Jean 14:1-17 « Confiance en Dieu et en qui ? »
par le Dr Ralph Blair
Les trois sermons de ce week-end sont tirés du 14e chapitre de l’Evangile selon Lazare. (Ben Witherington) Ou est-ce Thomas ? (James Charlesworth) Ou peut-être Marie de Magdala ? (Esther de Boer) Ces trois personnes ont toutes été suggérées comme auteurs possibles de l’Evangile qui – depuis le deuxième siècle jusqu’à la plupart du XVIIIe siècle – était attribué à Jean, le disciple de Jésus qui s’appelait « celui que Jésus aimait ».
Techniquement, bien sûr, cet évangile, le dernier des quatre dans notre Bible, est anonyme.
Les érudits voient des indices internes et externes que Jean était bien l’auteur, et le débat actuel sur la paternité de l’évangile se limite principalement à un petit groupe de spécialistes.
En tout cas, celui qui écrivit cet évangile était intimement lié au ministère de Jésus. Et il y a des signes de la langue araméenne derrière le texte grec, ainsi qu’une connaissance des influences hellénistiques qui auraient été familières à tout Galiléen.
Jean et son frère aîné, le disciple Jacques, étaient fils de Zébédée, un pêcheur galiléen. Vous vous rappelez peut-être que leur mère était la ‘mère poule’ qui essaya de persuader Jésus de nommer ses fils aux meilleurs postes administratifs dans ce qui serait, croyait-elle, son règne à venir sur terre. Jean est celui qui se précipita vers le sépulcre et, probablement en raison de sa jeunesse, dépassa Pierre pour vérifier le rapport de Marie de Magdala sur le corps manquant de Jésus.
Tandis que Hérode fit décapiter Jacques peu de temps après la crucifixion de Jésus, Jean vécut jusqu’à un âge avancé à Ephèse, ayant pris soin de la mère de Jésus chez lui, en réponse à l’invitation de Jésus sur la croix. Cet évangile fut écrit en 90 après J.C. environ. Si Jean avait été dans ses années 20 pendant le ministère terrestre de Jésus, il aurait eu entre 75 et 85 ans en 90 après J.C.
Le but du livre entier est d’évangéliser, comme fait remarquer l’auteur à la fin : « Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom ». (20:31)
Ici dans le 14e chapitre, on est à la fin du dernier repas de la Pâque juive que partageait Jésus avec ses disciples – ce que les chrétiens appellent « la Cène ». Ce qui suit est le dernier des discours donnés par Jésus avant d’aller sur la croix.
On y lit :
Jésus dit à ses disciples : « Arrêtez de vous inquiéter. Ayez confiance en Dieu et ayez aussi confiance en moi. Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures ; si ce n’était pas vrai, je vous l’aurais dit : en effet je vais vous préparer une place.
« Lorsque je vous aurai préparé une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que vous soyez, vous aussi, là où je suis.
« Vous connaissez le chemin qui conduit où je vais ».
Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous en connaître le chemin ? »
Jésus lui répondit : « Je suis le chemin, la vérité, la vie. Personne ne peut aller au Père autrement que par moi. Si vous me connaissiez vraiment, vous connaîtriez aussi mon Père. Et dès maintenant vous le connaissez, vous l’avez vu ».
Philippe intervint : « Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffira ».
« Eh quoi, lui répondit Jésus, après tout le temps que j’ai passé avec vous, tu ne me connais pas encore, Philippe ? Celui qui m’a vu, a vu le Père. Comment peux-tu dire : ‘Montre-nous le Père’ ? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et le Père est en moi ? Ce que je vous dis, je ne le dis pas de moi-même : le Père demeure en moi et c’est lui qui accomplit ainsi ses propres œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père et le Père est en moi. Sinon, croyez au moins à cause des œuvres que vous m’avez vu accomplir.
« Vraiment, je vous l’assure : celui qui croit en moi accomplira lui-même les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes parce que je vais auprès du Père. Et quoi que ce soit que vous demandiez en mon nom, je le réaliserai pour que la gloire du Père soit manifestée par le Fils. Je le répète : si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai.
« Si vous m’aimez, vous obéirez à mes commandements. Je demanderai au Père de vous donner un autre Défenseur pour vous venir en aide, afin qu’il soit toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité, celui que le monde est incapable de recevoir parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas. Quant à vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous ».
