mardi 28 juin 2011

Une folie ou une autre


L'Evangile et les Galates et LGBT insensés

Discours d’ouverture donné en été 1999
aux conférences d’Evangelicals Concerned
par Ralph Blair

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Bien que ce discours date d’il y a 12 ans, je trouve que ses thèmes restent pertinents pour les chrétiens LGBT : Comment réconcilier les affirmations du postmodernisme avec les convictions centrales du christianisme ? Comment vivre en chrétien dans un monde où tout le monde croit que toutes les religions se valent et que la vérité objective n'existe pas ? Le Dr Blair aborde ces questions, et plus encore.

Je voulais faire passer le mot dans les pays francophones, surtout en France, où est né le postmodernisme, et donc, je l'ai traduit en français, une lourde tâche vu sa longeur, et décidé de le publier ici, à cause de sa grande importance, à mon avis.

Si vous trouvez des erreurs grammatiques, ou des expressions maladroites, ou si vous voudriez simplement proposer des suggestions, envoyez-les-moi par email. Merci d'avance !
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-- Fred Wells, traducteur

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Laissez tomber cette expression bête, vous vous rendrez service : « si seulement ». On ne peut rien dire de sensé sur la route non prise, bien que sous-entendu, dans cette rêvasserie sur l’inexistant. Il est absurde et frustrant de parler sans cesse des routes imaginaires qu’on n’a jamais prises.

Mais si nous essayions de nous protéger en sachant les dangers inhérents de ce type de réflexion spéculative, et si nous continuions, avertis d’avance, spéculant sur ce qui aurait pu arriver « si seulement » certaines choses avaient été différentes ? Nous ne pouvons pas savoir avec certitude ce qui serait arrivé si les choses avaient été différentes, mais – admettant l’impossibilité – jouons un petit jeu de spéculation. Par exemple : Quant à l’homosexualité dans une Eglise fantasmée ? Une histoire de l’Eglise fantasmée ?

Certains disent que les choses se seraient mieux passées « si seulement » l’Apôtre Paul n’avait pas tant écrit, surtout ce qu’ils appellent ses écritures « anti-gays ». Mais nous ne pouvons pas blâmer Paul pour les façons dont les chefs d’églises nous maltraitent fréquemment. Paul n’est pas notre problème ; il est leur problème. Paul a toujours été problématique pour beaucoup de gens qui essaient de diriger des églises. Et c’est là notre problème.

Les « si seulement » vraiment pertinents sont ceux-ci : Si seulement Paul n’était pas un tel problème pour les églises ? Si seulement les églises accueillaient mieux la théologie de base de Paul ? L’Eglise nous accueillerait mieux alors ?

Paul « est vraisemblablement le chrétien le plus vilipendé depuis la Pentecôte ». [Leander E. Keck et Victor Paul Furnish] Comme le constate un autre érudit biblique : « Au 20e siècle Paul a été exploité et abusé autant qu’au premier siècle ». [N. T. Wright] L’enseignement de Paul a toujours été trop radical pour les religionistes. L’Evangile sans Loi qu’il prêchait n’était pas facilement accueilli par d’autres chrétiens au cours de sa propre vie et est resté depuis lors problématique pour les légalistes.

Selon un érudit biblique au Harvard : « Au moins trois cents ans après avoir été écrit et distribué, l’essentiel de la théologie de Paul – la justification par la foi (seule), sans les œuvres de la loi – semble avoir été plus ou moins perdu dans l’enseignement et dans la pensée de l’Eglise ». [Krister Stendahl] Cet érudit nous rappelle que « ce n’est pas avant Saint Augustin qu’on pouvait trouver quelqu’un qui semblait voir ce qui se passait dans la tête de Paul, pour ainsi dire, et qui discernait le centre de gravité de la théologie Paulinienne ». Mais même après, Paul n’était pas populaire. Parmi les quelque trois cents papes dans l’histoire, six papes seulement s’appelaient Paul. Il y avait cent papes avant d’atteindre le temps du Pape Paul I (757) et presque deux cent cinquante papes avant d’atteindre le temps du Pape Paul II (homosexuel) (1464), à l’époque des parents de Martin Luther.

Une fois la chrétienté divisée entre les catholiques romains et les protestants, Paul est devenu, selon un érudit catholique romain, « intrinsèquement ‘étranger’, surtout pour les catholiques ». [Wolfgang Trilling] Cependant, au sein du Protestantisme aussi, des règles ont été imposées sur le sola fide de Luther, des légalismes ont érodé sola gratia, et sola scriptura a été transformé en idolâtrie biblique afin d’en extraire plus de règles.

« Ce que Paul précise aussi clairement que possible », selon un érudit biblique évangélique, « est que la Loi … a été éclipsée par la révélation de Dieu en Jésus-Christ et doit maintenant être considérée comme obsolescente ». [Ben Witherington III] Paul a toujours été un problème pour l’Eglise parce que trop de gens qui désirent diriger les églises veulent établir les règles. Au lieu de cela, Paul a tout bonnement établi les règles en mettant de côté la Loi.

Vu le message sauvage que prêchait Paul, il devait être prévu que les successeurs de Paul ne pourraient résister à essayer de l’apprivoiser. Nous les êtres humains voulons avoir le contrôle ; nous voulons nous sauver nous-mêmes. Nous sommes toujours tentés d’essayer de rendre autrui redevable envers nous, y compris les dieux – voire le Dieu Très-Haut.

Le rejet par l’Eglise de Paul et de son Evangile hors-la-loi a été et reste problématique pour les religionistes pharisaïques et pour les LGBT attrapés dans le piège du légalisme religieux. Et ce rejet de la vraie Bonne Nouvelle en Jésus-Christ est vraiment une mauvaise nouvelle pour une église qui à son tour n’apporte que de mauvaises nouvelles pour les LGBT.

Les Galates insensés

Paul proclame l’Evangile hors-la-loi de la grâce de Dieu dans le Christ Jésus le plus instamment dans sa lettre aux chrétiens en Galatie. Cette lettre est « la moins contestée de toutes les lettres de Paul » en termes d’authenticité. [Donald Guthrie] Cependant, elle a toujours été vivement contestée en termes de théologie. Et elle est tout aussi pertinente à l’hérésie chez les chrétiens évangéliques au vingt-et-unième siècle qu’à l’hérésie en Galatie au premier siècle.

La lettre de Paul est lourde avec sa profonde déception, dégoût et détresse pour le fait que les Galates s’étaient laissés prendre aux ajouts légalistes à l’Alliance de la grâce de Dieu. Il s’est indigné parce qu’ils se sont permis à être égarés loin du vrai message de la grâce librement donnée par Dieu envers quelque chose qu’il leur fallait également mériter d’une manière ou d’une autre, incitant l’Apôtre de s’adresser à eux dans ces mots, désormais célèbres : « O Galates insensés ! Qui vous a ensorcelés ? » [Gal 3:1]

Qu’est-ce qui se passait en Galatie pour mériter une telle réponse négative – la plus négative de toutes les lettres de Paul ? Bref : Paul avait prêché la Bonne Nouvelle de grâce et paix données gratuitement par Dieu à ces Gentils qui l’avaient en apparence reçue volontiers. Ils sont devenus chrétiens. Mais alors, certains chrétiens juifs sont venus les exhorter à adopter « l’Evangile complet » – ce qui, d’après eux, nécessitait l’adjonction de la Loi juive en plus de la foi : par exemple, les conditions de circoncision, de respect du sabbat et ainsi de suite. Ils ont insisté que sans devenir juifs, ces Gentils ne pouvaient pas être de vrais disciples du Messie juif.

Cela semblait avoir du sens pour les Gentils. Réflexion faite ces conditions leur semblaient plus ‘religieuses’ de façon reconnaissable. C’était ‘authentiquement’ juif. Ce n’était pas si complètement et scandaleusement neuf. Mais G. K. Chesterton n’était pas encore venu les renseigner qu’« à moins que l’Evangile ne ressemble au bruit d’un coup de feu, il n’a pas été proféré du tout ».

Cependant, comme le constate F. F. Bruce, spécialiste du Nouveau Testament évangélique : « On peut apprécier à quel point les arguments pour l’évangile que prêchait Paul ont dû sembler faibles s’il était le seul à l’avoir prêché ». Devaient-ils essayer de croire que tout le monde se trompait sauf Paul ? Pourtant, ne savaient-ils pas que même Socrate et leurs autres sages avaient été en désaccord avec la majorité de leurs collègues anciens ainsi qu’avec les masses ? Les prophètes hébreux d’autrefois n’étaient-ils pas virtuellement des minorités d’une personne ? Jésus lui-même n’était-il pas en désaccord avec la foule ? N’était-il pas laissé tout seul à la fin ? Quelle était la vraie réputation de la tradition et la convention de « la majorité morale » en tant que telle ?

Attristé par la tournure des événements en Galatie, Paul leur a écrit que s’ils voulaient maintenant ajouter des qualifications à l’Evangile, cela serait en effet un rejet de l’Evangile. Il a affirmé, sans mâcher ses mots, que la grâce avec règles n’est pas du tout la grâce. Il les ont instamment mis en garde contre se laisser attirer par les faux « évangiles » – même s’ils se croyaient « touchés par un ange » ou même si lui-même venait prêcher un message en désaccord avec ce qu’il a déjà prêché. Il prie à de nombreuses reprises que la prédication des « évangiles » pervertis soit maudite par Dieu. [Gal 1:8f]

La Loi était une nounou

D’abord, la Loi « est démontrée [par Paul] d’avoir été intrusive, temporaire, secondaire et préparatoire ». [Bruce] Pour Paul, « la loi est quelque chose de seconde main ». [William Barclay] Paul a argumenté qu’après tout, la Loi ne remontait pas à Abraham, à Isaac ou à Jacob. Cela ne remontait qu’à Moïse. Paul dépeint la Loi comme une nounou. [Gal 3:24f] Ne pensez pas à Fran Drescher. La Loi-comme-nounou était chargée de surveiller les enfants jusqu’à ce qu’ils soient devenus matures. Cette maturité est venue avec l’avènement du Christ.

L’idée que « la Loi de Moïse ... n’était destinée par Dieu à rester en vigueur pour le peuple de Dieu que jusqu’à l’avènement du Christ » n’était pas nouvelle. [Richard N. Longenecker] Comme le rappelle un érudit Réformé : « la promesse pointait vers le Christ et s’est incarnée en Lui ». [Herman N. Ridderbos] Une doctrine juive d’antiquité avait posé le postulat de trois époques d’histoire sacrée, chacune à durer 2.000 ans : l’âge de chaos, l’âge de Loi et l’âge de Messie. Il était entendu que « si les Jours de Messie ont commencé, ceux de la Thora se sont terminés. D’autre part, si la Loi est toujours valable, le Messie n’est pas encore venu ». [Bruce] Ce que prêchait Paul était donc en harmonie complète avec la pensée juive traditionnelle, même si les chrétiens juifs de Jérusalem ne saisissaient pas ceci : si Jésus, le Messie, est venu, la Loi est terminée !

Un autre spécialiste du Nouveau Testament l’exprime ainsi : « Paul considère le rôle de la loi comme ayant pris fin. … Si les Galates Gentils cherchaient à émuler maintenant les traditionalistes juifs, cela signifierait un retour aux limitations et à l’immaturité de l’enfance ». [James D. G. Dunn] Paul va jusqu’à définir être mort à la Loi (Rom 7:4-6) comme la même expérience que d’être mort au péché (Rom 6:2). D’après Luther : « si les jours de la loi n’étaient pas raccourcis, aucune chair ne serait sauvée ». Selon un autre érudit biblique évangélique : « on ne pouvait plus argumenter que la circoncision, les lois diététiques juives, l’observance des préceptes moraux distinctivement juifs ou n’importe quelle autre matière portant sur un style de vie juif étaient requises pour la vie de foi. Certainement pas dans aucun sens pour les chrétiens Gentils. » [Longenecker] Et, comme il fait remarquer, ce n’était pas simplement les lois rituelles ou les lois de pureté auxquelles Paul pensait lorsqu’il enseigna que la garde de la Loi avait pris fin. C’était la Loi entière, y compris les lois éthiques et morales. D’après encore une autre autorité biblique : « Pour la doctrine paulinienne de la loi, il est fondamental que la loi soit indivisible. Par conséquent, la malédiction dont il parle s’applique également à la loi morale. » [Gerhaard Ebeling]

Aujourd’hui on exigent que les homos soient « ex-gay ». A l’époque on exigeait que les Gentils soient « ex-goy ». C’est la même exigence. Et si nous nous laissons prendre par l’exigence des légalistes d’aujourd’hui, nous sommes aussi insensés que les Galates.

