en un Dieu omnipotent et tendre. La souffrance suscite des questions qui sont intellectuellement et émotionnellement inquiétantes.

Certaine souffrance, évidemment, est la conséquence directe de la folie humaine ou des actions criminelles : maltraitance des enfants, accidents de la circulation, bombes terroristes, accidents nucléaires – on peut soutenir que ce sont tous « de notre faute ». Mais en plus de cela, il y a énormément de souffrance qui n’est pas du tout de notre faute : tsunamis et ouragans, cancer et maladies mentales, faim et sécheresse … la liste pourrait continuer. Et même lorsque la souffrance peut être attribuée à la criminalité humaine, il est rare que les criminels en souffrent ; les personnes innocentes en sont presque toujours les victimes.

Il y a tant de choses dans notre monde qui semblent caractérisées par la douleur inutile et imméritée, ce qui pose la même question pour tout chrétien honnête : Pourquoi, mon Dieu ? Pourquoi l’as-tu laissé se produire ?

Bertrand Russell, philosophe à Cambridge au milieu du 20e siècle, a parlé pour beaucoup de gens, je suppose, dans son pamphlet « La foi d’un rationaliste » lorsqu’il a écrit :

Je peux imaginer un démon sardonique qui nous crée pour s’amuser, mais je ne peux imputer à un être sage, bienfaisant et omnipotent le poids terrible de cruauté, de souffrance et d’avilissement ironique de ce qui est le mieux qui ont terni l’histoire de l’homme.

Il n’est pas difficile de compatir à un tel scepticisme ; mais si l’on est croyant, comment donc y répondre ?

En fait, il y a deux façons dont un croyant peut répondre :

La première est de se mettre sur la défensive : de serrer le doudou d’orthodoxie théologique et de tradition religieuse, se fermant à ces questions importunes menaçant la sécurité de la foi. Une telle réponse est de battre en retraite – battre en retraite vers ce que Bertrand Russell qualifierait probablement de « suicide intellectuel » ou « foi aveugle ».

J’appellerai cette approche « faire l’autruche » – « ne faites attention à aucune preuve du contraire – croyez simplement qu’il existe un Dieu tendre et tout-puissant qui maîtrise le monde ».

L’alternative est de passer à l’offensive : d’aborder directement le problème de la souffrance et d’avoir le courage de poser ces questions difficiles, de contester ces réponses conventionnelles. Au lieu de refuser d’affronter l’incertitude, cette approche lutte contre elle.

J’appellerai cette approche « faire face à la tempête » – « si je vais croire, ce sera sans angles mort, sans zones intellectuelles interdites ; une foi qui affronte la réalité, aussi déplaisante soit-elle ».

Depuis que je suis un nouveau chrétien, il m’est important de savoir que chaque fois qu’on examine la Bible, on y est encouragé à se joindre au second camp. La Bible ne fait pas l’autruche en ce qui concerne le problème de la souffrance, bien qu’il faille admettre qu’un bon nombre de chrétiens le font.

En fait, la Bible nous présente à maintes reprises des hommes et des femmes de foi qui abordent le problème de la souffrance avec courage et franchise, sans peur de poser la question, « Mon Dieu, pourquoi ? »

Et, bien entendu, l’exemple classique en est celui de Job.

Dans les premiers chapitres, nous apprenons dans une section de prose que Job était un homme vertueux, mais pour des raisons jamais entièrement expliquées Dieu permet à Satan de le dépouiller de tous ses biens :

  • sa richesse est enlevée
  • ses enfants meurent d’un accident tragique
  • il devient lui-même la victime d’une douloureuse maladie qui le défigure
  • finalement, même sa femme se retourne contre lui – elle lui conseille : « Maudis Dieu, et meurs ! »

Nous apprenons dans ce prologue que toutes ces choses se produisent avec la permission de Dieu. C’est un élément très important dans le contexte du livre, car une certaine solution facile au problème de la souffrance qui est embrassée par un certain nombre de philosophies et de religions est le dualisme.

Le dualisme prétend qu’il existe dans le monde deux forces égales et opposées : l’une qui est bonne, l’autre mauvaise. Elles sont liées, l’une à l’autre, dans un état de tension perpétuelle de manière que toutes les bonnes choses qui arrivent soient dues à la bonne force et toute la souffrance soit due à la mauvaise force.

Cette théorie semble bien plausible. En effet, certains chrétiens l’embrassent ; ils rendent le Diable responsable de la souffrance. Mais le dualisme n’est jamais approuvé dans la Bible. Dieu est le seul souverain de l’univers. Son autorité peut être opposée par des forces malveillantes mais ne peut jamais être contrecarrée.

Quelle est donc la place du Diable ? Selon Job c’est parmi les anges – en tant qu’un être créé sans aucun pouvoir sauf celui que Dieu lui permet.