« Arrêtez de vous inquiéter ! »
Voilà ce que Jésus dit à ces disciples : « Arrêtez de vous inquiéter ! »
Naturellement, ils s’inquiétaient. Jésus avait parlé de sa prochaine mort. Il venait de se référer à un traître parmi eux. (Jean 13:21) Et il leur avait dit qu’il allait partir sans eux, et ils ne pouvaient pas l’y suivre. (13:33,36) Pourquoi donc ne s’inquiéteraient-ils pas ?
Or, comme certains d’entre vous m’ont entendu dire ad nauseam, cela ne sert à rien de dire à quelqu’un de ne pas s’inquiéter. L’inquiétude est involontaire et n’est pas soumise aux ordres de s’arrêter. L’inquiétude est un sentiment, et on ne peut pas ordonner à un sentiment d’arrêter. Jésus ne s’en rendait-il pas compte ? Jésus ne savait-il pas que cela n’avait pas de sens d’ordonner aux disciples d’arrêter de s’inquiéter ? Jésus ne savait-il pas qu’un sentiment découle de ce qu’on pense, de ce qu’on se dit à soi-même ? Et la pensée qui fait s’inquiéter est la conviction qu’on est en danger.
Eh bien, Jésus le savait très bien. Il savait que cela n’avait pas de sens de simplement commander un sentiment. Et il n’a pas fait cela. Il savait que si ses disciples pouvaient repenser la conviction qu’ils étaient en danger, leurs inquiétudes se dissiperaient. Mais à moins qu’on n’ait une raison suffisante pour changer d’avis sur la pensée derrière le sentiment, on ne peut pas changer d’avis. On est alors coincé avec le sentiment non voulu.
Jésus savait qu’il lui fallait détourner ses disciples de la conviction qu’ils étaient en grand danger. Voilà pourquoi Jésus ne leur dit pas tout simplement de ne pas s’inquiéter. Il leur dit ce dont ils avaient besoin d’entendre pour changer d’avis. Il confirma sa déclaration qu’ils devraient « arrêter de s’inquiéter » en leur rappelant de continuer à avoir confiance à Dieu. Ici la construction grecque pourrait être soit indicative, soit impérative – une description de ce qu’ils faisaient déjà ou une directive pour faire ainsi. Il y en a probablement un élément de chacune. Il y a toujours une raison d’approfondir notre confiance en Dieu. Et c’est la confiance en Dieu qui répond aux inquiétudes. Comme l’expliqua Jean Calvin : « Lorsque nous voyons un Pilote guider le navire dans lequel nous voyageons, celui qui ne nous permettrait jamais de périr, même au beau milieu des naufrages, il n’y a aucune raison pour que nos esprits soient accablés de peur et de lassitude ».
Mais à sa déclaration « Ayez confiance en Dieu » il ajouta : « ayez aussi confiance en moi ». Là, dans un parallélisme sémitique typique, Jésus joignit deux déclarations qu’aucun juif n’aurait dû prononcer dans une seule phrase.
« Ayez confiance en Dieu et aussi en moi ».
« Ayez confiance en Dieu et aussi en moi » ? Même certains pasteurs des méga-églises de nos jours, atteints de mégalomanie, y réfléchiraient à deux fois avant de pousser leurs fidèles d’avoir « confiance en Dieu et aussi en moi ». Que penseriez-vous si McCain ou Obama disaient cela ? Que penseriez-vous si je disais cela, moi – ou si votre meilleur ami ou votre partenaire le disait ? Vous penseriez que quelqu’un qui disait une telle chose est vachement fou. Et, selon le DSM-IV, « vachement fou » est un trouble mental. [Le Dr Blair plaisante, bien entendu. Le DSM-IV est le manuel des troubles mentaux publié par l’Association des psychiatres américains (APA). – Traducteur]
Il serait assez bizarre de dire une chose pareille aujourd’hui. Mais qu’un juif du premier siècle ait dit une chose pareille à Jérusalem, le siège de la religion la plus profondément monothéiste que le monde n’avait jamais vue, ne serait pas simplement bizarre, mais blasphématoire – une abomination.