Comme le dit un spécialiste du Nouveau Testament : « aussi longtemps que tous les fidèles étaient déjà circoncis, il n’y avait aucun problème critique. Au début ils ne se rendaient pas compte que le christianisme nécessitait une approche tout à fait différente envers la loi. » [Donald Guthrie] On peut le paraphraser pour les circonstances d’aujourd’hui : aussi longtemps que tous les fidèles [supposait que tous leurs coreligionnaires étaient également hétérosexuels] il n’y avait aucun problème. Au début ils ne se rendaient pas compte que le christianisme nécessitait une approche tout à fait différente envers la loi.

Ce ne sont pas simplement des questions de théologie systématique abstraite. Ce sont des questions pratiques de soin et de souci pastoraux. Selon les commentaires de Jean Calvin sur l’épître aux galates : « C’est effectivement un mal grave d’éteindre l’éclat de l’Evangile, de tendre un piège aux consciences et d’effacer la distinction entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance ».

« Mâle et Femelle ? »

Une des « valeurs traditionnelles » – les armes préférées des chrétiens contre les homos – se trouve dans la Genèse (dans la Loi ou la Thora !) : Dieu a créé l’humanité « mâle et femelle ». Ils nous crient : « mâle et femelle, mâle et femelle ! Adam et Eve, pas Adam et Yves ! » Il nous faut leur joyeusement rappeler : Le Messie est venu ! Les distinctions théologiques des classifications de la Thora sont terminées !

Paul est très spécifique au sujet de l’importance de « mâle et femelle ». Dans sa lettre aux Galates, Paul affirme que contrairement à la signification de la paire hétérosexuelle formée par « mâle et femelle » dans la Thora, en Jésus-Christ « mâle et femelle » n’a plus aucune importance théologique. [Gal 3:28] Ici il emploie les mots mêmes de la traduction grecque de la Genèse – le même verset biblique qu’emploient les traditionalistes contre nous, et il affirme en termes on ne peut plus clairs que, pour le chrétien, ni les distinctions sexuelles ni la paire mâle/femelle n’ont plus aucune signification théologique, éthique ou salvifique.

Or, remarquez que ce verset, Galates 3:28, est fréquemment mal traduit et mal cité, et par conséquent le point pertinent concernant la question de l’homosexualité de nos jours n’est jamais entendu. On le cite généralement ainsi : « en Christ il n’y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni libre, ni mâle ni femelle ». Ce n’est pas ce que Paul écrit. Il écrit le suivant : « en Christ il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus de mâle et femelle ». Paul a délibérément changé le « ni » dans les deux premières paires en « et » dans la troisième paire. L’accouplement de « mâle et femelle » est tiré directement de la Thora : « Dieu les créa mâle et femelle ». Bruce indique que la référence à « mâle et femelle » est une citation de la Genèse en plaçant des guillemets autour de « mâle et femelle ». Mais, ignorant Paul, les chrétiens légalistes continuent à crier après nous : « mâle et femelle, mâle et femelle ! Adam et Eve, pas Adam et Yves ! » Nous pouvons répondre : « il n’y a plus de mâle et femelle » ! Adam et Eve ou Adam et Yves !

Cet ensemble particulier d’exemples dans Galates 3:28 était illustratif de la gamme entière des distinctions traditionnelles que Paul proclamait maintenant comme résolues en Christ, en ce qui concernait toute signification théologique continue. Mais la prédication de Paul sur ce point menaçait les traditionalistes de son temps autant que l’application de son enseignement à nos circonstances menace les traditionalistes de nos jours. Bruce observe que ces distinctions raciales, culturelles et économiques « avaient de l’importance considérable dans le judaïsme, mais (comme le prêchait Paul), en Christ elles sont toutes dénuées de pertinence ». En Christ les distinctions humaines sont toutes dénuées de pertinence.

Les traditionalistes n’ont jamais trouvé l’abolition de l’importance théologique de ces et d’autres distinctions facile à accepter. Bruce fait remarquer que « l’interdiction par Paul de la discrimination pour des raisons raciales ou sociales est largement acceptée » à notre époque. Toutefois, même quant à la réconciliation raciale dans le Christ, du moins d’après John Perkins, fondateur noir du ministère « Voice of Calvary » au Mississippi, il n’y a eu aucun progrès significatif parmi ses camarades évangéliques au cours de sa vie. La plus grande partie du changement, dit-il, sur des questions raciales parmi les chrétiens évangéliques « a été imposé à eux par la communauté. Ils ne le considérèrent pas comme un mandat théologique ». Au milieu des années 60, Jerry Falwell était le fondamentaliste américain blanc typique, appelant la lutte des noirs pour les droits civils « une violation terrible des droits humains et des droits de propriété [qui] devraient être considérés comme des torts civils plutôt que des droits civils ». Il s’en vanté : « j’ai prêché contre [l’intégration raciale] et je le continuerai ». Se référant à ses années formatrices, Falwell se rappela que « tous mes modèles, y compris des chefs puissants de l’Eglise, soutenaient la ségrégation ». Les distinctions raciales continuent d’avoir de l’importance théologique pour certains groupes de chrétiens fondamentalistes et conservateurs, surtout dans le Sud des Etats-Unis et en Afrique du Sud.

Peut-être que Bruce est trop optimiste au sujet des distinctions sociales aussi. Après tout, un principe majeur du mouvement pour la « croissance d’églises » est que les églises sont plus susceptibles de croître si elles sont socialement homogènes. A part ces questions raciales et sociales, cependant, Bruce fait remarquer qu’« il y a une tendance à limiter la mesure dans laquelle ‘il n’y a plus de mâle et femelle’ ». Et cette restriction sexuelle non biblique, qu’elle s’applique aux femmes ou aux gays et lesbiennes, empêche de clairement prêcher et vivre le vrai Evangile du Christ.

Paul dit qu’il n’avait qu’une question pour ces Galates insensés. Il leur demanda : « avez-vous reçu l’Esprit de Dieu en obéissant à la loi ou en croyant l’Evangile ? » [Gal 3:2] La réponse évidente était qu’ils ont reçu l’Esprit en croyant l’Evangile. Nous pouvons paraphraser la question de Paul aux chrétiens goys en demandant aux chrétiens gays : avez-vous reçu l’Esprit en étant hétérosexuel, en devenant « ex-gay », en restant sexuellement abstinent, en se mariant, en ayant des enfants ou en étant gay, lesbienne, bisexuel ou transsexuel ? Ou bien avez-vous reçu l’Esprit en croyant l’Evangile ? C’est évident. La réception de l’Esprit n’a aucun rapport avec l’orientation sexuelle ni le sexe.

Puis Paul avertit les chrétiens de nombreux autres prétendus « évangiles » auxquels il faut prendre garde. Il insiste qu’ils ne sont vraiment pas d’évangiles, bien entendu. Mais on les fait passer pour des « évangiles », pour la bonne nouvelle. Et ils sont acceptés comme tels. Donc prenez garde ! Les Galates avaient déjà été dupés par les légalistes venus de Jérusalem. Que leur réservait l’avenir pour les détourner de l’Evangile pur ? Nous ne savons pas s’ils ont accepté les remontrances de Paul et les ont prises au sérieux. Mais nous ne pouvons pas répondre des Galates. Pourtant, nous pouvons répondre de nous-mêmes.

Et alors, qu’en pensez-vous ? Croyez-vous que nous serions en meilleure posture « si seulement » les églises prenaient Paul plus au sérieux ? Il le semblerait. Mais il est impossible de dire ce qui arriverait sur la route non prise.

Ce qu’on peut dire, toutefois, est qu’on devrait prendre Paul plus au sérieux. Ce n’est pas facile pour personne. Il y a toujours tant d’autres « évangiles » qui tentent d’accaparer notre attention et notre allégeance. Nous accordons maintenant notre attention à certains de ces autres « évangiles » afin de n’y pas accorder notre allégeance aussi.

Qu’est-ce que l’Evangile ?

Avant d’examiner d’autres « évangiles », assurons-nous d’avoir une bonne idée de ce qu’est le vrai Evangile.

« Gospel » ( ‘évangile’ en anglais) n’est pas simplement un style de musique aux Virgin Mégastores. L’Evangile n’est pas simplement quelque chose considéré comme incontestablement vrai, comme l’expression : « c’est parole d’évangile ». Le mot anglais « gospel » est tiré des mots anglais anciens « god » (bonne) et « spell » (nouvelle) – la « bonne nouvelle ». « La Bonne Nouvelle » est la traduction du mot latin evangelium et le mot grecque euongelion (d’où notre mot « évangile »). Et alors, qu’est-ce que cette Bonne Nouvelle, cet Evangile ?

Contrairement à la croyance populaire, l’idée maîtresse de l’Evangile n’est pas notre salut. Comme l’a souvent dit A. W. Tozer : « l’Evangile dans son contexte biblique met la gloire de Dieu en premier et le salut de l’homme en seconde ». L’Evangile est « l’histoire de celui qui est lui-même la bonne nouvelle, l’évangile de Dieu », a dit George MacDonald, « la Parole est le Seigneur ; le Seigneur est l’Evangile ». Comme l’explique un commentateur du Nouveau Testament : « le fait que ‘le Christ’ (Gal 1:16 ; cf. 1 Cor 1:23 ; 15:12 ; 2 Cor 1:19 ; 4:5 ; 11:4 ; Phil 1:15) est interchangeable avec ‘l’évangile’ [dans le Nouveau Testament] (Col 1:23 ; 1 Thess 2:9) ... nous rappelle dans quelle mesure le mouvement chrétien naissant a centré son identité et son message sur le Christ, sa vie, sa mort et sa résurrection ». [Dunn]

Paul a résumé la tradition de l’Evangile dans l’Eglise du premier siècle dans ces mots aux Corinthiens : « Dieu était en Christ, réconciliant les hommes avec lui-même, sans tenir compte de leurs fautes ». [2 Cor 5:19] Paul écrit aux Colossiens : « Car c’est en lui [Christ] que Dieu a désiré que toute plénitude ait sa demeure; et c’est par lui qu’il a voulu réconcilier avec lui-même l’univers tout entier: ce qui est sur la terre et ce qui est au ciel, en instaurant la paix par le sang que son Fils a versé sur la croix. ». [Col 1:19f] Donc, comme l’explique un commentateur évangélique du Nouveau Testament, la proclamation de l’Evangile ne fait pas appel au peuple « pour faire leur paix avec Dieu, mais plutôt pour leur faire savoir que Dieu fit la paix avec le monde. ... Quand le travail du Christ s’acheva, la réconciliation du monde a été accomplie ». [Ralph Martin] Quel autre terme pourrait s’appliquer à une telle nouvelle sauf « la Bonne Nouvelle » ? Quelle autre nouvelle, même une bonne, peut être comparée à la Bonne Nouvelle de l’Evangile ? William Tyndale, traducteur biblique du 16e siècle, a célébré cette Bonne Nouvelle en disant que l’Evangile « signifie de bonnes nouvelles, joyeuses et heureuses, qui réjouissent le cœur d’un homme et l’incitent à chanter, à danser et à sauter pour joie ».

Malheureusement, on entend toutes sortes de chrétiens de nos jours déprécier et négliger cette Bonne Nouvelle – pas seulement les libéraux et ceux dominés par la rhétorique des programmes séculières LGBT, mais aussi beaucoup d’Evangéliques, captivés par l’hétérosexisme et le légalisme homophobes.