Donc, nous trouvons dans Job 1:12 que Satan doit demander à Dieu la permission de dépouiller Job de ses biens ; et quand cela ne marche pas, il doit revenir dans le chapitre 2 demander un deuxième mandat. Du début jusqu’à la fin, la situation de Job n’est jamais hors du contrôle de Dieu – voilà la présupposition du livre. Ce qui arrive à Job est donc, dans un sens très réel, « la volonté de Dieu ». Job le reconnaît lui-même :

  • sur la perte de ses enfants : « le Seigneur a donné et le Seigneur a repris » (1:20)
  • en réponse à sa femme hargneuse : « tu parles comme une folle – nous recevrons de Dieu le bien, et pas aussi le mal ? »

Le dualisme ne suffit donc pas. On ne peut pas protéger Dieu de l’embarras du problème de la souffrance par rejeter toute la responsabilité sur le Diable, parce que le Diable (comme Pilate) « n’aurait aucun pouvoir, s’il ne lui avait pas été donné d’en haut ».

Sans doute cela aggrave le problème intellectuel de la souffrance, mais parallèlement, c’est une fondation totalement nécessaire pour être réconforté ou rassuré en temps de souffrance. Quand on essaie d’aider ceux qui vivent une tragédie, on trouve à maintes reprises que c’est seulement la conviction qu’en fin de compte Dieu maîtrise la situation et fait tout dans un but (même si l’on n’en sait rien) qui délivre du désespoir total. Appelez-le de la résignation, voire du fatalisme (quoique je conteste ce mot-là) – nous ne sommes pas abandonnés à notre sort dans un monde incertain où, pour autant que nous sachions, le mal pourrait triompher à la fin de la journée ! Non, Dieu est souverain et contrôle tout, y compris la souffrance humaine. Cette conviction est au centre de ce que la Bible veut dire par la foi.

Et c’est cette conviction qui nous amène à ces deux réponses alternatives au problème de la souffrance. Nous pouvons « faire l’autruche » et faire comme si nous le voyions pas, ou bien nous pouvons « faire face à la tempête » et l’affronter avec courage.

Dans Job c’est la seconde réponse qui est confirmée, bien que l’autre point de vue soit présenté, ne serait-ce que pour être rejetée. Car l’approche de « faire l’autruche » est l’école de pensée caractéristique des trois amis de Job.

Ils sont présentés dans 2:11 : Éliphaz, Bildad et Tsophar. Ces trois sont des exemples classiques de ceux qui « font l’autruche ». Ils sont scrupuleusement corrects d’un point de vue théologique, sûrs qu’ils représentent l’establishment religieux de leur époque, mais ils ferment les yeux et les oreilles sur quoi que ce soit qui ne s’adapte pas à ce cadre doctrinal rigide.

Je crois que nous puissions nous laisser être un peu cynique au sujet de leur but prétendu (2:11) « d’aller plaindre et consoler Job ». Avec de tels amis, il n’avait sûrement pas besoin d’ennemis ! Car, bien entendu, au bout du compte ils ne compatissent pas du tout à sa douleur – ils insistent qu’il a dû provoquer d’une façon ou d’une autre ses propres souffrances.

Je ne crois pas que l’auteur ait l’intention que nous concluions que leurs motifs manquent de sincérité. Éliphaz fait preuve d’une douceur exemplaire dans ses premiers lignes (chapitre 4). Dit-il : « On attendait mieux de votre part, mon vieux. Pensez à tous les bons conseils que vous avez autrefois offerts aux autres. Il est temps maintenant de tenir compte de vos propres conseils ».

Mais le problème est que la position théologique de Job sur la souffrance a changé par suite de son expérience personnelle. Alors que la discussion s’avance, les amis découvrent qu’il est furieux et ressent de l’amertume à propos de ses circonstances. Il n’est pas disposé à accepter leur analyse de ses problèmes et critique de plus en plus durement leurs soi-disant solutions. En conséquence, les amis deviennent de plus en plus intolérants et hostiles envers lui – la sympathie et la consolation cèdent à des reproches et à des réprimandes.

Le livre est construit autour de trois cycles de discours ; chaque ami donne à Job le bénéfice de son conseil et Job y répond.

  • Éliphaz, découvrons-nous, a du mystique en lui. Il attribue sa sagesse à un rêve étrange.
  • Bildad, c’est tout à fait un traditionaliste. Il fait appel aux « pères de l’église » pour étayer ses opinions.
  • Tsophar est le piétiste simpliste. Il jaillit tout le temps des clichés super spirituels et les considèrent comme la sagesse.

Quel que soit le fondement pour leurs opinions, les trois « consolateurs » sont cependant unis dans l’analyse théologique de souffrance qu’ils offrent à Job.