Et pourtant, Jésus le dit. Et il le dit à des hommes qui avaient vécu avec lui pendant trois ans. Qui oserait faire une remarque pareille à ceux qui l’avaient accompagné pendant trois ans ? Gardez à l’esprit, ces gars ne savaient pas qui ils étaient. Ils ne savaient pas qu’ils étaient Saint Pierre et Saint André et Saint Thomas et les autres saints. Ils ne se considéraient l’un l’autre que comme Pierrot, Dédé, Thom et les autres gars. Et ils ne voyaient pas Jésus depuis l’autre bout de 2.000 ans de l’histoire universelle.
On avait toujours dit aux juifs d’avoir confiance dans le Seigneur. Mais aucun juif n’avait jamais demandé à d’autres juifs d’avoir confiance en Dieu et aussi en lui-même ! César essaya de leur dire d’avoir confiance en lui en tant qu’un dieu en même temps qu’en leur dieu ‘régional’, et cela n’était certainement pas bien accueilli.
C’est encore un autre exemple des nombreux cas où le but de l’auteur de cet Evangile se réalise. Il avait introduit à ses lecteurs la Parole Eternelle devenue homme au tout début, et ici, il continue dans la même veine.
‘Ayez confiance en Dieu’ – encore moins ‘ayez confiance en Jésus’ – est peut-être devenu un tel cliché qu’il est peut-être utile de faire une pause pour examiner ce que signifie une telle confiance.
Dans une méditation sur « Que signifie avoir confiance ? » Thielicke parle d’une correspondance qu’il avait entretenue avec un jeune soldat pendant la guerre. Le jeune homme traumatisé lui avait écrit une lettre où il lui demanda : « Comment Dieu peut-il permettre cela ? » Voici une partie de la réponse de Thielicke :
« Il est vrai, bien sûr, que même ceux dont Dieu avait ouvert les yeux ne pouvaient pas voir tous les mystères du Christ. Peut-être juste un peu plus tard furent-ils terrifiés par ce qu’ils virent se passer à Golgotha ». En effet, très peu après, les disciples se dispersèrent, frappés de terreur. Thielicke poursuit, reprenant la question du soldat : « Il se peut que même les disciples, en proie à un désespoir morne, aient commencé à demander : ‘Comment Dieu peut-il permettre une chose pareille ?’ ... Car même des yeux illuminés ne sont pas encore des yeux qui ‘voient’. Non, ceux-ci appartiennent à ceux qui ‘marchent par la foi, non par la vue’ (2 Cor 5:7) ; ils appartiennent à ceux qui font confiance aux ‘plus hautes pensées’ de Dieu, bien au-dessus d’eux ; ils appartiennent à ceux qui, jour après jour, enterrent leurs prières et leur entendement dans la volonté de Dieu, en dépit des protestations de l’âme, de l’esprit et de la raison. Cela – affirma Thielicke – et cela seul, est la confiance. Voilà ce que signifie la foi ».
Il conclut alors : « Il se fait tard maintenant, mon ami, et je suis allé dehors prendre une bouffée d’air frais sur la terrasse. En bas se trouve la plaine obscurcie du Rhin, dépourvue de lumière. Plus d’un soldat s’est joint à ses êtres chers en regardant les étoiles la nuit, de sorte que leurs lignes de vision puissent se croiser au loin. Il se peut que vous, vous aussi, regardiez là-haut à ce moment même.
« Mais je ne peux encore rien voir. Le ciel est noir et sombre, bien que je sache qu’il n’y a pas de nuages. L’éclat de ma lampe de bureau inonde encore mes yeux. Et nous ne voyons jamais le firmament tant que les lumières humaines dominent nos yeux. Dans un instant elles seront éteintes ; les étoiles deviendront alors visibles. D’abord, les brillantes, et puis les éloignées, dans l’espace bien au-delà de mon entendement. Alors, la gloire du firmament s’étendra au-dessus de moi, et je saurai que, même alors, il y a énormément d’étoiles et d’espaces que je ne peux pas voir. Mais ce sont tous sous le même ciel, et il y a des yeux qui les ont tous comptés, des yeux qui les connaissent tous ».
« Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures … je vais vous y préparer une place. … je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que vous soyez, vous aussi, là où je suis ».
Jésus discute de la maison de son Père où, assure-t-il à ses disciples, il y a une demeure pour chacun d’eux. Il leur dit qu’il va les y préparer une place pour qu’ils, eux aussi, puissent vivre avec lui, là où il vit. Et il dit qu’ils savent déjà le chemin de la maison du Père.