Les autres « évangiles »

Les autres « évangiles » sont d’autres « évangiles » parce qu’ils se font passer pour, en pratique sinon par intention, des remplaçants pour le vrai Evangile. Ils sont d’autres « évangiles » parce qu’ils se font passer pour des objets de souci ultime. Que ce soit directement ou indirectement, ils prétendent pour eux-mêmes ce que Dieu seul peut prétendre. Ils sont d’autres « évangiles » parce qu’ils semblent être quelque chose autour de laquelle on devrait enfin organiser sa vie, résoudre ses problèmes de base et se garder. Les autres « évangiles » sont intéressés, ils s’opposent au Christ et aux chrétiens et ils sont des remplaçants superficiels.

Les autres « évangiles » sont intéressés

Les autres « évangiles » sont déterminés par les exigences des consommateurs et par les contraintes du marché. C’est vrai tant pour les « évangiles » substitutifs séculiers que pour les « évangiles » substitutifs spirituels. Leur ultime question intéressée est ainsi : « comment puis-je en profiter, moi ? » On peut poser la même question en d’autres mots : « comment mon groupe peut-il en profiter ? » L’attention est sur moi ou sur moi et mon groupe. De nos jours, d’autres « évangiles » peuvent être rationalisés comme politique d’identité.

Un des plus populaires des autres « évangiles » de nos jours est une spiritualité bricolage, arrogante et intéressée. Un dessin humoristique dans le New Yorker dépeint un client dans une librairie cherchant l’assistance d’un commis derrière son ordinateur : « La Bible ? Vous la trouverez sous la rubrique Manuel d'auto-assistance ».

Un étudiant de troisième cycle au Séminaire Théologique d’Union a récemment écrit un édito dans le New York Times où il a attaqué le Pape pour son critique des idées du Nouvel Age. Il a conseillé à Jean Paul II de « revigorer » le christianisme par se débarrasser de l’idée de Jésus comme Fils de Dieu, crucifié pour nos péchés et ressuscité des morts. Ainsi, dit-il, « ce qu’on choisit dans son exploration spirituelle n’a pas d’importance, que ce soit le mysticisme chrétien ou des traditions spirituelles comme le bouddhisme, l’hindouisme et la spiritualité des amérindiens. Ce qui compte, c’est l’exploration elle-même parce qu’elle, si planifiée selon ses besoins psychiques les plus profonds, est ce qui donnera finalement un sens à la vie ». [James Kullander] Ce dont on a besoin, a-t-il déclaré, est « le christianisme selon ses conditions ». Pourtant, Philip Zaleski, professeur de religion au Smith College, remarque dans le New York Times Book Review que « par-dessus tout, … la grande écriture spirituelle provient de la lutte contre soi-même et son temps ». Et comme l’exprime Robert Wuthnow, sociologue à Princeton, « une spiritualité convaincante doit être enracinée dans des traditions incontestables qui transcendent l’individu et désignent de plus grandes réalités dans lesquelles l’individu est ancré ... plutôt que dans des expériences fragmentées et complaisantes vis-à-vis de soi-même ».

Malheureusement, l’individualisme contemporain met sa confiance essentiellement dans « ses propres histoires » et dans les soi-disant « histoires indigènes » d’origine non chrétienne, plutôt que dans les histoires indigènes des saints de l’Eglise, dans les histoires de la Bible et dans le Seigneur et Sauveur de « La plus grande histoire jamais contée ».

Cette orientation égocentrique des autres « évangiles » va à l’encontre de l’orientation du vrai Evangile : Réconciliés avec Dieu pour le ministère de la réconciliation. [2 Cor 5:18f]

Dans son livre, Habits of the Heart (Les habitudes du cœur), le sociologue Robert Bellah décrit la démarche d’une femme du nom de Sheila. Elle ressemble à de nombreux Américains contemporains quand il s’agit de l’omniprésente « spiritualité » de notre temps. Comme dit-elle : « Ma foi c’est le Sheilaisme. Juste ma propre petite voix. ... c’est simplement essayer d’aimer soi-même et d’être doux avec soi-même ». Sa religion est une version sentimentale de « Le dieu réfléchi », une chanson écrite par le rocker-Goth Marilyn Manson. Les paroles de Manson : « Je suis allé au dieu simplement pour le voir / et je me regardais / J’ai vu que le paradis et l’enfer sont des mensonges / Quand je serai dieu, tout le monde mourra ». Le Sheilaisme égocentrique peut être tout aussi négligent envers autrui que le Mansonisme. Chacun est un narcissisme qui ne peut pas se permettre d’adresser les besoins des autres.

Les autres « évangiles » ne s’occupent pas vraiment de ce que signifiait Jésus en résumant ainsi la vieille Loi-comme-nounou : « Tu dois aimer le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence, et de toute ta force. Et tu dois aimer ton prochain comme toi-même. Il n’y a d’autre commandement plus important que ces deux-là ». [cf. Marc 12:30ff ; Matt 5:43 ; 19:19; Rom 13:9; Jacques 2:8; cf. Deut 6:4; Lev 19:18] Observez que la Loi comme Jésus présuppose l’amour de soi. Ni Sheila ni personne d’autre n’a besoin d’être commandé à s’aimer elle-même.

Paul répétait ce que Jésus avait considéré comme l’essentiel de la Loi en résumant la Loi entière dans une seule commandement : « Tu dois aimer ton prochain comme toi-même ». [Gal 5:18] L’Apôtre indiquait que si les Galates étaient dirigés par l’Esprit, ils ne seraient pas soumis à un légalisme s’agrandissant sans cesse et plein d’échappatoires. [Gal 5:18] Plutôt, ils chercheraient imiter l’amour de l’Esprit envers leur prochain.

Les autres « évangiles » s’opposent au Christ et aux chrétiens. Or, il est évident que l’enseignement de Jésus a toujours concerné plus que l’amour prescrit. D’autres ont prescrit l’amour. Et suivre Jésus a toujours concerné plus que l’amour prescrit. Comment est-il possible de ne pas aimer l’idée d’« amour » ? Tous les quatre évangiles du Nouveau Testament ont pourtant enregistré que Jésus lui-même nous avertit que toutes sortes de gens détesteront ses adeptes. [Matt 10:22 ; Marc 13:13 ; Luc 21:17 ; Jean 15:18] Après tout, ils détestaient Jésus. Pourquoi ne détesteraient-ils pas ses adeptes ? Mais c’était plus qu’une question de détester les adeptes de Jésus. Comme des gens s’offensaient de Jésus lui-même et des premiers chrétiens, il y a une « offense » inhérente à l’Evangile. Comme l’a dit Oswald Chambers : « L’évangile de Jésus-Christ réveille une soif intense et un ressentiment tout aussi intense ».

Le journal The Village Voice a récemment publié une grande photo d’un homme portant un T-shirt sur lequel était inscrit : « Jésus est un enculé ». Un lecteur l’a objecté par écrit. Sa gentille lettre était imprimée sous le gros titre grossier : « Seigneur-Dieu Tout-Puissant ! ». Un dessin humoristique dans le New Yorker a dépeigné un chien souriant assis sur un porche tenant une pancarte : « Jésus t’aime ». Dans le jardin de devant, une autre pancarte : « Prenez garde au chien ! ».

Dans une revue d’un livre sur Jésus dans le New York Times, le critique, un des biographes de Marilyn Monroe, déclare que « la dévotion religieuse [de l’auteur] est valable parce qu’il conteste pensivement … la plausibilité des miracles de Jésus » et parce qu’il tire la conclusion que Jésus ne vit que dans « notre désir d’être aimé … [et dans] la dignité humaine ». [Alexandra Hall] Apparemment l’hérésie justifie la dévotion religieuse. Dans une autre revue dans le New York Times, celle de l’autobiographie d’Alec Guinness, John Simon, critique de films, rabaisse l’humble orthodoxie chrétienne de l’acteur comme étant « l’enthousiasme religieuse – l’excès de zèle d’un converti catholique romain ».

Il est rapporté dans le New York Times que : « parmi les journalistes de la presse américaine à Cannes, l’accueil [lors de la première du récent film de Bob et Harvey Weinstein, « Dogme »] était extasié ». Et pourquoi ne serait-il pas extasié ? Le rôle de Dieu est joué par une chanteuse de rock connue pour ses vidéos nues, le film présente une ouvrière dans une clinique d’avortement qui descend de Jésus, la messe est comparée au mauvais sexe, et un treizième apôtre prétend avoir été ignoré pour être noir. Le réalisateur, Kevin Smith, affirme que ce reproche politiquement correcte contre le « dogme » chrétien orthodoxe est un « billet doux » à la foi et à Dieu.

Tout cet arrogant préjugé antichrétien exemplifie ce que l’historien, Arthur Schlesinger, Jr., a une fois appelé « l’antisémitisme des libéraux ». Comme l’ont observé Flannery O’Connor et Walker Percy, l’élite séculière n’est pas réceptive à l’interprétation chrétienne orthodoxe. Annie Dillard soutient qu’être qualifié de chrétien sonne le glas d’un auteur dans la société séculière de nos jours. Un professeur de la science politique au Princeton, critiquant l’autobiographie de foi de William Buckley, constate que « tout éloquente, émouvante ou intellectuellement sophistiquée que soit la présentation, et quelles que soient la position sociale, les qualifications ou l’idéologie politique du présentateur, rien ne peut hérisser les poils, susciter des soupçons et provoquer des chuchotements parmi l’élite séculière mieux qu’une personne instruite et bien placée qui exprime une profonde foi religieuse sans temporiser ou s’excuser ». [John J. DiIulio, Jr.]

Qu’ils viennent de la soi-disant Contre-culture ou de l’élite culturelle, les sécularistes s’opposent au Christ et aux chrétiens.

Les autres « évangiles » sont superficiels. Les autres « évangiles » sont sujets aux réparations rapides, aux raccourcis de satisfaction immédiate et aux solutions superficielles.

Les autres « évangiles » populaires de la spiritualité contemporaine ont tendance à être intellectuellement paresseux. Ils offrent « une sensation d’inspiration sans effort intellectuel », comme le dit un critique dans The New Republic. [Ruth Shalit] Elle affirme qu’ils « ne parlent vraiment pas le langage de la spiritualité. Ils parlent le langage de la télé ». Zaleski, dans le New York Times, juge l’inondation de livres au sujet de la ‘spiritualité’ comme étant « marqués par les recherches négligentes, par la théorisation flamboyante et par un penchant pour de dingues formulations ‘new age’ et pour des présentations diluées ou sexualisées de la foi traditionnelle ».

Les autres « évangiles » sont superficiels au sujet du péché ! En conséquence, non seulement ils ont mal diagnostiqué le problème spirituel le plus profond qu’on ait, mais ne sont pas du tout en mesure de prescrire un remède efficace. « Je suis OK, tu es OK » est un remède pitoyable au vu de toutes les façons dont nous ne sommes pas du tout OK. Et c’est injuste pour les gens dans le vrai besoin.

Beaucoup d’autres « évangiles » sont obsédés du sexe. Mais le sexe dont ils rêvent est superficiel. Ce n’est pas la sexualité en profondeur. C’est la philosophie idiote de Monica Lewinsky : « Le sexe est comme la nourriture. On mange parfois le fast-food et la grande cuisine d’autres fois ». Ne pouvons-nous pas mieux faire que les harangues de la droite religieuse et des disciples de la théorie Queer qui promeuvent la promiscuité comme la définition même d’être gay ? Quant au sexe vraiment plus sûr, ose-t-on définir « la réduction de tort » aussi étroitement qu’à présent ? Ne pourrait-on pas également avoir besoin des préservatives cognitives pour le plus grand organe sexuel – la cervelle ?

Dans une lettre dans le magazine LGBT The Advocate, l’écrivain décrie le fait que les « images des hommes dans leur vingtaine qui sont tous minces, sans poils et bien musclés sans un gramme de graisse sont les seules images de la vie homo ». Un autre lecteur de The Advocate le confirme : « Oui, le fitness et le bodybuilding n’existent que pour s’envoyer en l’air. Ça t’étonne ? » Et alors un écrivain au journal LGBT The New York Blade News pose cette question : « Avec de telles images qui influent nos perceptions de nous-mêmes et notre désir pour hommes, comment nouer des relations vraies qui sont passionnées et honnêtes et qui durent plus qu’une nuit ? » Il se lamente qu’aujourd’hui, « être gay semble porter plus sur le désir de la perfection physique. Comme c’est triste – pour nous tous. Car aucun de cette indulgence de soi épidémique ne peut résulter en liens significatifs durables ». [Lorne Opler] Et bien que beaucoup d’hétéros ne fassent guère mieux, ils peuvent du moins choisir de se marier avec le soutien de la société.