Éliphaz la précise succinctement dans son premier discours :

« ceux qui labourent l’iniquité et qui sèment l’injustice en moissonnent les fruits » 4:8

La souffrance, autrement dit, est une forme de rétribution. Elle résulte du péché. Si l’on souffre, c’est parce qu’on est malfaisant. Les innocents ne souffrent pas, seulement les pécheurs. De même que le labour et l’ensemencement précèdent la récolte, de même, le péché est le précurseur inévitable de la souffrance. Chacun des trois amis réitère cette doctrine centrale. La rétribution est une réaction automatique divine à n’importe quoi méchant, une loi mécanique de la cause et l’effet comme la loi de gravité, que rien ne peut contredire.

Mais voilà le problème – Job la contredit effectivement. Job est une anomalie ne correspondant pas à leur loi scientifique de rétribution. C’est un pilier de la respectabilité morale, néanmoins, sa propriété a été ravagée, sa famille tuée, sa santé ruinée. Comment les trois amis sont-ils censés concilier ce poisson hors de l’eau avec leurs idées préconçues ?

Leur réponse est de faire l’autruche. Ils ferment les yeux sur l’innocence évidente de Job et insistent qu’il doit y avoir une explication à sa souffrance qui est compatible avec leur théorie.

Bildad suggère que les enfants de Job doivent avoir commis un péché, ce qui n’explique évidemment pas la maladie de Job.

Éliphaz constate que tous ont péché, ce qui passe à côté de la question, puisque Job ne prétend jamais être totalement sans péché – il affirme simplement que sa souffrance est complètement hors de proportion avec un quelconque péché mineur qu’il a peut-être commis, comme n’importe quel autre homme.

Mais la seule chose qu’aucun des « consolateurs » ne fera est de renoncer à leur théorie de la rétribution. Ils préféreraient contredire tout ce qu’ils savent de leur voisin et croire qu’il s’adonne à quelque sorte de vice en secret. Donc, avec cruauté croissante, ils sont obligés de l’accuser dans cet esprit.

Dans le chapitre 22 Éliphaz suggère que Job a dû obtenir sa richesse de façon injuste, en exploitant les faibles et en négligeant les pauvres. Ils suggèrent même que lorsqu’il proteste de son innocence, il aggrave son péché par refuser de l’admettre. Il ne peut rien dire qui les fera s’éloigner de cette position intransigeante : il est sans doute pécheur, car seuls les pécheurs souffrent.

Cependant, Job ne les laissera pas le persuader de faire des confessions fausses à la suite de leurs harcèlements. Il ne s’allongera pas sur leur lit de Procruste, c.-à-d., il ne se conformera pas à leur théorie de la rétribution divine. Peut-être feront-ils l’autruche, eux – mais pas lui ! Comme il l’exprime :

Bien loin de vous donner raison, jusqu’à mon dernier souffle, je maintiendrai mon innocence. Je tiens à ma justice et ne lâche pas; ma conscience ne me reproche aucun de mes jours. (27:5-6)

Autrement dit, je ne développerai pas artificiellement une mauvaise conscience simplement pour satisfaire vos théories de la souffrance. Je suis une bonne personne qui ne mérite pas ce traitement-là. C’est un fait et je refuse de le dénier.

Ici, Job me fait penser à Galileo, l’astronome pionnier qui était le premier à voir les lunes du Jupiter à travers une longue-vue primitive. Suggérer à cette époque-là que les corps célestes tournent l’une autour de l’autre aurait été considéré comme une hérésie, donc Galileo a invité les professeurs de l’université de Padua à venir voir pour eux-mêmes. Mais, fait significatif, ils ont refusé. Ils savaient déjà ce qu’ils croyaient et Galileo ne pouvait rien leur montrer à travers sa longue-vue qui pût les faire changer d’avis. Finalement, l’Inquisition a même tourmenté Galileo et l’a forcé à abjurer sa nouvelle théorie géocentrique du système solaire. C’était un exemple classique de la constatation scientifique des faits se heurtant au préjugé théologique né des théories erronées. Et on voit ici chez les trois amis le même type d’adhésion obscurantiste à des idées préconçues. Job doit être pécheur, argumentent-ils. Ils ne regarderont pas les faits d’aucun autre point de vue. Faire ainsi menacerait trop leur position. Ils préféreraient faire l’autruche.

Si je peux m’écarter un peu du sujet – je ne peux pas résister à l’observation que tout cela présente une certaine similarité avec les protestations actuelles au sein de l’Église sur la question gay. Encore une fois il y a une position traditionnelle sur l’homosexualité, à savoir, qu’elle est toujours et invariablement immorale. Tout homosexuel, par définition, doit donc être moralement corrompu et maudit par Dieu. Voilà la théorie. Quelque souvent que les traditionalistes soient affrontés à des gays chrétiens témoignant d’une sensibilité spirituelle, cette théorie ne peut pas être abandonnée. Ces homos-là doivent secrètement s’adonner au vice sur une échelle massive, argumentent-ils. Les trois amis préférerait faire l’autruche sur cette question plutôt que considérer l’alternative pénible que leur perspective théologique sur ce point pourrait être erronée à certains égards.