Mais Thomas a du mal à comprendre. Il a l’air de ne pas se rendre compte que Jésus parle d’aller à son Père. Donc, Thomas dit que puisque aucun d’eux ne sait où Jésus va, on ne peut pas s’attendre à ce qu’ils connaissent le chemin. Mais le chemin du Père n’est pas un chemin de ce monde. Donc, Jésus dit :
« Je suis le chemin ».
Nous avons tous entendu que « tous les chemins mènent à Rome ». Mais est-ce vrai ? Eh bien, à partir de tous les Interstates [Les « Interstates » (et I-95) se réfèrent au réseau de grandes routes nationales aux Etats-Unis continentaux qui enjambent le pays entier, mais non sur une île comme Hawaï en plein milieu de l’océan (voir le prochain paragraphe). – Traducteur] on peut parvenir à I-95. Et I-95 nous mène au Garden State Parkway qui mène à l’Avenue Asbury et puis au Main Street et ensuite au Main Avenue ici à Ocean Grove et puis au Pilgrim Pathway juste devant cette chapelle. Depuis là on peut continuer vers Ocean Pathway, marchant vers l’est, en direction de Rome. On peut descendre des planches vers un petit sentier qui donne sur la plage et puis jusqu’au bord de l’eau. Mais Rome est à l’autre côté de l’océan. Aucun chemin ne mène d’ici à Rome. Entre ici et là, il y a « un grand abîme ». [Voir Luc 16:26.] Tous les chemins ne mènent pas à « la ville éternelle ».
Kirk Talley dit qu’il roulait une fois à moto le long d’une grand-route en Hawaï. Des camionneurs qui roulaient à toute vitesse le forçaient à maintes reprises à quitter la chaussée, tout en klaxonnant bruyamment et faisant des gestes vulgaires. Il décida donc de prendre des routes locales. Mais il se perdit. Il ne pouvait pas alors trouver le chemin qui menait à ce qu’il appelait « l’Interstate ». Je lui dis : « Kirk, si tu cherches l’Interstate en Hawaï, tu es plus perdu que tu ne penses ».
C’est vrai pour les métaphores comme pour les cartes : tous les chemins ne mènent pas à Rome. Tous les chemins ne mènent pas chez soi. Tous les chemins ne mènent pas à Dieu. Il y a des détours et des impasses. Les chemins ne mènent pas où nous le présumons ; ils se terminent sans parvenir à la destination qu’on nous avait promise. Nous sommes peut-être plus perdus que nous ne pensons.
Dans le dernier sondage réalisé auprès des Américains sur la religion, fondé sur des entrevues avec 36.000 gens, 70 pour cent des Américains affiliés à une religion étaient d’accord sur le suivant : « bien des religions peuvent mener à la vie éternelle ». Est-ce surprenant ? Ce qui est choquant, c’est que 57 pour cent des chrétiens évangéliques sont du même avis. Le directeur du Centre pour l’étude du christianisme mondial à Gordon-Conwell (séminaire théologique et évangélique au Massachusetts) affirma que les réponses reflétaient tant l’ignorance théologique qu’un « sécularisme fade ».
Dans le Sermon sur la montagne, Jésus dit qu’il n’existe que deux chemins – seulement deux. Et, contrairement à ces deux chemins rationalisés qui, une fois, « divergeaient dans un bois jaune », la plaisanterie de Robert Frost pour initiés « aux dépens de ceux – dit-il – qui croyaient peut-être que j’allais vivre assez longtemps pour regretter le chemin que j’avais choisi dans ma vie », Jésus voulait dire que le chemin qu’on choisit dans la vie est bien une question de vie ou de mort. Ce que Frost voulait dire c’est que le chemin qu’on choisit dans la vie n’a pas d’importance. Mais pour Jésus, c’est très important. Il n’existe que deux chemins, dont l’un est le chemin spacieux qui mène à la perdition. L’autre c’est le chemin resserré qui mène à la vie. (Matt 7:13-14) Nombreux sont ceux qui prennent le chemin large vers la perdition. Mais peu nombreux sont ceux qui suivent ce petit sentier vers la vie.
Le mot grec employé ici pour « la vie », c’est zoan – c’est la vraie vie, la vie éternelle, la vie de l’Auteur de la vie, Jésus qui est la Vie, lui-même. Evidemment, Jésus ne se réfère pas ici simplement à la vie biologique. Cette vie éternelle qui se trouve le long du petit sentier qui est le contraire de ‘la destruction de masse’ au bout du chemin spacieux des masses.