Le dernier cri ? C’est le hip-hop. Ses partisans le proclame comme un « mode de vie ». Rien n’exprime mieux le « mode de vie » hip-hop que le matérialisme. Mais quelque nouveau que soit le hip-hop, son matérialisme est aussi ancien que la culture humaine. Gaylen Byker, président du Calvin College, nous rappelle que « le consumérisme ... a toujours été un problème majeur – vous n’avez qu’à lire les prophètes de l’Ancien Testament ou les paraboles de Jésus ».

Cependant, James Twitchell proclame maintenant que le shopping est la religion américaine. Il glorifie avec enthousiasme « la rédemption par achat » des trucs. « Le salut par consommation n’est pas une contradiction, c’est une nécessité ». C’est cela, ouais.

Nos besoins sont profonds, mais des solutions s’offrent en spiritualité superficielle, en sexe, en position sociale et en trucs. Pas étonnant que les gens continuent à se demander pourquoi ils se fâchent et se sentent inquiets et vides !

Contrairement à leurs annonces, le café Starbucks n’est vraiment pas « plus que du café ». Starbucks café ne peut certainement pas être « un mode de vie ». Aucun nom de marque peut soutenir la vie réelle. Tout fort qu’on le commande, le café Starbucks n’est jamais aussi fort que ça. Aucun des autres « évangiles » ne l’est non plus.

Les autres « évangiles » du Postmodernisme

Les raccourcis qui sont superficiels, antichrétiens et intéressés, le sexe, la position sociale et les trucs sont d’autres « évangiles » depuis très longtemps. De nos jours, nous affrontons certains « évangiles » alternatifs plus récents. Ceux-ci sont les autres « évangiles » sous la rubrique Postmodernisme.

Le postmodernisme est un mouvement réactionnaire. Il peste contre les excès et les échecs du modernisme, maintenant démodé. Mais il peste aussi contre des assomptions fondamentales de l’ensemble de la civilisation occidentale. Il n’a pas simplement l’intention d’être postmoderne, il a l’intention d’être post-toutes-les-autres-ères.

Or, une critique de la philosophie occidentale avait été due depuis longtemps. Mais il fallait une critique beaucoup plus radicale que celle dont les postmodernistes aient jamais rêvée, beaucoup plus profonde qu’ils l’aient jamais proposée. Et une approche vraiment plus radicale était déjà en cours d’être développée pendant les années 20 par des calvinistes néerlandais à l’Université Libre d’Amsterdam. La leur était une critique radicale de toute pensée théorique. Elle reposait sur ce qu’ils appelait « la découverte de l’origine religieuse de la pensée [qui est] enracinée dans l’autosuffisance [présumée] de la raison humaine ». [cf. Herman Dooyeweerd]

Le postmodernisme est la névrose post-traumatique de la foi infondée en rationalisme qu’avait le modernisme. Désillusionnés par la perte d’une telle foi, les postmodernistes jettent le bébé (rationalité) avec l’eau du bain (rationalisme). Le postmodernisme est la gueule de bois du modernisme frénétique. C’est le matin après le scientisme ivre. C’est le cynisme qui a découlé de l’optimisme échoué du Siècle des lumières. Or, cette époque-là a produit John Wesley et Jonathan Edwards, ainsi que Voltaire et Tom Paine – mais elle a dégénéré en arrogance culturelle occidentale, même tout en surmontant une hautaine chrétienté qui ne suivait plus le Plus-Haut.

L’intolérance étroite du postmodernisme envers le passé est ce que C.S. Lewis appelait « un snobisme chronologique », la notion sotte que seul ce qui est moderne vaut la peine de savoir. Contrairement à l’arrogance d’un pareil préjugé inextricablement lié à une époque particulière, Chesterton a affirmé croire en « la démocratie des morts ». C’est ce que l’écrivain P.J. O’Rourke appelle « donner le droit de vote aux morts » et ce que le théologien L. Gregory Jones appelle être « en apprentissage chez ceux qui nous ont précédés ».

Ce qu’a dit Chesterton sur le modernisme peuvent aussi se dire sur le postmodernisme : « Quiconque est sérieux en décrivant sa foi comme modernisme ferait aussi bien d’inventer une religion appelée lundi-isme, ce qui veut dire qu’il a foi dans les caprices qui lui sont venus à l’esprit le lundi, ou bien une autre appelée matin-isme, ce qui veut dire qu’il croit dans les idées qui lui sont venues à l’esprit le matin et pas l’après-midi ».

Tout ce qui est bien n’est pas simplement tombé du ciel après notre réveil ce matin ! Ceux qui pouvaient penser longtemps avant notre arrivée étaient peut-être également capables de bien réfléchir aux choses. Est-il vraiment nécessaire de réinventer la roue après chaque rayon cassé ou pneu crevé ? Peut-être que non. Mais Lewis a une fois écrit que « le processus de la vie semble se composer de la réalisation des vérités qui sont tellement anciennes et simples qui, une fois proférées, ressemblent à des platitudes arides. Elles ne peuvent ressembler à rien d’autre pour ceux qui n’ont pas eu l’expérience pertinente ». Lewis affirme que « c’est pourquoi le vrai enseignement de telles vérités est impossible et chaque génération recommence à zéro ».

Malheureusement, bien trop de chrétiens LGBT sont bien trop prêts à renoncer à tirer des leçons de la meilleure sagesse du passé. En échange de l’approbation actuelle par l’Eglise de la théologie LGBT qui est en vogue, il y a une acceptation non critique de certaines prescriptions prétentieuses comme l’appel de John Shelby Spong pour abandonner les « prétentions prémodernes » du théisme chrétien ( ! ) et pour adopter le point de vue provincial du postmodernisme de la fin du 20e siècle. Coincés dans notre époque, nous ne voyons pas ce qu’il y avait de valeur dans les métaphores et la vue métaphysique du monde révélées et proclamées « quand est venu l’accomplissement du temps » il y a 2.000 ans.

Le mépris postmoderniste pour les ères précédentes est aussi un mépris pour tout grand contexte ou ce que les postmodernistes qualifient de « métarécit ». Il ne reste que les récits que racontent des individus sur leur autosuffisance, authentifiant censément leurs émotions. Il n’y a pas de Grand Récit. Il n’y a certainement pas de Récit de Dieu. Pourtant, l’assertion de Jean-François Lyotard que le postmoderne est caractérisé par « l’incrédulité à l’égard des métarécits » est elle-même le métarécit du postmodernisme ! On ne peut pas se réfugier dans soi-même.

Et alors, examinons juste quatre dogmes interdépendants du postmodernisme qui sont tellement prédominants aujourd’hui dans la culture pop, dans la spiritualité New Age, dans les spiritualités chrétiennes libérales, dans la psychologie pop et dans la Théorie Queer. Ils font partie de l’air du temps qu’il nous faut repousser – comme l’a toujours exhorté Flannery O’Connor – autant qu’il nous repousse.

Les dogmes du postmodernisme

Le Déni de la Certitude et la Vérité Objective. En février [1999], on m’a invité à assister à un colloque en auditeur (c’est-à-dire, sans commentaire) au siège de la Société Biblique Américaine. Le colloque s’appelait « Apporter les Ecritures vers le futur : la Bible pour les publics de demain ». Il s’est avéré que ce colloque sur la Bible était tout droit sorti d’un cauchemar postmoderniste ! Eh bien, je ne suis plus muselé.

Dans la salle de conseil de la Société dont la mission, depuis 1816, a été de disséminer la Bible, et sous le regard des portraits des fondateurs de la Société, qui me semblaient dégoûtés, dix-sept académiciens théologiques et culturels, saturés de jargon postmoderne, ridiculisaient ce qu’ils appelaient « l’arrogance » de la propagation de la Bible et son Evangile centré sur le Christ. Le seul participant venu d’un séminaire évangélique était soit trop poli soit trop intimidé par la majorité pour protester.

Bruce Birch, professeur au Wesley Theological Seminary, insistait à de nombreuses reprises que nous sommes tous « à la fin des certitudes établies » ! En conversant pendant la première pause-café, je mentionna à une des autres auditeurs, Maxie Dunnam, président du Asbury Seminary, que je voulais demander à Birch : « En êtes-vous sûr ? »

Or, on n’avait pas besoin de postmodernisme pour savoir qu’on ne devrait s’attendre à la certitude intellectuelle absolue sur rien ce qui est vraiment important. Pour Saint Augustin, rien n’était plus important que connaître Dieu. Mais il s’impatienta avec l’insistance stupide sur la certitude absolue dans la connaissance au sujet de Dieu : « nous parlons de Dieu – vous étonnez-vous de ne pas comprendre ? » Après tout, nous sommes appelés à marcher avec Dieu par la foi, non par la vue. Et, pour tout d’autre ? Nous sommes toujours en train de découvrir notre manque de connaissances. Mais sans vérité objective, nous ne pouvons même pas savoir l’étendue de ce manque.

Et on n’avait pas besoin de postmodernisme pour savoir que chacun(e) a sa propre interprétation des choses. Mais ce fait-là n’implique pas que tout n’est qu’une question d’opinion. Croire quelque chose comme vrai n’équivaut pas à dire que la vérité est ce qu’on croit.

Et on n’avait pas besoin de postmodernisme pour apprendre qu’il n’y a pas de faits sans théorie. Certains calvinistes du 20e siècle ont construit toute leur nouvelle analyse critique sur la pierre angulaire d’un présuppositionalisme enraciné dans le cœur et orienté vers la foi. Comme les étudiants d’apologétique de Cornelius Van Til au séminaire de Westminster l’ont maintes fois entendu dire : « Il n’y a pas de faits bruts ; il n’y a que de faits interprétés ».

Et on n’avait pas besoin de postmodernisme pour apprendre que toute notre connaissance et notre croyance se produisent dans les limites d’un espace et un temps particuliers : ce que nous savons et croyons que nous savons et croyons. Mais la doctrine chrétienne ancienne de la révélation de Dieu venue d’au-delà de l’espace-temps, subjectivement transmise par le Saint-Esprit à l’écrivain ainsi qu’au lecteur des Saintes Ecritures, l’a pris en considération il y a longtemps. En effet, partout dans les Saintes Ecritures, il y a des yeux qui voient, des oreilles qui entendent et des cœurs capables de comprendre seulement par la grâce de Dieu. Notre connaissance est partielle, mais repose dans la vérité. « Ce qui est caché est réservé à l’Eternel notre Dieu. Par contre, nous sommes concernés pour toujours par ce qui a été révélé, par toutes les paroles de cette Loi qu’il nous faut appliquer ». (Deut 29:29)

Et on n’avait pas besoin de postmodernisme pour apprendre un « herméneutique de suspicion ». Les calvinistes prémodernes ont élaboré une doctrine de la dépravation totale qui n’a pas exclu la raison humaine de la corruption.

La polémique du postmodernisme n’est cependant pas simplement descriptive ; c’est normative, c’est une idéologie. Le postmodernisme ne promeut pas la subjectivité ; il promeut le subjectivisme – le dogme que le seul critère valide pour la vérité est l’interprétation individuelle. Il est quand même révélateur que les mêmes subjectivistes qui affirment, par exemple qu’il ne nous faut pas être sous l’autorité de la Bible, ni de l’Eglise, ni des prédicateurs, s’efforcent de nous mettre sous leur autorité morale et de nous convertir à leur subjectivisme !