Ceux d’entre nous qui sont chrétiens et gay se trouvent dans bien des cas marginalisés voire ostracisés au sein de l’Église pour la même raison que Job. Nous sommes en contradiction avec leur théorie. Nous ne nous flagellerons pas avec des confessions artificielles ni avec des remords forcés. Nous n’allons pas faire l’autruche ni dénier notre orientation sexuelle. Non, nous faisons face à la tempête – bien que, comme dans le cas de Job, cela implique de subir l’intolérance et l’hostilité de ceux autrefois considérés comme des amis.

Bon, si Job a un conseil à nous donner, c’est le suivant : n’ayez pas peur de regarder Dieu droit dans les yeux au sujet de votre orientation sexuelle. Dites-lui exactement ce que vous pensez, comme l’a fait Job, peut-être avec une franchise qui était parfois imprudente.

« Je ne retiendrai plus mes plaintes – fais-moi savoir ce que tu me reproches » (10:1-3)

Comme nous avons vu, deux propositions sont au centre des arguments des trois amis :

  • Tous les méchants souffrent.
  • Tous ceux qui souffrent sont méchants.

Alors, comme le dit Job, les deux sont fausses.

« Tous les méchants souffrent » ? Au contraire – les méchants prospèrent (21:7-34). Il ne serait pas difficile de trouver des exemples contemporains qui confirment la prétention de Job : voleurs de banque qui vivent dans le luxe, dictateurs qui meurent dans leurs lits, assassins d’enfant qui échappent à la capture. C’est un monde injuste, et seul un romantique rêveur pourrait suggérer autre chose.

« Tous ceux qui souffrent sont méchants » ? Au contraire, comme le dit Job, je souffre en innocence, une contradiction vivante de votre théorie. Dans le chapitre 31, la consommation de sa série de discours, il fait une déclaration sous serment affirmant son innocence. Il fait la liste de toutes les accusations qui, d’après ses amis, avaient causé ses souffrances, et leur plaide « non coupable ». Affrontez la réalité est le défi qu’il leur lance : « je souffre en innocence alors que des milliers des méchants vivent dans la prospérité. Votre théorie de la rétribution ne fait que vous amener à lancer de fausses accusations contre moi ».

« Vous inventez des mensonges ». (13:4)

Autrefois j’aurais pu parler comme vous – j’aurais pu faire de pareils discours impressionnants, mais quelque chose m’est arrivé depuis qui, comme la constatation de Galileo des lunes du Jupiter, a mis des bâtons dans les roues de ces théories théologiques que nous avions en commun autrefois.

Vous affirmez que Dieu est souverain – bon, d’après mon expérience il est arbitraire et despotique.

Vous affirmez que Dieu est sage – bon, d’après mon expérience il est tout à fait impénétrable et irraisonné.

Vous affirmez que Dieu est juste – bon, d’après mon expérience ce n’est pas tant qu’il est, par définition, complètement irréprochable – en ce qui le concerne, l’idée entière d’un procès équitable est hors de question, car il est à la fois juge, jury et procureur.Il rédige le livre de loi et l’exécute. Il n’y a aucune séparation des pouvoirs dans sa Charte des droits. Ses arguments ne peuvent être contredits, ses verdicts incontournables, ses jugements irrésistibles. Quoi qu’il fasse, il n’est responsable devant personne en dehors de lui-même.

Alors, soyons réalistes : Dieu peut tout faire impunément ! Et dans mon cas, il l’a fait ! Comment se fier à un tel Dieu ? Au contraire, devant lui, je suis terrifié ! (23:13-16)

Or, on aurait pu penser, vu que la confiance de Job en la bonté et en la fiabilité de Dieu était tellement sapée, que, comme Russell, il aurait complètement abandonné la communauté de foi pour devenir un athée.

Un « démon sardonique » est ce que Russell a appelé Dieu, et Job suggère quelque chose d’approchant dans 10:3 :

« Te paraît-il bien de maltraiter, de repousser l’ouvrage de tes mains, et de faire briller ta faveur sur le conseil des méchants? »

Le sarcasme y est plein d’amertume. Tout de même, chose inattendue, bien que les plaintes de Job soient précisées avec beaucoup de franchise et soient parfois tellement outrancières qu’elles frisent le blasphème, il n’abandonne jamais Dieu. En dépit de toutes ses affinités avec Russell, il ne devient jamais incroyant. C’est tout à fait un homme de foi, mais un homme de foi qui ne fera pas l’autruche, qui insiste pour faire face à la tempête.