Or, gardez à l’esprit que sa discussion sur les « peu » qui trouvent le chemin resserré de la vie est hyperbolique. « D’un autre point de vue », comme le fait remarquer un érudit biblique, Jésus promit « une moisson abondante ». (9:37-38) : « Les débuts d’un royaume sont peut-être modestes, mais la promesse de l’avenir est grande ». (Donald A. Hagner) Le royaume ressemble à une graine de moutarde qui pousse jusqu’à ce qu’elle devienne assez grande pour que les oiseaux puissent nicher dans ses branches. (13:31-33)
Et maintenant, là, près du bout de son temps avec son cercle rapproché de disciples, et se référant à lui-même comme la Vérité, il dit : « Je suis le Chemin », « Je suis la Vie ». La Vérité leur dit la vérité : « Personne ne peut aller au Père autrement que par moi ». Que voulait-il dire ?
Il y a un article sur « Une recette de la compréhension » qu’aucun d’entre vous n’a vu, j’en suis sûr. Comment puis-je en être si sûr ? C’est dans le numéro de l’automne de la revue d’AARP. [AARP (l’Association des retraités américains) est une association des gens de plus de 50 ans.] Il traite d’un mouvement à Denver dit « Tables communes ». Plusieurs athées, quelques baptistes, un juif, un bahaï et quelques musulmanes se retrouvent chez l’un, chez l’autre pour dîner et causer. La seule règle : Défense d’« évangéliser » ! Voyez-vous, tous les avis sont égaux sauf cet avis que tous les avis sont égaux. Il l’emporte sur tout autre avis. Mais les Postmodernes ne s’en aperçoivent pas. Les rédacteurs d’AARP pensent qu’il est très à la mode d’interdire de promouvoir la foi en Christ. Mais ils remplissent leur revue avec des publicités poussant les lecteurs à acheter toutes sortes de trucs, et des rubriques d’aide telles que « Celui qui démystifie tout » et « Le voyageur anticonformiste ».
Si vous êtes trop jeune pour AARP, essayez « La botte qui en dit long sur vous » au Gap, où chaque vêtement « convient à ton propre style ou philosophie personnels ». Le Gap nous dit : « Invente ta propre philosophie® ». Mais cela, c’est la philosophie du Gap ? Et on voudrait l’imposer sur autrui ?
J’ai récemment lu autre chose. C’est une citation du poète, Robert Brault, qui dit : « Aujourd’hui j’ai déformé la vérité pour être aimable, et je ne le regrette pas, car je sais beaucoup mieux ce qui est aimable que ce qui est vrai. ». Mais attends un peu, Bob. Savoir ce qui est aimable, c’est mieux savoir ce qui est vrai, n’est-ce pas ?
Ecoutez, soit Jésus est celui qu’il prétend être, soit il ne l’est pas. Mais on peut compter sur Jésus pour être lui-même, qui qu’il soit. S’il est menteur, on peut compter sur lui pour mentir. S’il a la folie des grandeurs, on peut compter sur lui d’être malade mental. Cependant, s’il n’est ni menteur ni fou, lui-même, on peut compter sur lui pour dire la vérité. Et il dit qu’il est, intrinsèquement, le Chemin, la Vérité et la Vie. Ceux-ci ne sont pas simplement ce qu’il fait, ils sont ce qu’il est – son être même.
Pilate dit à son prisonnier : « Qu’est-ce que la vérité ? » Etait-ce une question ou une déclaration ? Pilate était-il en quête de vérité ? Ou bien était-il question de simple curiosité, ou de cynisme endurci ? « Qu’est-ce que la vérité ? » C’est une question qui vous intéresse ? Si oui, cela vous intéresse peut-être de savoir que Jésus affirma être la Vérité, lui. Qu’est-ce que la vie ? C’est une question qui vous intéresse ? Si oui, cela vous intéresse peut-être de savoir que Jésus affirma être la vie, lui. Comment répondre à ce qu’il dit ? On ne peut pas éviter de répondre d’une manière ou d’une autre. Même l’indifférence est une réponse.
« Celui qui m’a vu, a vu le Père ». « Je suis dans le Père et le Père est en moi ». « Le Père demeure en moi ». « Je suis le seul chemin du Père ». « Je vais auprès du Père ».