Aujourd’hui, le subjectivisme confond la vérité avec ce qui est « vrai pour moi ». On dit que la vérité consiste en ce qu’on éprouve, et il ne faut pas mettre en question ces sentiments. Ne comprenant pas que les sentiments sont les résultats émotifs de ce qu’on pense, que ce soit vrai ou non, on promeut les sentiments au statut de vérité, avec toute son ancienne influence mais sans son ancienne base. Elles sont vraiment des sentiments, bien sûr. Mais naissent-elles dans la vérité ou dans la fausseté ? Et ce n’est pas simplement le fait que nos sentiments résultent inévitablement de notre interprétation de la vérité. On nous dit que nous avons le « droit » à ces sentiments, ce qui se traduit ainsi : ne contestez pas mes idées sur rien. Par exemple, la psychologie pop maintient que nous avons un « droit » à notre colère, comme preuve qu’on nous a fait mal. Malheur à celui qui suggère que ce soit notre interprétation qui est fausse. Ainsi, tristement, même les sentiments non désirés sont donnés le dernier mot parce que les idées qui évoquent les sentiments ne sont pas permises à être contestées et changées.

Revenant au cauchemar qu’était le colloque biblique, les participants ont parlé de leur expérience subjective et individuelle, comme si cela établissait un genre de vérité ou d’autorité au contraire de l’expérience collective et de l’autorité communale produites à travers 2.000 ans de christianisme, voire de la vérité révélée de la Bible elle-même. Un professeur au Séminaire Théologique d’Union a soutenu que « commencer avec de ‘l’autorité’ [externe] ne m’a pas servi de rien … ‘l’autorité’ ne m’est pas utile. … ‘l’autorité’ fait violence à mon essence ». [Vincent Wimbush] Ils « déconstruisaient » la Bible sur leur propre autorité ainsi qu’ils faisaient violence au texte en termes qui invalidaient même la base sur laquelle ils essayaient d’exprimer ce qu’ils considéraient comme vrai. Et ils n’y ont rien compris.

Peter Gay, administrateur du Centre des Erudits et Ecrivains au bibliothèque publique de New York, le déclare : « [je] sympathise avec les athées de la fin du 19e siècle tels que Freud ». Mais il plaide pour la vérité comme tous professeurs de séminaire chrétiens le devraient faire et certains ne le font pas. « Il vaut certainement la peine de répéter », raisonne-t-il, « que nous devons juger la religion, non sur sa possible utilité sociale, mais sur la valeur de vérité – si elle existe – des propositions qu’elle soutient ».

Susan Haack, philosophe à l’université de Miami, indique que « quiconque croit à n’importe quoi, ou pose une question, reconnaît implicitement, même s’il la nie explicitement, que l’existence de la vérité est possible. La vérité », dit-elle, « n’est pas relative à la perspective ». Haack continue en expliquant : « quoique ce qui est vrai ne soit pas relatif à la perspective, ce qui est accepté comme vérité l’est ». Elle avertit qu’« un argument atroce omniprésent dans le Dédain Plus Haut [sa terme pour l’affectation postmoderniste] confond ce qui est accepté comme vrai, ce qui passe pour la vérité, avec ce qui est vrai ». Dit-elle : « quand clairement énoncée, l’Erreur de Passer-Pour n’est pas seulement non valable, évidemment, mais aussi en danger évident de saper elle-même ; car si, comme déclare la conclusion, les concepts de la vérité, de la preuve et de l’examen honnête sont des absurdités idéologiques, la prémisse ne pourrait donc pas être véritablement vraie, et nous ne pourrions pas avoir d’objectivement bonne preuve, gagnée par examen honnête, qu’elle est vraie ». Haack conclut par un avertissement : « si on ne différencie pas ce qui est vrai et ce qui passe pour vrai, il semblera que la vérité doive être subjective ou relative ».

Il y a beaucoup de déguisement de la vérité motivé par l’idéologie de la droite ainsi que de la gauche, bien sûr. Prenez par exemple le journaliste Web d’extrême droite, Matt Drudge. Selon lui, il est plus important d’être le premier publiant un article « intéressant » que de se tracasser avec des « règles snobs » sur l’exactitude de l’article. Juste après la tragédie à l’école Columbine, au Colorado, Drudge a publié deux articles sur son site Web citant un blog d’un soi-disant « motocycliste gay » qui a applaudi les meurtriers comme étant « une bande de nos camarades homosexuels [qui] ont décidé qu’ils en avaient ras le bol ». La formulation maladroite elle-même aurait dû être le premier signe que c’était une fraude anti-gay. Jerry Falwell a continué à partir de là, poussant l’idée sur l’émission « Geraldo Live » que les ados chrétiens à Columbine ont été tués par des homos. Fred Phelps et ses émules sont allés alors au Colorado pour protester devant l’église où se sont déroulés les obsèques. Ils ont porté des pancartes disant : « les pédés les ont tués ».

Le postmodernisme n’est donc pas la seul idéologie qui déforme la vérité à son goût. Mais c’est le premier à fièrement essayer de breveter le processus.

Le réductionnisme à la politique de pouvoir. Beaucoup dépend de sa programme politique. Mais les aspects politiques expliquent-ils tout ce que prétendent les postmodernistes ? L’objectivité doit-elle toujours être « patriarcale » et « oppressive » ? Doit-on tout voir en termes de politique de genre, de race, de classe et de sexe ? Quand de hauts gains politiquement corrects sont en jeu, la réponse est oui.

Un critique littéraire reconnaît que « nous avons tous appris au cours des dernières décennies à être plus à l’écoute de la politique et des programmes politiques. Toutefois », indique-t-il, « quand les postmodernistes déclarent qu’il n’y a qu’une seule » perspective à travers laquelle il faut voir, « cela a des relents de l’essentialisme dogmatique », ce que les postmodernistes eux-mêmes prétendent condamner. [Miola] Leur politisation sévère est réductionniste quand tout doit être vu en termes de la politique de genre, de race, de classe et de sexe. Par exemple, le nouveau genre de « Cinéma Queer ». Dans sa revue de « Get Real » dont le scénariste était Patrick Wilde, et dont le réalisateur était Simon Shore, un certain critique de films blâme « la confusion de l’idéalisation [de] l’expérimentation et l’émerveillement de jeunesse avec la politique sexuelle, vraisemblablement progressiste ». [Armond White] Il juge la sentimentalité du film « doctrinaire » et maintient que « Wilde et Shore (dans leur ignorance) interprètent mal l’attraction sexuelle des adolescents gays comme impératif politique ».

D’après un sage critique social écrivant dans l’Atlantic Monthly : « C’est une simple erreur de logique de commencer avec le fait indiscutable que tout a un aspect politique et alors d’arriver à la proposition que la politique est toujours l’aspect le plus important ». [Frank Kermode] Il continue en raisonnant que « l’acceptation de la réduction [postmoderniste] de l’histoire à un conflit de puissances de telle sorte que la seule fonction de la critique [postmoderniste] soit de chercher la preuve de l’oppression, dépend également sur une erreur logique. Il est jugé axiomatique que toutes connaissances, puisqu’elles sont socialement construites, n’ont aucune validité objective – quoique les connaissances sur lesquelles cette croyance est fondée soient silencieusement exclues de censure ». Les postmodernistes abordent tout en termes de « la seule chose qui les intéresse, un contenu politique dont la signification est prédéterminée », comme le dit Kermode. C’est de perpétrer ce que John M. Ellis appelle « l’idée fallacieuse du facteur unique » dans son livre, Literature Lost : Social Agendas and the Corruption of the Humanities (La littérature perdue : les programmes sociales et la corruption des humanités). Kermode s’aperçoit que ces gens ne font qu’« interpréter l’objet d’étude selon leurs idées préconçues ».

Le Relativisme Morale. On n’avait pas besoin de postmodernisme pour nous apprendre que les gens ont des opinions différentes sur ce qui est éthique et ce qui ne l’est pas, sur ce qui est bien et ce qui est mal. Mais ce qui est nouveau, c’est l’adoption répandue de ce dogme rationalisant : Il n’y a aucune norme morale objective ; il n’y a pas de bien ni de mal. On prétend que la moralité est simplement une question d’opinion ou de sentiments. Le nouvel impératif moral est : Tout est relatif ! Y compris cette règle-là ?

Où que nous tournions, nous rencontrons les nouvelles règles. Elles sont typiquement postmodernistes : catégorie-écrasantes, transgressives et déstabilisantes. Leurs marchants sont Springer, Stern et « South Park ». Selon un professeur d’études de médias au NYU, « le manque de goût est la nouvelle orthodoxie ». [Mark Crispin Miller] Comme le promet une publicité à la télé américaine : « Nous avons chassé les censeurs et bon sang, ça se voit ! »

Les nouvelles règles sont censées venir du dedans. En fait, elles viennent de l’extérieur – des « fabricants de goût » qui ont fait leur étude de marché sur ce que les gens avaleront. Une annonce pour le grand magasin Neiman-Marcus : « pas de règles ici ». (Sauf, on le suppose, es règles sur le paiement des marchandises.) Une autre annonce pour les salles de gym Crunch : « pas de jugements ». (Mais, qu’est-ce qui propulse la culture physique qui soutient le Crunch ? Les jugements, bien sûr !) Une annonce pour le whisky Johnny Walker : « on ne pénètre pas sans autorisation en dépassant ses propres limites ». Pour le rhum Don Q : « violez toutes les règles ». Une annonce pour « Detroit Rock City » : « dites au revoir aux règles ». L’annonce pour les autos Isuzu dépeint une voiture en train de démolir un panneau publicitaire énorme où est écrit : « Règles ». Comme le promet un jeu vidéo de football : « sans arbitres, sans règles, sans merci ».

Ces items illustrent « la croyance culturelle incontestée » en un faux sens d’autonomie que John F. Kavanaugh, écrivant dans le journal Jésuite America, appelle « la clé pour comprendre l’esprit de l’Amérique ». Il perçoit que cette croyance « est presque parvenue à régner en maître », remarquant qu’« en tant que des individus, nous semblons croire que l’autonomie est au fond de nos êtres … que l’autonomie nous donne notre dignité ainsi que notre humanité ».

A la différence de tous ceux qui prennent leurs désirs pour des réalités, le relativisme moral ne peut pas échapper à des règles. Même « pas de règles » est une règle. Et dans une moralité « sans règles », aucune règle n’est plus suprême que « Tu ne porteras pas de jugements ! » Un certain sociologue l’appelle l’onzième commandement américain. [Alan Wolfe] L’anti-jugementalisme est la pierre angulaire du relativisme moral.

Une revue dans la presse gay d’un livre d’Andrew Sullivan, Love Undetectable (L’amour indécelable), proteste contre un certain remarque de Sullivan : « la promiscuité comme mode de vie collectif … [est ] un mensonge tragique ». Le critique lui-même porte des jugements contre Sullivan : son « hyperbole semble provenir d’un taon mesquin … dont les vues sont nourries par ses propres croyances religieuses et morales », et le critique juge que les jugements de Sullivan sont donc « dénués de pertinence » pour d’autres gens. [Otto Coca] Selon sa propre philosophie de juger, ce que dit le critique devient tout aussi « dénué de pertinence » pour d’autres gens. Mais les petit caractères de l’échappatoire de sa règle sont ainsi : Quand je porte des jugements contre les autres, je ne fais que laisser libre cours à mes émotions ; quand les autres portent des jugements contre moi, ils vont trop loin ! Quel truc génial !

Mais ces convolutions et contradictions sont courantes ces temps-ci. Ceux qui se disent tolérants et ouverts d’esprit, les champions de relativisme moral et d’inclusivisme, sont tout aussi enclins à porter des jugements de valeur et tout aussi exclusivistes et bornés que ceux contre qui ils portent des jugements. Mais ils ne peuvent pas s’en empêcher. « La tolérance absolue est absolument impossible », explique le théoricien politique Leo Strauss. « La soi-disant tolérance absolue se transforme en haine féroce de ceux qui ont nettement et très vigoureusement énoncé qu’il existe des normes immuables » de bien et de mal.