Cela rappelle les vers de Tennyson dans In Memoriam :

« Il y a plus de foi dans un doute honnête que dans la moitié des dogmes »

Voyez-vous, correctement compris, cette lutte spirituelle que nous observez dans Job fait preuve, non de la faiblesse de sa prise sur Dieu, mais de sa ténacité et sa résistance étonnantes. Ses amis se satisfont de la théorie, contents de Dieu comme « abstraction intellectuelle ». Ils croient en Dieu dans la même façon dont un scientifique croit en la loi de gravité : Dieu était « une explication » qui les permettait de voir de la logique et de l’ordre dans des phénomènes constatés.

Mais pour Job qui souffrait, cela ne suffisait plus. Peut-être avait-il été autrefois content de Dieu comme théorie, mais maintenant son engagement existentiel avec la douleur l’avait amené à désirer quelque chose de beaucoup plus profond. Job a envie d’une relation personnelle avec Dieu. Il croit que c’est seulement dans le contexte d’une telle rencontre que ses questions tourmentées puissent être résolues.

A maintes reprises, donc, nous l’observons en train de chercher ce type de relation. Nous le découvrons en train de prier, par exemple – des prières fâchées et amères, c’est vrai, mais des prières tout de même. Et nous ne voyons jamais les trois amis s’engager dans la prière. Car celui qui prie va bien au-delà de la réflexion théologique théorique et demande une audience concrète avec Dieu.

Et hors du creuset brûlant de ces prières, de temps en temps nous voyons en émerger une soudaine lueur d’assurance :

Dans 13:15, par exemple : « Bien qu’il me tue, néanmoins je me confierai en lui »

Job constate correctement que le simple fait qu’il a envie de parler avec Dieu témoigne de sa vertu essentielle. L’homme dont la conscience est troublée s’éloigne de Dieu autant que possible. Quand même, il désire vivement avoir des rapports avec Dieu. C’est ce désir ardent qui distingue Job de ses trois amis plus que toute autre chose et qui le soutient sous l’assaut impitoyable de leurs conseils cruels et hors de propos.

Ce n’est nulle part exprimé de façon plus émouvante que dans 23:3-10 :

« Oh ! si je savais où le trouver »

Voilà le Croyant, peut-être enfermé dans le château d’Incertitude et peut-être aveuglé par le vent d’Adversité une bonne partie du temps, néanmoins, de temps en temps, il parvient à entrouvrir ses paupières pour voir le soleil.

En effet, une fois, par cette fenêtre transitoire de révélation, il entrapercevoit quelque chose que très peu de gens dans l’Ancien Testament ont jamais vu – l’espoir de la vie au-delà de la mort, et quelqu’un qui plaiderait efficacement sa cause à la droite de Dieu, non dans cette vie, mais dans le monde à venir :

Car je sais que mon rédempteur est vivant, et qu’au dernier jour il se tiendra debout sur la terre. Et bien qu’après cette peau, des vers détruiront ce corps, toutefois en ma chair je verrai Dieu. Lequel je verrai pour moi-même; et mes yeux le contempleront, et non un autre ; encore que mes reins se consument en moi. (19:25-27)

De tels aperçus inspirés coupent le souffle à Job. Il sait que Dieu est insaisissable ; pour que Job le rencontre, Dieu doit donc se révéler. Job ne peut pas le trouver par ses propres efforts, car quelle que soit la direction qu’il choisit pour son voyage, il ne peut jamais découvrir le chemin de la demeure de Dieu. Mais, quelque insaisissable que soit Dieu, Job n’est plus satisfait du substitut des théories sur Dieu faites par l’homme. Seule une rencontre personnelle lui suffira maintenant.

Et, au point culminant du livre, c’est exactement ce que Dieu lui accorde :

38:1 « Alors le Seigneur répondit à Job du cœur de la tempête … »

Il est rapporté que Martin Luther a réprimandé Erasmus, l’érudit humaniste, ainsi : « vos pensées de Dieu sont trop humaines ». Un reproche semblable est au cœur de ces derniers chapitres. Une partie du problème de Job semble avoir été que, comme Erasmus, il avait été trop influencé par les rationalistes. Ces derniers s’étaient attendus à ce que la façon dont l’esprit de Dieu fonctionne serait intelligible pour l’esprit humain – comme la loi de gravité, les voies de la justice divine pouvaient être dénouées par l’esprit humain. Et Job accepte fondamentalement cette présupposition. C’est pour cette raison qu’il veut plaider sa cause avec Dieu comme un avocat – il s’attend à des explications rationnelles à ce qui se passe.

Mais ce qu’il trouve est qu’une telle interprétation de la souffrance n’est pas possible, et l’impossibilité engendre une dissonance cognitive tortueuse dans son esprit qui est à la base de toute sa confusion et de toute sa turbulence émotionnelle.

Cependant, l’ironie est que même s’il était possible d’expliquer la souffrance dans quelque cadre théologique rationnel, cette explication ne satisferait vraiment pas le besoin réel de nos cœurs. On serait tenté de l’appeler « une piètre consolation », car ce que Job découvrit par ses expériences dans le creuset de la souffrance est que les théories sur Dieu ne suffisent pas. Il désire vivement Dieu lui-même – l’expérience ressentie de Dieu en personne – quelque chose de plus profond que la simple philosophie de Dieu. Il aspire, non à lire dans les pensées de Dieu, mais à toucher son cœur !