Ces déclarations ne portent pas seulement sur l’unité avec le Père. Il s’agit de sa relation avec le Père, ce qui est tellement intime qu’il n’y a aucun égocentrisme en Jésus. Voir Jésus, c’est voir Dieu, celui que nul homme ne pouvait voir et demeurer en vie. Pourtant, le Transcendant est transparent en Jésus.
Et voilà ce qu’un pharisien nommé Saul de Tarse, persécuteur acharné des premiers chrétiens, finit par croire et déclarer sur Jésus, après avoir rencontré le Christ ressuscité. C’est le message que prêchait Paul qui aboutit à sa décapitation. Depuis la prison de Rome, il écrivit ceci sur Jésus : « Ce Fils, il est l’image du Dieu que nul ne voit, il est le Premier-né de toute création. Car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses dans les cieux comme sur la terre, les visibles, les invisibles, les Trônes et les Seigneuries, les Autorités, les Puissances. Oui, par lui et pour lui tout a été créé. Il est lui-même bien avant toutes choses et tout subsiste en lui. … Car c’est en lui que Dieu a désiré que toute plénitude ait sa demeure. Et c’est par lui qu’il a voulu réconcilier avec lui-même l’univers tout entier : ce qui est sur la terre et ce qui est au ciel, en instaurant la paix par le sang que son Fils a versé sur la croix ». (Col 1:15-17, 19-20)
Rien d’étonnant à ce que Thielicke affirme dans son sermon sur le ‘Notre Père’ : « Absolument tout dépend de ce seul fait, que c’est Jésus-Christ qui nous apprend cette prière. Lui seul, dans sa vie et dans sa mort, est la garantie qu’il existe un Père, que Dieu est néanmoins au travail dans ce monde cruel, dur et orphelin de père, bâtissant sa royaume de miséricorde dans le secret de la Croix ».
« Oui, je vous déclare, c’est la vérité : celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes parce que je vais auprès du Père. Et je ferai tout ce que vous demanderez en mon nom, afin que le Fils manifeste la gloire du Père. Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai ».
Jésus va aller auprès de son Père et l’Esprit va venir auprès des disciples. Jésus est sur le point de leur parler de la venue de l’Esprit. Par son retour promis dans l’Esprit qui demeurera auprès d’eux, il donnera à ses disciples un pouvoir qu’ils n’avaient jamais eu quand il était avec eux en personne.
Et les disciples, qui auront alors l’Esprit, seront amenés à prier selon la volonté du Père, par l’autorité de Jésus, et donc, bien sûr, leurs prières seront exaucées.
« Si vous m’aimez, vous m’obéirez. Et moi, je demanderai au Père de vous donner un autre Défenseur de sa cause, afin qu’il reste pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité, celui que le monde est incapable de recevoir parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas. Quant à vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous ».
Aimer Jésus et lui obéir, ce ne sont pas deux choses, c’est une même chose. Cela n’a aucun sens de prétendre l’aimer si nous ne lui obéissons pas. Mais prenez courage.
Ici, l’emploi du présent, ce qui représente une action continue, signifie que Jésus parle d’une habitude quotidienne de tendre obéissance. Il ne veut pas dire qu’on ne ferme jamais les yeux sur cette habitude dans un instant de désobéissance. Mais il s’attend à ce qu’un vrai disciple, celui qui cherche sérieusement à aimer son Seigneur, cherche sérieusement à faire la volonté de son Seigneur.
Dans le contexte de ses révélations sur son prochain départ, Jésus assure à ses disciples qu’il va demander à son Père de leur envoyer un autre Défenseur – un autre Ami ou Compagnon. Il appelle cet Ami, ce Compagnon, l’Esprit de vérité. Il dit que cet Esprit de vérité va rester avec eux. Qui est-ce, cet Esprit de vérité ? Ne s’était-il pas référé à lui-même comme la Vérité ? N’a-t-il pas affirmé qu’il reviendrait auprès d’eux d’une façon même plus merveilleuse ?
Il explique que les gens de ce monde-ci ne peuvent pas accepter cet Esprit de vérité. Mais, affirme-t-il, ses disciples connaîtront cet Esprit de vérité – de façon intime. Comment ? Celui-ci demeure en eux. C’est vrai, il ne les quittera jamais – ni les abandonnera !
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