Parmi les relativistes moraux, l’« onzième commandement » est enfreint à maintes reprises. Mais on présente le « jugementalisme » politiquement correct comme s’il ne portait pas de jugements de valeur. Cela nécessite un usage désordonné de langage, par exemple dans le Web-zine du Planned Parenthood visant les adolescents de plus de 13 ans. Les adolescents sont promis des renseignements « non censurés et impartiaux » sur le sexe. Voilà ce qui est promu en ce qui concerne l’autorité morale : « franchement, une page web ne peut pas décider pour toi si tu es prêt [à avoir des rapports sexuels] ou non ». Après avoir satisfait le Service du contentieux, le site web du Planned Parenthood fait la sourde oreille à sa propre déclaration et essaie de faire ce qu’il prétend ne pas faire. « Ni ton meilleur ami, ni ton petit ami, ni ta petite amie, ni ton parent, ni ton frère, ni ton professeur, ni ton ministre, ni ton conseiller, ni ton rabbin non plus – bien, t’as l’idée ». Oui, bien sûr. Ayant mise chacune de ces relations très différentes précisément au même niveau disqualifié, Planned Parenthood sonne maintenant l’alarme avec son propre conseil : « le seul qui peut savoir quand il est bon temps est toi ». Cool, oui – mais pas tout à fait vrai. Sur quelle base d’autorité l’adolescent devrait-il décider ? Selon ce que dit Planned Parenthood, naturellement. Ainsi l’adolescent n’est vraiment pas permis de décider pour lui-même ou elle-même. Planned Parenthood injecte sa propre autorité comme remplaçant pour l’autorité parentale et pour l’autorité pastorale. Et comme preuve que les relativistes moraux ne sont pas au-dessus de tordre le vocabulaire conventionnel, voici ce qui est promu sur la question de l’abstinence sexuelle : « Pour faire simple, supposons qu’il y a deux sortes d’abstinence. La première est quand les partenaires prennent part à des activités sexuelles très limitées – peut-être un bisou, mais aucune nudité, aucune caresse, aucun orgasme, rien. C’est la sorte recommandée par tes parents, selon toute probabilité ». Vraiment ? « La seconde sorte [d’abstinence sexuelle] consiste en beaucoup d’activité sexuelle et est plus ouverte aux possibilités … que dirais-tu d’un peu de masturbation mutuelle qui finit en orgasme ? » Et c’est là l’abstinence sexuelle ?

Voilà un autre exemple de l’emploi incohérent de termes dans le relativisme moral sur la scène sexuelle urbaine contemporaine. Cette petite annonce dans le Village Voice a été sous la rubrique Multiples : « On recherche un homme bisexuel/curieux. Couple monogame HF [homme/femme], âgés de 40 ans+, recherche un HB [homme blanc] bien doté, bi-curieux, propre, âgé de 30-50 ans pour RLT [relation à long terme] et temps sensuels ». Va savoir !

Le pluralisme, l’Inclusivité, la Diversité. La déni de la certitude, la réduction du tout à une question de privilège politique, et le relativisme moral qui se trouvent dans la société contemporaine finissent par promouvoir la politique d’un pluralisme intransigeant, d’inclusivité et de diversité. Ces trois mantras du postmodernisme constitue une nouvelle trinité canonique. Or, il y a beaucoup à recommander dans les inquiétudes portant sur la division injustifiée. Au mieux, de telles inquiétudes sont des correctifs attendus depuis longtemps pour certains des maux graves du passé. Mais après un examen plus approfondi, le pluralisme du postmodernisme n’est pas vraiment pluraliste, sa diversité n’est pas si diverse que ça, et son inclusivité exclut – avec une ardeur redoublée – quiconque n’est pas d’accord.

Revenant au cauchemar postmoderniste qu’était le colloque biblique, un spécialiste du Nouveau Testament du séminaire de Vanderbilt a posé cette question rhétorique : « Pourquoi disséminer la Bible ? Est-ce parce que ceux qui n’ont pas une Bible manquent de quelque chose ? C’est énormément condescendant … Le pluralisme », a-t-il proféré, « est le mythe définissant » de notre monde postmoderne et « je m’en réjouis ! » Il a prétendu « parler en tant qu’un chrétien » en affirmant que « la Bible n’a pas de solution au 21e siècle », et, au lieu de cela, est « nuisible ». [Fernando Segovia] Puisque le mandat pour la conformité politiquement correcte est, comme l’affirme un certain séculariste, tout aussi « inflexible que n’importe quelle sainte écriture », [Jane Dark] personne n’a contredit cet érudit biblique sur cela. Son collègue de Vanderbilt, parlant d’un point de vue juif, est intervenu d’un ton sarcastique sur la notion de Jésus en tant que Dieu en forme corporelle : « Quelle est la pertinence pour le 21e siècle ? Quel est l’avantage ? » [Amy-Jill Levine] Encore une fois, aucun des participants n’a osé protester.

Ce postmodernisme provincial, qui se fait des courbettes devant un pluralisme triomphaliste, semble n’avoir aucune conscience de l’histoire. Comme le fait remarquer Alister McGrath, théologien à l’Université d’Oxford : « la proclamation chrétienne a toujours eu lieu dans un monde pluraliste, en compétition avec d’autres convictions religieuses et intellectuelles ». Il remarque que « l’émergence de l’évangile au sein de la matrice du judaïsme, la propagation de l’évangile dans un milieu hellénistique, la première expansion chrétienne à Rome païenne, l’établissement de l’église Mar Thomas dans le sud-est de l’Inde – dans toutes ces situations les apologistes et les théologiens chrétiens, sans mentionner les croyants chrétiens ordinaires, savaient qu’ils avaient plus de choix disponibles que le christianisme. Et ce fait ne les ont pas empêchés pas de prêcher la Bonne Nouvelle ! » Non seulement dans l’Eglise naissante mais aussi au milieu de l’époque chrétienne, et « pendant plus de trois siècles [1066-1460], les îles Britanniques étaient, à l’exception du royaume normand de Sicile, le territoire le plus considérablement multilingue et multiculturel en Europe occidentale ». [Susan Crane] L’évangélisateur anglo-canadien, Michael Green, remarque : « Je trouve ironique que certains objectent à la proclamation de l’évangile chrétien de nos jours puisque tant d’autres croyances au seuil de notre village mondial jouent des coudes pour attirer l’attention. Quoi de neuf ? La variété de croyances dans l’Antiquité était même plus nombreuse qu’aujourd’hui. Et les premiers chrétiens, faisant des revendications suprêmes à propos de Jésus, affrontaient le problème d’autres croyances dès le début ». Donc, selon William Willimon, aumônier à l’université de Duke : « Démétrius avait raison lorsqu’il a accusé les chrétiens de vouloir priver Artémis de sa majesté ». Malheureusement, ce n’est pas autant le cas pour les chrétiens postmodernistes.

Une collection de quatre-vingt-six extraits des œuvres des universitaires féministes contemporains est intitulée « Feminisms ». Selon les rédacteurs : « l’emploi du pluriel dans le titre reflète la diversité contemporaine de motivation, de méthode et d’expérience parmi les universitaires féministes, ainsi que l’engagement politique du féminisme dans la diversité ». Cependant, un critique pour le Times Literary Supplement remarque qu’ « il faudrait un connaisseur en postmodernisme pour y trouver de la diversité ». [Louise M. Antony]

Les dirigeants GLBT promeuvent une idéologie postmoderne dont le pluralisme, l’inclusivisme et la diversité ont des limites, tout en rejetant certains groupes, tout aussi homos qu’ils le sont, dont les idées montrent la diversité large de la communauté LGBT. Où est « l’inclusivité », « la diversité » ou « le pluralisme » dans les nombreuses tentatives par les dirigeants auto-désignés du mouvement LGBT d’exclure les activistes homos qui sont pro-vie ou républicains ?

La plupart des soi-disant inclusivistes ne semblent pas être gênés par certains types d’exclusivité. Par exemple, il y a un appel accepté voire célébré pour l’exclusivité dans tout ce qui est influencé par les agences de publicité [Madison Avenue] : les marques de designer, les salles de sport branchées, les cartes de crédit chic, les célébrités, les clubs branchés, les belles propriétés. On accepte l’idée des organisations limitées aux gens de couleur, des clubs de cuir (avec des codes vestimentaires stricts), des réunions de lesbiennes où l’on n’accueille pas d’hommes, et ainsi de suite. Ceux qui condamnent le fait que les organisations ouvertement gay sont exclues du défilé de la St-Patrick, de même, excluent les organisations « ex-gays » et des groupes pro-vie LGBT des défilés de la Fierté Gaie. Quelles que soient les raisons employées pour expliquer ces exclusivités et exclusions, un raisonnement en particulier qu’on ne peut pas employer est la notion que l’exclusivité est intrinsèquement mauvaise, et que l’inclusivité est intrinsèquement bonne. L’inclusivité est dénuée de sens si tout est inclus et rien n’est exclu.

Le Prisme de l’Evangile

Ayant maintenant examiné quelques-uns des problèmes impliqués dans de faux « évangiles », pouvons-nous trouver ces mêmes problèmes abordés dans le vrai Evangile : la Bonne Nouvelle que Dieu était en Christ, réconciliait le monde avec lui-même ? Puisque la Lumière de Dieu brille à travers l’Evangile, répandant un spectre d’Amour radieux qui s’étend sans cesse, et animant de façon inimaginable tout ce qu’elle illumine, on s’attendrait que ces soucis seraient, en effet, dans son étreinte éclatante. Voyons.

L’individualité de l’Evangile. Le souci pour la conservation de soi qui entraîne les programmes intéressés des autres « évangiles » est abordé dans le souci tendre du vrai Evangile pour « quiconque », pour « le moindre de mes frères », et pour « chaque moineau qui tombe à terre ». Mais dans l’Evangile, on trouve la vraie Vie en perdant sa vie égocentrique ; on trouve son vrai moi en sacrifice de soi.

La Loi de l’Evangile. Les efforts pharisaïques des autres « évangiles » pour gagner l’amour de Dieu en le rendant redevable envers nous ont abouti à notre enchevêtrement dans des listes de règles sans fin et dans des sentiments de culpabilité sans fin. Ces légalismes n’étaient jamais vraiment effectifs. Ils n’ont traité que les symptômes. Seul l’Evangile accède au cœur du problème : Dieu en Christ, nous aimant tellement que nous répondons à son amour en aimant notre prochain. Paul a écrit aux Galates et aux Philippiens que nous les chrétiens accomplissons la loi du Christ en portant les fardeaux des autres. [Gal 6:2 ; Phil 2:4] La loi de l’Evangile est l’Amour.

La Vérité de l’Evangile. La Vérité de l’Evangile est une Personne avant qu’elle ne soit notre vérité personnelle, propositionnelle ou pratique. En répondant à une question au sujet de la « vérité », George MacDonald a professé de « n’avoir entraperçu que ses vêtements blancs, c’est-à-dire, ceux de la vérité abstraite dont vous parlez. Mais j’ai vu ce qui est éternellement au-delà d’elle : l’idéal dans la vérité vraie et vivante, non pas la vérité à laquelle je puisse penser, mais la vérité qui s’imagine, qui m’imagine, que Dieu a imaginée, oui, que Dieu est, la vérité étant loyale envers elle-même, Dieu, et l’humanité – le Christ Jésus, mon Seigneur, qui connaît, ressent et accomplit la vérité. Je l’ai vue, et j’en suis à la fois content et insatisfait. Car dans lui sont cachés tous les trésors de sagesse et de connaissance ».

Néanmoins, les chrétiens croient qu’un sens de la réalité qui est suffisamment vrai est fourni comme révélation générale et spéciale qui provient d’au-delà des contingences de la réalité créée. Une telle vérité est le don de la Vérité – à être découverte, reçue et réalisée, mais ni inventée ni épuisée.

On n’invente pas la Vérité de l’Evangile ; on ne peut pas l’échafauder. La Vérité de l’Evangile se dévoile Elle-même. C’est pourquoi, comme le dit Chesterton, « la vérité … doit nécessairement être plus étrange que la fiction, car nous avons façonné la fiction pour l’adapter à nos envies ».

La Certitude de l’Evangile. Il ne peut y avoir aucune certitude qui se confirme dans toutes les limitations de la réalité dérivée. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne peut y avoir aucune certitude. Le cœur peut croire à partir de, grâce à, et envers la révélation de Dieu au lieu de mettre ses espoirs dans ses propres suppositions délimitées et désorientées. Comme le dit Wittgenstein : « si je veux être VRAIMENT sauvé, ce dont j’aurais besoin est la certitude – non pas la sagesse, les rêves ou la spéculation – et cette certitude est la foi. Et la foi est la confiance dans ce dont mon cœur et mon âme ont besoin, … Ainsi, cela peut se produire seulement si vous ne reposez plus votre poids sur la terre, mais plutôt si vous vous suspendez au ciel ».