Et dans ce chapitre 38 culminant, Dieu offre justement une telle rencontre. Il n’essaie pas de dénier l’innocence protestée par Job ; mais il ne cède pas non plus aux demandes de Job pour quelque sorte d’audition légale de son affaire. Il ne présente aucune compte rationnel de la souffrance de Job, aucune justification morale. Au lieu de cela, il noie simplement pauvre Job dans un déluge de questions rhétoriques et de défis ironiques.

« Tu as des questions ? Bon, j’ai également des questions pour toi : explique l’univers en moins de 500 mots avec des exemples » (38:4)

« Job comprend-il les forces fondamentales de l’univers ? demande-t-il. Peut-il l’emporter sur Stephen Hawking et dénouer le mystère de la création ? A-t-il voyagé aux coins du monde les plus reculés ? Peut-il maîtriser le climat ? Peut-il ranger les constellations célestes ? Surveille-t-il les animaux sauvages ? Peut-il dompter l’hippopotame puissant ou apprivoiser le crocodile féroce ? »

Le torrent de questions sans réponse possible s’éternise. Le poème entier est une grande exposition sur la merveille du monde de Dieu –employant une large variété d’illustrations, depuis la cosmologie jusqu’à la zoologie.

Quel est l’objectif de Dieu ? Essaie-t-il de rassurer Job qu’après tout, il y a un ordre rationnel dans l’univers ? Suggère-t-il qu’il y a un cadre de logique scientifique qui peut totalement expliquer tous les phénomènes et toute l’expérience de façon tout à fait satisfaisante à l’esprit humain ?

Non, bien au contraire, si l’on l’examine de près on découvre que justement ces aspects de la création témoignant de l’incompréhensibilité du monde de Dieu sont sélectionnés, aspects sans aucune pertinence par rapport à un quelconque but ultime que Dieu puisse avoir :

  • Pourquoi Dieu se soucierait-il des animaux sauvages – à quoi servent-ils ?
  • Quel est son intérêt dans les étoiles lointaines – pourquoi les créer ?
  • Pourquoi donc fabriquer un oiseau coureur aussi excentrique que l’autruche ?

Il y a tant dans la création qui semble aussi dénuée de sens que la souffrance de Job lui semble. Est-ce que cela veut dire qu’il n’y a aucune sagesse dans la création – ni aucun but ultime ? Évidemment que non – mais cela veut bien dire qu’en ce qui nous concerne – les êtres humains – c’est une sagesse impénétrable – un plan caché – un but secret.

C’est peut-être pourquoi Dieu lui répond du cœur de la tempête : un phénomène naturel de ce qui est l’antithèse exacte d’un système mathématique ordonné. La tempête représente l’anéantissement et l’imprévisibilité, et c’est hors du cœur de ce cyclone de chaos irrationnel que parle Dieu (38:40) :

Si tu crois avoir le droit de tout comprendre, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout ? Revêts-toi d’omnipotence divine et gouverne l’univers toi-même ! Mais oui, je voudrais bien un jour de repos ! Prends les rênes un moment ! Si tu arriveras à faire cela j’admettrai volontiers que je t’ai sous-estimé. Une intelligence telle que la tienne aurait certainement dû être fournie d’une explication complète pour mes actes. Comment aurais-je pu être tellement négligent que j’ai laissé quelqu’un aussi sage que toi dans l’ignorance ! Mais alors, si tu pouvais gouverner le monde de cette manière, tu n’aurais besoin ni de mon soutien ni de mes explications, n’est-ce pas ? Car tu serais Dieu toi-même – ton propre créateur, ton propre libérateur. Tu « t’habillerais de splendeur et de gloire » – tu pourrais te sauver toi-même !

Dans les années 1930, George Bernard Shaw a écrit une apologie mordante de l’athéisme intitulée « Les aventures d’une jeune fille noire à la recherche de Dieu » (The Adventures of a Black Girl in Search of God). Dans un certain chapitre, il ridiculise Dieu, le qualifiant d’un « mauvais débatteur » qui essaie de s’empêcher d’échouer en employant deux ruses d’avocat anciennes :

  • « Quand vous manquez d’un argument, insultez l’opposition »
  • « Quand votre argument est faible, criez encore plus fort »

Job a demandé une explication au problème de la souffrance innocente : comment un Dieu juste peut-il la permettre ? Ce n’est pas de réponse valable, insiste Shaw, de se moquer de lui parce qu’il ne peut pas attraper un crocodile ! Ce n’est pas de réponse – c’est qu’un ricanement dédaigneux.