Un mot évangélique de prudence : « La moindre suggestion que le langage chrétien parle avec infaillibilité serait le premier symptôme de sa morbidité [dans un monde postmoderniste]. Nous [les chrétiens] ne battons pas en retraite quand le postmodernisme réduit toutes les connaissances à l’ironie (qui peut être aussi arrogante que le positivisme à son pire). Les racines de la vraie humilité se trouvent dans les Saintes Ecritures, et nous les ‘prémodernes’ devrions continuellement nous souvenir de ce fait biblique patent. Il nous faut nous souvenir non seulement que nos connaissances sont limitées et nous limitent, mais que même le peu que nous avons cessera bientôt (1 Cor 13:8-10). L’humilité épistémique dérive de la reconnaissance non seulement de notre nature créée mais aussi des ‘effets noétiques du péché’, notre propre dissolution de l’ordre édénique. Ces deux faits qui donnent à réfléchir nous attrapent par la peau épistémique du cou ». [Jonathan Tucker Boyd]

La Puissance de l’Evangile. Jésus a promis à ses disciples qu’ils allaient recevoir la puissance du Saint-Esprit de Dieu afin d’être ses témoins – de Jérusalem à « toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde ». [Actes 1:8] Mais l’occasion de témoigner s’est avérée être la persécution religieuse à Jérusalem, quand les témoins ont dû quitter la ville. Et en le faisant, ils sont allés « dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde ». [Actes 6ff] La puissance de l’Evangile a atteint son but par et malgré la persécution voire la martyre.

La puissance de l’Evangile est, comme l’indique Paul, « la puissance de Dieu ». [1 Cor 1:18] La puissance de cet Evangile ne ressemble pas à quelque chose qui ne fait que se faire passer pour la puissance – que ce soit personnelle, socio-économique, militaire ou n’importe quoi. Dieu a plutôt choisi ce qui est faible et humble. [1 Cor 1:27] Dieu n’est obligé ni vers le système de valeurs ni vers les habitudes de ce monde. Dieu a humilié l’orgueil des puissances de ce monde par l’humilité de la Puissance de Sa Parole.

La Relativité de l’Evangile. Albert Einstein a été horrifié en entendant que certains utilisaient ses théories de relativité en physique pour leur plaidoirie spéciale en faveur du relativisme en éthique et en moralité.

Il est vrai néanmoins qu’une certaine relativité dans l’Evangile nourrit la moralité chrétienne. La façon dont les chrétiens plus forts exercent leur liberté en Jésus-Christ dans leurs relations avec des chrétiens plus conservateurs doit prendre en considération, avec tendresse, l’effet sur ces chrétiens plus faibles, comme le soutient Paul. [Rom 14:14, cf. Mc 7:15,19] Les chrétiens qui sont en accord avec Paul (qui suit Jésus) que rien n’est impur en soi, doivent pourtant être conscients que beaucoup d’autres chrétiens ont des difficultés avec une telle liberté. Donc, « seulement quand la liberté est la liberté de s'en priver, et non seulement d’apprécier tout ce que Dieu le créateur fournit, est-elle la liberté de l’Esprit du Christ ». [Dunn]

La Tolérance de l’Evangile. Dès le temps du compromis du Conseil de Jérusalem sur l’inclusion des Gentils, certains chrétiens ont vu le besoin d’être tolérant envers ceux en désaccord avec eux sur les questions d’opinion, comme l’appelait Paul. Ils se sont mis d’accord sur leur désaccord. Au deuxième siècle, Justin Martyre a expliqué à Trypho le juif que « moi et un grand nombre d’autres, nous sommes de cette opinion [sur des espérances millénaires] tandis que beaucoup de ceux qui appartiennent à la foi pure et pieuse, et qui sont des chrétiens véritables, pensent autrement ». Dans A Catholic Spirit (Un esprit catholique), John Wesley l’a demandé à d’autres chrétiens : « bien que nous ne puissions pas penser de la même façon, ne pouvons-nous pas aimer de la même façon ? »

Quoique Paul n’ait permis aucun compromis sur la question cruciale de la grâce gratuite en Christ, la grâce gratuite elle-même nous libère tout addendum qui soit prétendument requis. Cet homme, qui a été appelé « le plus libéral et émancipé parmi les chrétiens du premier siècle », [Bruce] a dit aux Galates que « C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis ». (Gal 5:1) Cependant il a mis en garde de ne pas utiliser cette liberté pour se faire plaisir, ce qui asservirait encore une fois.

La Diversité de l’Evangile. Paul a affirmé qu’il s’était fait « tout à tous, afin d’en conduire au moins quelques-uns au salut par tous les moyens ». (1 Cor 9:22) Et tout cela a été pour l’Evangile. (1 Cor 9:23) La diversité de l’Evangile est « tout à tous … par tous les moyens » pour un seul but.

Os Guinness, érudit avec le Trinity Forum évangélique, constate que l’une des « deux conditions de la pensée chrétienne qui s’opposent à toute forme d’uniformité [est] l’importance de la diversité ». Comme il l’indique : « nous devons tous penser d’une façon chrétienne, mais c’est pourquoi nous ne devons pas penser de la même façon. … La diversité plutôt que l’uniformité est une conséquence directe de la liberté chrétienne ainsi que de la faillibilité chrétienne ».

La diversité de l’Evangile se montre dans le Corps du Christ. [1 Cor 12:4-12] Ici on trouve une large diversité d’expérience, de besoins, d’intérêts, de styles, de dons et de capacités.

Dans leur introduction d’un livre sur « la tradition évangélique », deux Evangéliques très conservateurs déclarent catégoriquement : « aucune tradition évangélique unique n’existe ». [D.G. Hart et Albert Mohler, Jr.] Les dirigeants évangéliques, l’un Presbytérien orthodoxe et l’autre Baptiste sudiste, expliquent que « les Evangéliques sont des héritiers d’une variété de traditions ethniques et confessionnelles ». Selon un autre théologien évangélique : « il y a de nombreux types d’Evangéliques : certains encore profondément marqués par les qualités du Siècle de lumières ; d’autres d’un style réformé-confessionnel, puritain-historique ou romantique ; certains exprimant la conscience historique des mouvements du 19e siècle ; et encore d’autres articulant l’évangile dans une gamme ahurissante des modes du 20e siècle, que ce soit le processus, la libération, le féminisme ou le charismatisme, sans parler du nombre grandissant de variétés de théologie surgissant au-delà de l’Occident développé ». [John G. Stackhouse, Jr.]

Timothy George, historien de l’Eglise, remarque qu’à un congrès à Manila il y a dix ans, « 4.000 délégués évangéliques se sont assemblés ... venus de 173 pays ». Il indique que ce nombre représente plus de pays que l’ONU. « Nous [les évangéliques] ne prétendons pas être les seuls chrétiens véritables », dit-il, « mais nous nous reconnaissons les uns dans les autres une confiance vivante et personnelle en Jésus le Seigneur, et c’est là la base de notre fraternité en dépit de tant de divisions ethniques, culturelles, nationales et confessionnelles ».

La diversité d’Evangéliques découle du fait que l’Evangile n’est pas lié à une seule société, une seule culture, un seul sexe, un seul personnalité, un seul tempérament, un seul niveau socio-économique ou éducationnel, un seul style ni une seule orientation sexuelle. L’Evangile transcende tout.

L’Inclusivité de l’Evangile. « Dieu a tant aimé le monde » est l’inclusivité de l’Evangile. [Jean 3:16]

Le calviniste anglais du 18e siècle qui a écrit l’hymne, « Roc Séculaire » a également écrit : « Le but de Dieu n’est pas limité aux [gens] d’un certain pays, d’une certaine époque ou d’une certaine confession religieuse. Assurément, il y a des juifs élus, des Musulmans élus et des païens élus. Bref, un nombre illimité de personnes que Christ a racheté pour Dieu, par son sang, dans tous tribus, langues, peuples et nations ». [Augustus Montague Toplady] Toplady croyait que même les animaux seraient sauvés !

Son confrère évangélique anglican, le poète William Cowper, a écrit beaucoup d’hymnes pour l’hymnaire Olney de John Newton, y compris « Il y a une fontaine remplie de sang ». Il a aussi composé ces lignes : « la vertu est-elle alors, sinon la croissance chrétienne, / juste une erreur, ou une folie, ou les deux ? / Dix mille sages perdus en souffrance sans cesse / à cause de l’ignorance de ce qu’ils ne pouvaient pas savoir ? / Ces paroles trahissent aussitôt le langage d’un bigot / N’accusez pas un dieu d’un tel mal grotesque ». Alors Cowper a conclu par la base de son espérance fidèle : « pourtant, en vertu de l’appel d’un Sauveur, / aveugle non par hasard, mais destiné à ne pas voir, / leur force morale et leur sagesse étaient la flamme / céleste, quoiqu’ils ne connaissaient pas d’où elle est venue, / dérivée de la même source de lumière et de grâce / qui guide le chrétien dans sa course plus rapide ; / leur juge était conscience, et sa règle leur loi ; / si hésitante, faible et lente que soit la manière, elle les a conduits, de ce qu’elles connaissaient envers ce qu’elles désiraient savoir ».

Un jour alors que John Wesley, contemporain de Toplady et de Cowper, faisait une promenade en carrosse, il a réfléchi sur la révélation divine à l’apôtre Pierre sur l’inclusivité de l’Evangile. Wesley a enregistré le suivant dans son Journal pour le jour : « N’est-il pas grand temps de retourner aux paroles claires [des Actes 10:35], ‘celui qui le craint et qui pratique la justice lui est acceptable’ ? »

Lorsqu’on a questionné D.L. Moody, évangélisateur américain exceptionnel du 19e siècle, sur la destinée éternelle de l’agnostique le plus infâme de son temps, Moody a répondu : « Je ne sais pas. Nous ne sommes pas juges. C’est pour Dieu seul à juger ». Les collègues de Moody sont allés plus loin. On a questionné C.I. Scofield, rédacteur de la populaire Scofield Reference Bible, sur la destinée éternelle de ceux qui meurent sans avoir jamais entendu l’Evangile. Il répondit que s’ils suivront n’importe quelle lumière que Dieu leur donne, « ils trouveront le chemin à Dieu ».

Le premier rédacteur de la Bible Scofield a été A.T. Pierson, successeur de Charles H. Spurgeon au Tabernacle Métropolitain à Londres. Pierson a contribué à The Fundamentals (Les fondements), la série doctrinale qui a donné son nom au Fondamentalisme. Voici ce que Pierson a écrit dans The Crisis of Mission (La crise de mission) en 1886 : « s’il existe n’importe où un âme cherchant Dieu à tâtons, suivant la lumière de nature et de conscience, dans l’espérance et la foi que le Grand Inconnu va lui donner, d’une manière ou d’une autre, plus de lumière, ce qui aboutira à la vie et à un état bienheureux, l’on peut le laisser sûrement à Son souci paternel ».

Sir Norman Anderson, spécialiste en loi islamique et dirigeant de longue durée dans l’InterVarsity Christian Fellowship, a écrit un livre sur le christianisme et les religions mondiales de nos jours. Il a argumenté que, tout comme à l’époque de l’Ancien Testament, on est sauvé aujourd’hui par la grâce inclusive de Dieu, même en dehors de toute confession chrétienne.

Etant donné la longue histoire de l’appui évangélique pour une vaste inclusivité dans la doctrine chrétienne du salut, comment est-ce que tant de gens, au sein des cercles chrétiens ainsi que dehors, continuent à oublier l’immensité de la miséricorde de Dieu ?

Il y a une autre inclusivité qui se rapporte à l’Evangile. Elle s’exprime dans ces mots surprenants du théologien qui était autrefois le premier ministre des Pays-Bas : « il n’y a pas un pouce carré dans le domaine entier de notre expérience humaine pour lequel Christ, Souverain au-dessus de tout, ne crie pas, ‘C’est le mien !’ » [Abraham Kuyper] Un mode de vie centré sur l’Evangile touche notre vie entière. Après tout, l’Evangile avait été résumé par aimer Dieu de tout ce que nous sommes et avons, non ? En parlant à nous les chrétiens, Paul nous exhorta à « faire prisonnière toute pensée pour l’amener à obéir au Christ ». [2 Cor 10:5] Même Hitler savait que l’Evangile du Christ exige notre maximum. Hitler déclara qu’on est soit nazi soit chrétien, mais qu’il est impossible d’être les deux à la fois. Chacun exige tout.

Il y a encore une autre inclusivité de l’Evangile – l’Eglise en tant qu’assemblée, en tant que famille – et une famille dysfonctionnelle en plus. Il y a d’autres chrétiens à part moi. Tout ne tourne pas autour de moi. Il y a un vieux dicton évangélique qui dit que Christ serait allé à la croix pour vous, même si vous étiez le seul pécheur dans le monde. Oui. (« Mais tu ne l’es pas, Blanche, tu ne l’es pas ! » – une réplique de Bette Davis dans le film Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?) Mais vous n’êtes pas le seul pécheur et vous n’êtes pas le seul pécheur sauvé. Les descendants de la foi sont, comme Dieu l’a promis à Abraham, « aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que les grains de sable au bord de mer » ! [Gen 22:17]

Il y a une inclusivité de l’Evangile qui surpasse même cela. Ce n’est pas tout simplement que les enfants de l’Alliance seront « aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que les grains de sable au bord de mer ». C’est que les étoiles, les cieux, les sables et les bords de mer sont eux-mêmes inclus dans la Rédemption. Paul écrit que « la création tout entière est unie [avec nous] dans un profond gémissement » en prévision de rédemption. [Rom 8:22] A chaque fois que je vois l’annonce publicitaire d’ITT à la télé avec toutes les poissons et d’autres créatures de la mer chantant l’Alléluia d’Handel, j’y réfléchis. S’ils peuvent ainsi chanter parce qu’ITT a nettoyé les lacs et les fleuves, que feront-ils lorsque, comme le dit Charles Spurgeon, « les rachetés seront le tout du monde ! »

Le Jugement de l’Evangile. L’inclusivité de l’Evangile nécessite le discernement à titre rectificatif. Paul appelle cela « mettre les esprits à l’épreuve » pour déterminer s’ils viennent de Dieu ou non. Donc, il n’y a aucune Bonne Nouvelle d’inclusivité qui ne se réconcilie pas avec la Bonne Nouvelle de discernement. Mais le jugement de l’Evangile n’est jamais simplement une note négative, comme le sont les reproches constants des juges égocentriques qui ne connaissent pas ou oublient la profonde miséricorde que Dieu leur montre. Quand le discernement de l’Evangile doit, nécessairement, sonner une note négative, c’est une nécessité en route vers un crescendo de miséricorde.

La Pluralité de l’Evangile. Jean Paul II a été affligé par le fait qu’« une pluralité légitime de positions a cédé à un pluralisme indifférencié, basé sur l’assomption que toutes positions sont aussi valables les unes que les autres ».

Il y a une pluralité de personnel et une pluralité d’approches dans le ministère de l’Evangile. Depuis que Jésus a raisonné avec ses disciples que « celui qui n’est pas contre [Jésus] est pour nous », (Mc 9:40) les disciples de Jésus ne devraient pas penser que tous les autres disciples de Jésus sont ipso facto illégitimes. Les « exclus » peuvent être en Christ.

J’ai une lettre signée par John Wesley, qui l’a écrite à une amie, Nancy Ford, en 1769. Perplexe sur certains prédications d’un prêtre anglican calviniste, William Romaine, elle avait contacté Wesley, un prêtre anglican arminien. Elle voulait quelque clarification sur des questions soulevées par Romaine. Dans sa réponse, Wesley en discutait longuement pour montrer que Romaine ne savait rien sur le sujet en question. Il écrit que Romaine trouve dans le texte hébreu ce qui n’était simplement pas là. Alors, vers la fin de la lettre, Wesley dit : « je n’ai pas le temps » d’en dire davantage, sauf pour ajouter que « je n’ai aucun droit à prescrire. Satisfaites vous-même et vous satisferez, ma chère Nancy, votre frère affectueux, J. Wesley ». C’est dans la bonne tradition du pluralisme évangélique. Dans les vieux mots répétés par l’historien anglais et méthodiste, Sir Herbert Butterfield : « Tenez bien le Christ, et quant au reste, soyez tout à fait non engagé ».

L’Histoire de l’Evangile. Par contraste à nos propres histoires qui sont superficielles, inconsidérées et intéressées – histoires des individus et des groupes d’identité – l’histoire de l’Evangile est l’histoire de nous tous et de Dieu. Elle provient de la profondeur du Cœur de Dieu pour habiter la profondeur de nos propres cœurs. Elle transcende et transforme tout notre gribouillage. L’histoire de l’Evangile est la Parole de Dieu contre la nôtre – pour notre bien – en Christ. Elle fait partie des « œuvres complètes » de Dieu, une réécriture de nos cris de désespoir, les transformant en des histoires vraies de Rédemption vraie.

Les postmodernistes rejettent toutes histoires à grande échelle et tous métarécits, les qualifiant de jeux de pouvoir – à l’exception, bien sûr, du métarécit de leur déclaration. Mais comme l’explique N.T. Wright, spécialiste du Nouveau Testament à Oxbridge : « le métarécit biblique s’offre comme la seule histoire qui résiste la déconstruction. » Il nous rappelle que « du début à la fin, le métarécit biblique parle d’un Dieu qui n’avait pas besoin de créer, mais l’a fait par amour débordant et par générosité. Il s’agit d’un Dieu qui n’avait pas besoin de racheter et de recréer, mais l’a fait comme le plus grand acte possible d’amour sacrificiel. Le problème », l’indique Wright, est « que la manière dont nous avons remanié ce récit l’a transformé en notre propre course au pouvoir. Mais le métarécit biblique, ce n’est pas un récit de contrôle, c’est un récit de sacrifice. Ce n’est pas un jeu de pouvoir, c’est une preuve du pouvoir d’amour ». L’histoire de l’Evangile, indique-t-il, « conteste toutes les autres histoires à grande échelle sur Dieu, sur l’univers et sur la race humaine. Mais elle les conteste non comme course au pouvoir pour éclipser l’autre histoire, mais plutôt comme subversion de toutes courses au pouvoir par l’amour sacrificiel du créateur Dieu ». Et, oui, l’histoire de l’Evangile fait la même chose avec toutes nos histoires individuelles.

Quelle folie choisissez-vous ?

En tant que chrétiens évangéliques gays et lesbiens, nous n’avons aucun choix sinon celui d’être insensé ou de le paraître. La question est : quelle folie choisissez-vous ?

Notre folie est-elle comme celle des Galates insensés ? Est-ce que nous, nous aussi, ajoutons d’autres « évangiles » de sorte qu’en réalité nous renions le vrai Evangile ? Est-ce que nous nous définissons par l’Evangile de la grâce de Dieu et la paix en Christ Jésus ou plutôt par les « évangiles » antichrétiens des légalismes superficiels et intéressés – que ce soient chez les Evangéliques ou chez les théoriciens Queer ? Notre identité reste-elle dans notre Sauveur ou dans notre sexe ? Sommes-nous appelés au sacrifice de soi ou au sacrifice de nos êtres sexuels ? Savons-nous, avec Philippe, Paul, Pierre et l’Evangile sans Loi, que personne n’est « impur » ni interdit seulement en raison de son statut social, racial ou sexuel ? Pour nous, l’arc-en-ciel est-il plus un symbole des programmes LGBT qu’un rappel de la promesse de miséricorde envoyé par notre Dieu, celui qui respecte ses Alliances ? Le triangle est-il plus important pour nous comme symbole rose d’identité LGBT ou comme symbole de notre Dieu Trin ? Est-ce que nous nous intéressons plus à partager nos propres histoires qu’à partager « la plus grande histoire jamais racontée » ? En d’autres mots, notre folie est-elle comme celle des Galates ?

Ou bien – notre folie est-elle comme la « folie » de Paul, ayant foi en la « folie » de Dieu ? Paul a admis qu’il avait été pris pour un insensé par les Corinthiens qu’il a qualifiés sarcastiquement de « sages ». [2 Cor 11:19] Il jouait avec leur caricature de lui comme n’étant pas à la hauteur. Bien sûr, Paul n’était pas conforme à leurs normes. Son Evangile n’était pas concocté à partir d’une étude de marché de manière à flatter les oreilles. Ce n’était pas une projection de vœux pieux. Ce n’était pas une construction de l’establishment religieux. Ce n’était pas l’intronisation de thèmes populaires du pluralisme au premier siècle. C’était la proclamation peu conventionnelle d’un Christ crucifié puis ressuscité des morts – pierre d’achoppement pour les légalistes religieux et absurdité pour ceux rejetant toute autorité religieuse.

Comme il l’a écrit une fois aux Corinthiens : « Dieu n’a-t-il pas changé en folie la sagesse du monde [en exerçant sa souveraineté et choisissant] de sauver ceux qui croient, par un message qui paraît annoncer une folie ? » [cf. 1 Cor 1:20f] Paul a reconnu que « la prédication de la mort du Christ sur une croix est une folie aux yeux de ceux qui s’identifient aux valeurs de ce monde qui se perde ». [1 Cor 1:18] Il s’est rendu compte que sa prédication d’un Christ mis en croix a été « scandale pour les Juifs et absurdité pour les Grecs, mais pour tous ceux que Dieu a appelés, qu’il soient Juifs ou Grecs, ce Christ que nous prêchons [manifestait] la puissance et la sagesse de Dieu ». [1 Cor 1:21ff] Il savait bien que cette « ‘folie’ de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes, cette ‘faiblesse’ de Dieu est plus forte que la force des hommes ». [1 Cor 1:25] Il a même appelé les disciples véritables, « ‘fous’ à cause du Christ ». Il est ironique, bien sûr – être « ‘fou’ à cause du Christ » n’est pas du tout fou !

Comment devrions-nous comprendre qui nous sommes ? Est-ce qu’Evangelicals Concerned identifie comme étant un groupe de chrétiens évangéliques qui sont homos, ou comme étant un groupe d’homos qui ont été élevés dans le christianisme évangélique ? Nos réunions, intervenants, publications, ressources et sites Web, ne font-ils que refléter les priorités du mouvement LGBT, ou proclament-ils la folie de l’Evangile : que Dieu était en Christ réconciliant le monde avec lui-même ? C’est un thème qui est impopulaire auprès des homos sécularistes et auprès des Evangéliques. Ainsi donc, les homos chrétiens sont impopulaires auprès des deux groupes.

Henri Nouwen prévient que « la base de la communauté chrétienne n’est ni les liens familiaux, ni l’égalité sociale ou économique, ni l’oppression partagée, ni l’attirance réciproque ». Comme l’a dit Bonhoeffer : « Nous nous avons l’un l’autre par le Christ seul, mais par Lui nous nous avons en effet l’un l’autre complètement et pour l’éternité ». Nous ne nous choisissons pas l’un l’autre. Nous ne choisissons même pas Dieu. Mais Dieu nous a choisis tous en Christ avant la fondation du monde.

Pendant ces instants rares lorsque nous pouvons entrapercevoir qui est Celui qui nous aime tous tellement – le Dieu de tous les univers, le Créateur du temps et de l’espace, notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ – nous savons alors sans aucun doute que « nos mains tremblantes ne t’offrent rien ; ta croix sanglante est notre seul bien ». [Toplady] Nous ne pouvons rien faire que plaider une folie ou une autre. Nous pouvons plaider la folie fatale d’identité ecclésiastique, d’identité politique, d’identité idéologique, d’identité raciale, d’identité culturelle et d’identité LGBT, ou nous pouvons plaider la « folie » émancipatrice d’un Christ crucifié, la Sagesse et la Puissance de Dieu, et Lui par qui toutes autres identités sont amenées à la soumission et sanctifiées.

©1999 Dr. Ralph Blair. Tous droits réservés
(Traduction : F.W.)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

bonsoir je suis un pasteur camerounais et je vie o cameroun et vraiment j appreci ce ke tu dit dan ton blog et g pense ke les gay sont des etre special doter de boucoup de gras car moi oci je suis gay et le sgr m' utilise puissament pour son oeuvre