Il est facile de compatir à l’insatisfaction de Shaw. Pourtant, ironiquement, je soupçonne que la réaction de Shaw à ces derniers chapitres explique en grande partie pourquoi il était incroyant et n’aurait jamais pu être heureux au paradis.

Voyez-vous, comme Job, Shaw avait été éduqué dans un climat intellectuel qui était trop influencé par le rationalisme. Il voulait, lui aussi, que l’univers soit totalement explicable par l’homme. Tout recours au mystère était une échappatoire anti-intellectuelle et anti-scientifique.

Et tant que nous, comme Shaw, insisterons que Dieu nous doit une explication rationnelle de la manière dont il fait fonctionner son univers avant que nous soyons prêts à daigner croire en lui, la foi nous éludera toujours. Car un Dieu qui peut complètement s’expliquer à l’homme est, comme l’a dit Luther, « un Dieu trop humain ». Et un « Dieu humain » est en fin de compte un Dieu superflu. Qui aurait besoin d’un Dieu qu’on pouvait tout à fait comprendre ? On peut être son propre Dieu si on est aussi ingénieux que ça !

Bien sûr, Dieu de la Bible s’adresse à notre raison. En effet il nous donne un aperçu intellectuel des mystères de son esprit. Il a inspiré les prophètes à cette fin précise. Et à cause de cette révélation de l’esprit divin, nous pouvons oser prétendre comprendre quelque chose de Dieu. Nous pouvons même prétendre être « théologiens » – ceux qui étudient la science de la connaissance de Dieu. Mais si nous croyons que cela signifie que Dieu nous donna ou nous doit une explication totale à tout ce qui arrive, alors, ce n’est pas simplement que nous nous trompons, c’est que nous sommes affreusement orgueilleux : notre arrogance rationaliste nous amena à croire, comme Job, que nous puissions mettre Dieu au banc des accusés – quand, à vrai dire, c’est là notre place à nous – toujours et chaque fois.

Car nous sommes des créatures : il est notre Créateur. Cette asymétrie fondamentale met une limite à notre compétence théologique. Nous devons nous attendre à ce que nos théories vont parfois s’effondrer, et ce qui nous restera sera le choix entre l’incroyance ou le recours au mystère. Si ce n’était pas le cas, Dieu ne serait pas Dieu.

A ce moment-là, ce n’est pas notre intelligence qui est mise à l’épreuve, c’est notre humilité.

Job avait besoin d’être amené à une vue de lui-même plus humble, et de se rendre compte des limitations de sa propre compréhension et importance. A ce propos, remarquez la manière dont il parle dans le dernier chapitre (42:1-6). S’il y a un but révélé derrière sa souffrance dans ce livre, il se peut que ce soit là où on doit le chercher : dans ces mots « C’est pourquoi je me condamne et je me repens sur la poussière et sur la cendre ».

Avez-vous jamais dit de tels mots ?

Est-ce que vous, avec Job, avez jamais ressenti la majesté ineffablement merveilleuse de Dieu – une majesté qui nous lance aussitôt dans un sentiment humiliant de notre propre insignifiance, mais quand même, nous appelle simultanément par une extase interne mystérieuse à la communion personnelle ?

Job avoue qu’il avait théoriquement connu Dieu (« mon oreille avait entendu parler de toi ») ; mais la théorie n’avait pas suffi – non à l’heure de sa souffrance et de son deuil.

Vous constaterez la même chose. Il se peut que vous soyez né au sein d’une culture chrétienne, éduqué dans une école chrétienne, baptisé dans une église chrétienne, formé dans une université biblique évangélique – mais toute l’expérience religieuse et toute la connaissance théologique du monde ne signifieront rien pour vous si Dieu vous entraîne dans des circonstances contredisant les théories traditionnelles enseignées par la communauté chrétienne. En fait, notre expérience chrétienne devient une pierre d’achoppement dans de telles circonstances. Car, dans notre orgueil, celle-là nous fait penser que nous avons un droit à des explications – notre théologie devrait pouvoir se débrouiller ! Non, elle ne peut jamais surmonter le mystère profond de la souffrance :

« J’ai parlé d’un sujet trop ardu, je n’y comprenais rien et ne le savais pas ».

Il y a un million de choses que nous ne comprenons pas – plus la science découvre de nouvelles explications, plus elle pose de nouvelles questions. Et parmi ces questions insondables, cachée dans l’abîme des conseils éternels de Dieu, se trouve l’explication ultime au problème de la souffrance innocente.

(Je vous suggère que le but divin de l’orientation homosexuelle soit également caché dans ces conseils-là.)

Mais pour l’instant, de telles explications ne nous sont pas connaissables. Les chrétiens qui insistent qu’ils connaissent les explications ont tort. Et ils sont de mauvais conseillers parce que, comme les trois amis de Job, ils finissent par accuser à tort les innocentes afin de faire leurs fausses théories sembler valables.

Nous n’avons pas besoin d’être intimidés par eux. Car notre expérience anormale est en fait un privilège ; si nous y répondons correctement, elle peut nous amener à une entièrement nouvelle dimension de compréhension spirituelle.

Quand la douleur tourmente notre corps, quand les fantasmes qui ne sont pas bienvenus envahissent notre sommeil, lorsque des amis s’unissent pour nous condamner, lorsque la mort plane sur notre – alors, ce n’est pas un manuel de théologie que nous avons besoin de lire ; ce n’est même pas ce discours que nous avons besoin d’écouter !

Seule une rencontre personnelle avec le Dieu vivant suffira dans une telle situation : une rencontre qui va au-delà des théories intellectuelles de seconde main et parvient à l’expérience de première main de nos cœurs :

« Jusqu’à présent j’avais seulement entendu parler de toi. Mais maintenant, mes yeux t’ont vu. »

Il se peut que certains d’entre vous connaissent bien la poésie étrange et évocatrice de Gerard Manley Hopkins, le jésuite victorien. Sa poème majestueuse, Le naufrage du Deutschland, a été écrite à la suite d’une tempête en mer qui a coûté de nombreuses vies, y compris un groupe de religieuses. La nouvelle de leur mort a nettement horrifié Hopkins. Dans sa poème il se projette lui-même de façon imaginative dans la position d’une personne sur le pont du navire endommagé alors qu’ils font face à l’éventualité de la noyade imminente. Et à travers l’obscurité de cette anticipation terrifiante, il aperçoit, comme Job, non un tourbillon de chaos dénué de sens, mais le visage de majesté infinie :

Toi qui me domptes, Dieu
Qui donnes le souffle et le pain
Grève du monde, ondulation de la mer
Seigneur des vivants et des morts
Mes os et mes veines as-tu liés
Ma chair fixée
Et après qu’elle, apeurée, a presque défait ton œuvre.
Et me touches-tu à nouveau ?
Encore je sens ton doigt
Et te trouve.

En ces vers forts, Hopkins avoue qu’en fin de compte, comme Job, il n’a pas d’explications. Au lieu de cela, il a découvert à quel point il est impertinent de croire avoir le droit de demander des explications. Comme Luther, il s’est humblement rendu compte de l’absurdité de croire en un « Dieu trop humain ».

Naturellement, la raison humaniste n’acceptera jamais cela. Dans son arrogance elle est trop prométhéenne pour se mépriser et pour repentir sur la poussière et sur la cendre. Voilà pourquoi c’est idolâtre. Voilà pourquoi Dieu doit la juger.

Mais croyez-moi. Non – croyez Job. La seule façon dont l’âme souffrante puisse trouver de la paix – le seul endroit où des créatures de la poussière telles que nous puissent s’attendre à trouver Dieu – est dans l’humilité.

Peut-être que vous trouverez cette expérience dans votre tempête privée comme l’a fait Job. Ou bien peut-être que vous la trouverez, comme l’ont fait certains d’entre nous, au pied de la croix. Notre foi chrétienne, basée sur le Nouveau Testament, et la foi de Job, basée sur l’Ancien Testament, mettent l’accent sur des points différents. Je crois que Job avait envie de découvrir l’autre point de vue, et il se peut qu’il l’ait entraperçu de temps en temps avec pénétration prophétique. Notre foi centre sur la souffrance. Nous révérons un homme au supplice, pendu à une croix – un homme vertueux dont l’innocence était plus dignement révolté par le caractère immérité de sa souffrance que Job aurait jamais pu être. Un homme qui a terriblement souffert – encore plus terriblement que Job – jusqu’à la mort. Et qui a crié pendant ses derniers moments, comme Job, « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Il est étrange que nous considérions cela comme le centre de notre foi – car n’avons-nous sûrement pas argumenté qu’une telle vision devrait être au-dessus de toute chose qui contredit la foi ?

Mais non – voilà le dernier paradoxe, où le cœur découvre ses raisons que la raison ne peut pas connaître.

Au pied de la croix :

  • nous trouvons le visage humain de Dieu que Job a tellement voulu voir
  • nous découvrons l’espoir au-delà de la mort que Job a tellement voulu posséder

C’est là où, plus choquant et quand même plus réconfortant que tout autre mystère divin, nous trouvons un Dieu qui souffre avec nous – mais non, encore mieux, un Dieu qui souffre pour nous.

Nous faisons comme si c’étaient des explications que nous cherchons, mais ce n’est vraiment pas le cas, pas au moment critique. C’est l’assurance que Dieu est à nous – que nous appartenons à lui et lui à nous – que nous avons vraiment envie de posséder. Car après avoir reçu cela, nous pouvons endurer tout.

Voilà le miracle que nous voulons – et au pied de la croix, c’est le miracle que nous obtenons.

© Roy Clements. Tous droits réservés.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quelle ouverture, quelle plaisir de trouver ces mots...